La suppression de six lignes aériennes par Air France, au départ et à l’arrivée de l’aéroport d’Orly et leur remplacement par des vols Transavia, suscite des réactions chez les élus concernés. En métropole, les aéroports de Toulouse, Marseille et Nice sont visés. Vers l'Outremer, Pointe-à-Pitre, Fort-de-France et Saint-Denis de La Réunion seront aussi touchés.
Réactions de députés à Nice et Marseille
Le député des Alpes-Maritimes et président des Républicains Eric Ciotti a dénoncé une décision prise « sans aucune concertation », « honteuse et scandaleuse », qui « méprise les territoires ». «Je m'y opposerai de toutes mes forces. Je viens de saisir la Première ministre », a-t-il annoncé.
Lionel Royer-Perreaut, le député des Bouches-du-Rhône, « saisi ce jour le ministre des Transports Clément Beaune, qui m’a indiqué son attachement à une desserte de qualité entre Marseille et les aéroports parisiens. Nous allons travailler en ce sens ».
De son côté Martine Vassal, la présidente de la métropole Aix-Marseille Provence a qualifié cette décision inacceptable. Le 17 octobre, elle a écrit sur X : « Cette décision non concertée serait inacceptable. On parle d’une ligne reliant Paris à la 2ème ville de France, 2ème Métropole, capitale de la Méditerranée. »
De leurs côté, les Chambres consulaires d’Aix-Marseille Provence et Nice-Côte d’Azur, sollicitées par les Nouvelles Publications ont réagi. Elles s'étonnent de cette décision et demandent que les lignes laissées vacantes soient réattribuées au plus vire.
@AirFranceFR annonce la suppression d’ici 2026 de la ligne Paris Orly - Marseille. J’ai saisi ce jour le ministre des Transports @CBeaune, qui m’a indiqué son attachement à une desserte de qualité entre Marseille et les aéroports parisiens. Nous allons travailler en ce sens !
— Lionel Royer-Perreaut (@RoyerPerreaut) October 18, 2023
Communiqué commun de Delga et Muselier
Dans un communiqué commun publié en fin de journée, Carole Delga et Renaud Muselier, présidents des régions Occitanie et Provence-Alpes-Côte d'Azur réagissent. Les deux présidents écrivent : « Le Grand Sud, c’est loin ! Une fois encore, nos deux régions, les plus éloignées de Paris, sont pénalisées dans leurs relations et leurs connexions avec la Capitale, dans l’attente des Lignes à Grande Vitesse (LGV) pour lesquelles nous sommes mobilisés ».
Les deux élus ajoutent : « Dans l’attente d’une desserte ferroviaire nationale complète, des liaisons aériennes assurant un service de qualité restent simplement indispensables. Qu’il s’agisse de qualité de vie pour nos habitants, de développement économique pour nos entreprises ou d’attractivité pour nos deux régions. Cette décision est un nouveau coup dur pour nos territoires. Les expériences passées plaident en ce sens. La bascule des lignes vers Toulon et Montpellier sous la bannière Transavia a entraîné une baisse criante de la qualité de service, multipliant les retards et les annulations ».
Les deux élus rappellent que l'Etat est actionnaire d’Air France. Carole Delga et Renaud Muselier avancent que « l’Etat peut peser dans ce type de décisions prises au seul regard d’intérêts financiers, au détriment d’une vision de l’aménagement du territoire national. Particulièrement quand elles impactent directement plusieurs millions d’habitants. Particulièrement quand elles ne contribuent qu’à entretenir, chez nos concitoyens, un sentiment de déclassement ».
« Dès aujourd’hui, le ministre des Transports, Clément Beaune, s’est engagé auprès de nous à travailler à une desserte efficace pour nos territoires, et nous le remercions pour la qualité du dialogue engagé. » écrivent Carole Delga et Renaud Muselier.
Six lignes d’Air France supprimées
La compagnie aérienne va largement quitter l'aéroport d'Orly en 2026 et regrouper ses opérations à Paris-Charles-de-Gaulle pour laisser le champ libre à sa compagnie « low-cost » Transavia. Six lignes à partir d'Orly seront supprimées, trois vers l'Outremer (Pointe-à-Pitre, Fort-de-France et Saint-Denis de La Réunion) et trois autres en métropole (Toulouse, Marseille et Nice).
