« Nous voulons expliquer ce qu'est l'industrie de l'avenir, qui innove, qui s'améliore depuis 40 ans… Nous ne voulons pas l'emploi ou la santé, mais l'emploi et la santé », a indiqué Thierry Zarka, en ouverture du débat tenu à Rognac le 3 octobre. A la tête de la section Etang de Berre de l'Union pour les entreprises des Bouches-du-Rhône (UPE 13), il souhaite « une concertation pour un dialogue apaisé afin que cesse le bashing permanent. Elus, services de l'Etat, associations, industriels et scientifiques pourront ensemble définir un cahier des charges sur la base d'éléments vérifiés et validés. La qualité de l'air n'a jamais été aussi bonne que ces 20 dernières années ! ».
Thierry Zarka s'avoue convaincu de la nécessité d'établir de nouveaux équilibres au moment où le territoire offre 83 hectares de foncier disponible à Fos, Berre, Lavera et La Mède pour de nouvelles implantations, à travers l'appel à manifestation d'intérêt Provence Industry'Nov. Des filières novatrices émergent dans les bioindustries, la transition énergétique, l'écologie industrielle, susceptibles de s'ancrer durablement dans le département. « Nous vivons autour de l'étang de Berre, nous voulons continuer à y vivre bien et longtemps, a rappelé Jean-Michel Diaz, administrateur du GMIF, groupement d'industriels du bassin. Pour réindustrialiser, le secret du changement est de construire le futur, pas de lutter contre le passé. » D'autant que les efforts accomplis pour mieux préserver les populations et l'environnement n'ont pas été vains.
Améliorations notables
« Depuis 1990, ils ont permis une évolution positive de plusieurs indicateurs de pollution atmosphérique, comme le monoxyde de carbone, le dioxyde de soufre, le dioxyde d'azote ou les PM10 [particules en suspension, NDLR], a indiqué Boualem Mesbah, ingénieur responsable QSE d'AtmoSud (ex-Air Paca). Mais il reste des marges de progrès sur l'ozone, sur des zones urbanisées à proximité des axes routiers ou sous les vents des industriels et sur les transports. » Sous-Préfet d'Istres, Jean-Marc Sénateur s'est employé à démontrer que le pourtour de l'étang de Berre avait été souvent pionnier en France dans le suivi des problématiques environnementales, avec Air Paca ou le SPPPI (Secrétariat permanent pour la prévention des pollutions industrielles) qui coordonne la concertation entre toutes les parties. « Nous sommes aujourd'hui au début d'un processus de discours de réalité. Les sources de pollution varient en fonction des territoires, des activités… Il faut user de pédagogie et de rationalité. L'action de l'Etat repose sur un triptyque : équilibres économiques, préservation de l'environnement et protection des populations. »
Pistes prometteuses
Le débat a exposé des solutions combinant ces trois ambitions. Marc-Antoine Authier (Institut Montaigne) a expliqué les enjeux de l'économie circulaire qui transforme un déchet en ressource.
« Un tel modèle crée de la valeur en préservant le capital naturel et en limitant les ressources non-renouvelables. Cela implique un changement d'approche, de mentalités, pas une révolution », dit-il.
« L'économie circulaire est accessible à tout le monde et génère de nouveaux business. Et environnementalement parlant, c'est à effet immédiat ! », a renchéri Thierry Zarka. Impliquée dans le projet Vasco2 (valorisation biochimique du CO2 par microalgues réutilisables), Coldep apporte un exemple concret au traitement de la pollution industrielle à Fos, aux côtés du Grand port maritime de Marseille, du Commissariat à l'énergie atomique et aux énergies alternatives et de nombreux industriels. Spur et Innovaplast s'investissent dans un projet de R&D visant à concevoir des contenants à partir de plastiques 100% recyclés. « Nous avons ici une multitude de filières. Nous pouvons donc faire de l'économie circulaire partout », a conclu Johan Bencivenga, président de l'UPE 13.