Le policierde la BAC de Marseille restera en détention provisoire. Sans grande surprise, la chambre de l'instruction de la cour d'appel d'Aix-en-Provence en a décidé ainsi, ce 3 août. Elle a suivi les réquisitions de l'avocat général prises ce matin. L'information a été donnée un peu après 16 h 30 et recueillie par les nombreux journalistes présents au sein de la cour d'appel d'Aix-en-Provence. Le quartier, autour du palais de justice d'Aix-en-Provence, avait été sécurisé pour l'occasion, donnant l'impression d'un grand procès médiatique.
Ce fonctionnaire de police de Marseille est soupçonné d'avoir tiré au flash-ball sur le jeune Hedi, dans le nuit du 1er au 2 juillet, à l'occasion des émeutes urbaines.
Placement en détention du policier jusqu'au 30 août
Le recours déposé par Me Pierre Gassend, l'avocat du policier a donc été rejeté. La chambre de l'instruction a considéré que le risque de "concertation frauduleuse" entre les policiers était trop élevé. Ce dernier restera donc en détention provisoire, au moins jusqu'au 30 août, date de son interrogatoire.
Dans une motivation sévère, le président de la chambre de l'instruction de la cour d'appel d'Aix-en-Provence a estimé que malgré ses aveux partiels jeudi quand ce policier a reconnu un tir de LBD, sa "dénégation fallacieuse" initiale a jeté "le discrédit sur l'ensemble de ses propos". En effet, selon l'avocat général, les déclarations du policier, qui a avoué avoir tiré au flash-ball, donnent "une perspective" à l'enquête.
L'un des collègues du policier, qui avait fait appel, reste sous contrôle judiciaire, mais avec des conditions assouplies. Il pourra à nouveau exercer son métier, mais pas sur la voie-publique.
La réaction de l'avocat d'Hedi
L'avocat du jeune Hedi s'est déclaré "satisfait" que la cour d'appel d'Aix-en-Provence ait décidé du maintien en détention provisoire du policier auteur du tir de LBD, estimant que "la justice passe". "Je suis satisfait parce que ça permettra un meilleur déroulé de l'information", a déclaré Jacques-Antoine Preziosi après l'annonce du délibéré, précisant que "la police doit assumer cette incarcération qui va dans le sens de la justice".
Une décision qui va relancer la grogne des policiers
Cette décision, très attendue par les policiers et leurs syndicats risque derelancer le mouvement de grogne qui traverse la police nationale. Le syndicat Alliance Police a d'ailleurs déclaré que cette décision de justice était "incompréhensible". Depuis le placement en détention provisoire de ce policier marseillais qui affiche quatorze années de service, les fonctionnaires de police affichent leur ras-le-bol. Ils ont été soutenus par Frédéric Vaux, leur directeur national. Cette prise de position, qui n'a pas été remise en question par le ministre Gérald Darmanin, a suscité de nombreuses réactions politiques et une levée de boucliers des acteurs de la justice. Ces derniers dénoncent une attaque de l'indépendance de la justice en France par les policiers.
Quatre policiers mis en examen
Dans cette affaire, quatre policiers marseillais sont mis en examen pour "violences volontaires ayant entrainé une ITT (incapacité totale de travail) supérieure à 8 jours, aggravées par trois circonstances en ce qu’elles ont été commises en réunion, avec usage ou menace d'une arme et par personne dépositaire de l'autorité publique dans l'exercice de ses fonctions". L'un est en détention provisoire depuis deux semaines et les trois autres ont été placés sous contrôle judiciaire avec "interdiction d'entrer en contact avec les coauteurs, la victime et les autres protagonistes et interdiction d'exercer l'activité professionnelle de fonctionnaire de police".