Transavia va prendre le relais
« Transavia prendra le relais vers ces trois dernières villes depuis le même aéroport », a précisé Air France dans un communiqué. Air France a donné des gages, ce mercredi, aux collectivités locales, assurant qu'après 2026, « les capacités du groupe entre Paris et Toulouse, Marseille, Nice seraient maintenues à hauteur de 90 % de leur niveau actuel, et à 100 % pour les liaisons entre Paris et les territoires d'Outre-mer ». La compagnie low-cost d’Air France deviendra ainsi « l'opérateur de référence du groupe Air France au départ de l'aéroport de Paris-Orly. Transavia poursuivra sa trajectoire de développement, notamment grâce à la montée en puissance de sa nouvelle flotte composée d'Airbus de la famille A320neo », a détaillé le groupe.
A Marseille-Provence 500 000 passagers par an
A l’aéroport Marseille-Provence, Air France assure « sept vols quotidiens » avec Orly, qui correspondent à « 500 000 passagers par an », comptabilise le service presse de l’aéroport. Il s’agit de vols plutôt le matin et en fin de journée, destinés à une clientèle professionnelle.
« Les allers-retours journée sont de moins en moins courants, et sont renforcés par de nouvelles habitudes des voyageurs d’affaires qui privilégient les rencontres à distances et rentabilisent davantage leurs déplacements en passant plus de temps à destination » note de son côté le service communication de l'aéroport Marseille-Provence.
Les compagnies aériennes traditionnelles dans la tourmente
Air France explique cette décision par une « chute structurelle de la demande » sur ses lignes intérieures. Si la demande de voyages pour loisirs et raisons familiales a explosé depuis la crise sanitaire, bénéficiant aux low-costs dans toute l'Europe, les compagnies traditionnelles ont davantage peiné à retrouver leur fréquentation, en particulier sur les liaisons courtes et les voyages pour raisons professionnelles. « Entre 2019 et 2023, la baisse du trafic sur les liaisons domestiques au départ d'Orly est de 40 %, et même de 60 % pour les allers-retours en journée », a révélé la compagnie, attribuant cette désaffection à « l'effet conjugué des recommandations de sobriété et des politiques RSE [responsabilité sociale et environnementale, NDLR] des entreprises ».
« Le développement de la visioconférence, la réduction des déplacements professionnels » sur le marché intérieur et « le report vers le train (...) conduisent à une chute structurelle de la demande sur le réseau domestique point-à-point d'Air France », a justifié la compagnie, qui avait déjà récemment réduit son nombre de rotations quotidiennes entre Orly et Marseille.
Quel avenir pour les salariés d’Air France ?
Sur le volet social, Air France, qui informait ce mercredi matin les représentants du personnel de ses projets, s'est engagée à ce que cette évolution ne se traduise pas par des départs contraints pour ses quelque 430 employés au sol concernés à Orly, au sud de Paris. « Les forts besoins en ressources à Paris-Charles de Gaulle identifiés à horizon 2026 permettraient de garantir à chacun un emploi équivalent sur le site de Roissy. Toutes les solutions de mobilité sur la plateforme de Paris-Orly seraient préalablement recherchées », selon la compagnie.
Enfin, « s'agissant des salariés basés en province, et compte tenu du redéploiement d'une partie de fréquences aujourd'hui assurées au départ de Paris-Orly vers Paris-Charles de Gaulle, l'impact de cette évolution sur l'emploi sur les escales de Toulouse, Marseille et Nice est limité et serait géré uniquement sur la base de mobilités ou de départs volontaires ».
La navette d'Air France, un symbole pour Toulouse
La fermeture par Air France de sa ligne Orly-Toulouse est un symbole. C’est en 1996 qu'Air France a lancé la navette Toulouse-Paris. A l’époque pas de TGV entre la Ville rose et la capitale. Elle correspond à une demande forte. Ses fréquences se multiplient, jusqu'à monter à 26 vols par jour en 2019. C’est alors la ligne opérée par Air France qui compte le plus de fréquences chaque jour en France métropolitaine.