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A Marseille, la prière du pape pour les migrants

A Marseille, le pape François a dénoncé vendredi le sort des migrants en Méditerranée, fustigeant "l'indifférence" et la "peur". Il est attendu ce samedi au Vélodrome.
Le pape François accueilli à Notre-Dame de la Garde par Benoît Payan.
ANDREAS SOLARO AFP - Le pape François accueilli à Notre-Dame de la Garde par Benoît Payan.

Economie Publié le ,

Depuis les hauteurs de Notre-Dame de la Garde, qui domine le port de Marseille, le pape François a une nouvelle fois dénoncé le sort des migrants en Méditerranée. Lors de ce déplacement historique, débuté vendredi 22 septembre qui se poursuit ce samedi avec une messe papale au Vélodrome, le souverain pontife a dénoncé "l'indifférence" et la "peur", dans un contexte d'hostilité croissante envers les candidats à l'exil et dans une Europe tentée par le repli.

La prière du pape à Notre-Dame de la Garde

Arrivé par le Vieux-Port à bord de sa modeste Fiat 500 blanche, le pape François a tout d'abord participé à une prière avec le clergé dans cette basilique symbole d'une ville portuaire à la population façonnée par des siècles de migrations.

Le pape François s'est ensuite recueilli avec des représentants d'autres cultes, chrétiens, musulmans et juifs notamment, devant le mémorial aux marins et migrants disparus en mer. Sur une esplanade de la basilique, il a martelé une nouvelle fois son message de secours et d'accueil.

"Nous ne pouvons plus assister aux tragédies des naufrages provoqués par des trafics odieux et le fanatisme de l'indifférence (...) Les personnes qui risquent de se noyer, lorsqu'elles sont abandonnées sur les flots, doivent être secourues. C'est un devoir d'humanité, c'est un devoir de civilisation" a lancé le pape François.

"Croyants, nous devons (...) être exemplaires dans l'accueil mutuel et fraternel", a plaidé François, dénonçant une nouvelle fois l'"immense cimetière" qu'est devenue la Méditerranée, où "est ensevelie la dignité humaine".

"Devant un tel drame, les mots ne servent à rien, mais des actes", a insisté le pape, fustigeant "la paralysie de la peur" et remerciant les ONG qui portent secours aux migrants en mer, tout en dénonçant ceux qui les empêchent de travailler "parce qu'il manque quelque chose à bord, ceci ou cela... ce sont des gestes de haine sous couvert de neutralité".

La réaction de SOS Méditerranée

"On espérait des paroles fortes, mais ça va au-delà de ce qu'on pouvait espérer", a réagi auprès de l'AFP François Thomas, président de l'ONG SOS Méditerranée qui affrète un navire de secours pour les migrants. Junior, jeune Ivoirien arrivé à Marseille à 16 ans, a lu un extrait des Actes des apôtres sur le naufrage de l'apôtre Paul sur l'île de Malte.

Le voyage du pape à Marseille intervient alors qu'une nouvelle vague d'arrivées sur l'île italienne de Lampedusa a poussé l'Union européenne à adopter un plan d'urgence pour aider Rome à gérer les flux migratoires en provenance d'Afrique du Nord. La France "n'accueillera pas de migrants" venus de Lampedusa, a prévenu mardi son ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin.

La Méditerranée est la route migratoire la plus dangereuse au monde, avec plus de 28.000 disparus en mer depuis 2014, selon l'Organisation internationale pour les migrations.

Une visite du pape politique et polémique

Parmi les fidèles venus voir le pape à la "Bonne Mère", Véronique Dembele, 47 ans, arrivée en France du Mali il y a cinq ans, a dit à l'AFP sa "joie immense". "C'est incroyable mais vrai", a témoigné cette femme qui dispose désormais d'un titre de séjour. Et elle ne trouve pas "que cette visite soit politique" : le pape "vient pour soutenir les migrants mais aussi pour remercier l'Etat de ce qu'il fait pour les migrants. Et il dit a l'Etat d’en faire encore plus".

Pour Benoît Payan, maire de Marseille la visite du pape est un symbole "puissant" et "fort", comme il l'explique dans cet article. Ce dernier était à l'aéroport afin d'accueillir le pape, avec Renaud Muselier, président de la Région, Martine Vassal, président de la métropole et du département ou encore Sabrina Agresti-Roubache, la ministre marseillaise.

En France, pays régi par le principe de laïcité, la visite de Jorge Bergoglio a aussi été critiquée, certains à droite déplorant une "ingérence" politique sur le dossier des migrants, des élus de gauche accusant le président Emmanuel Macron de "piétiner" la neutralité religieuse en assistant à la messe au Vélodrome.

Cette visite a déclenché un fort engouement en France, malgré le déclin du catholicisme dans le pays, accéléré par la crise des violences sexuelles dans l'Eglise.

60.000 personnes pour la messe papale au Vélodrome

Quelque 60.000 personnes sont ainsi attendues ce samedi pour la messe que le pape doit célébrer au stade Vélodrome, précédée d'une déambulation en papamobile le long du Prado, grande avenue désormais pavoisée aux couleurs jaune et blanche du Vatican, à laquelle 100.000 autres personnes sont attendues.

Environ 6.000 membres des forces de l'ordre sont mobilisés pour sécuriser la visite, un "dispositif hors norme", selon la préfète de police des Bouches-du-Rhône. Elles sont positionnées, en partie depuis vendredi soir. Ce samedi matin, une partie de la ville de Marseille, se réveille sans voiture, sans bruit et avec de nombreuses forces de police.

Près de 500 ans après la dernière visite papale à Marseille, ce déplacement est le premier d'un pape en France depuis Benoît XVI en 2008. François s'était brièvement rendu en 2014 à Strasbourg, mais c'était au Parlement européen. Il s'agit du 44e voyage à l'étranger du pape qui se déplace désormais en fauteuil roulant et a reconnu début septembre que voyager ne lui était "plus aussi facile qu'au début".

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