AccueilEconomieAix en Provence : la Ville va créer un centre d’art photographique Ely

Aix en Provence : la Ville va créer un centre d’art photographique Ely

La Ville va acquérir le fonds de la famille Ely. Une somme de 2 millions de photos constituée par quatre générations de cette famille de photographes. Ces clichés devraient avoir pour écrin un centre d’art photographique.
Jean-Eric Ely, Sophie Joissains et Bruno Ely.
(Crédit : DR) - Jean-Eric Ely, Sophie Joissains et Bruno Ely.

Economie Publié le ,

Winston Churchill peignant sur le motif comme Cézanne au pont des Trois Sautets ; le général de Gaulle descendant la rue des Cordeliers dans une décapotable ; Picasso dans son château de Vauvenargues ; Ella Fitzgerald en concert devant une place des Cardeurs bondée ; Charles Trenet prenant la pose en maillot moulant devant la piscine de son domaine des Esprits ; Jean-Paul Belmondo et François Truffaut en pleine discussion sur le cours Mirabeau lors du tournage aixois de la Sirène du Mississipi mais aussi la foule acclamant bras tendus le maréchal Pétain place de la Rotonde ; les cadavres des résistants assassinés par la Wehrmacht en déroute ; l’image de l’avant dernière exécution en place publique d’un condamné à mort devant la prison...

Un symbole du passage Agard

Témoins précieux des moments lumineux et ténébreux de la grande histoire d’Aix-en-Provence, ces clichés noir et blanc ont été immortalisés sur des pellicules argentiques par Hugo, Jean et Jean-Eric Ely. Trois générations de photographes qui ont suivi les pas d’Henry, le père d’Hugo qui installa son studio et son "salon de pose" en 1903 au beau milieu du passage Agard, venelle qui relie la place du palais de justice au cours Mirabeau. Durant plus d’un siècle, au fil de l’évolution de la technique de prise de vue, les Ely de père en fils ont capté le quotidien de la ville de Cézanne et Zola.

Ces instants de vie où la grande histoire côtoie l’ordinaire, tel ce sans abri couché sur le trottoir à côté d’une limousine de luxe. Ce cliché pris par Jean-Eric, l’arrière petit fils d’Henry, témoigne du talent de ces témoins discrets qui savent comme personne graver sur pellicules l’imprévu et les replis de l’existence au coin de la rue.

Quatrième génération en action, Jean-Eric perpétue aujourd’hui la saga familiale avec un Nikon numérique. Alors qu’avec son frère Bruno, conservateur du musée Granet, aucun n’a d’héritier prêt à prendre la relève derrière l’objectif, le fonds extraordinaire de photographies qu’ils ont constitué en plus de 130 ans était menacé. Après le rachat des murs du studio "Photo Henry Ely" au numéro 7 du passage Agard par une foncière peu portée sur l’histoire, les deux millions de clichés cherchaient un nouveau lieu de stockage.

La Ville à fond sur le fonds

Avec l’aide de l’association Ceppia, présidée par notre confrère Jean-Michel Marcoul, Jean-Eric et Bruno ont obtenu le soutien de la ville d’Aix. Une aide salvatrice dont le premier jalon a été dévoilé lors d’un point presse par les deux héritiers d’Henry et Sophie Joissains ce 26 septembre à l’Hôtel de ville. En attendant de dégoter un lieu pérenne et adapté à la préservation des pellicules, « le fonds Ely sera accueilli dans les archives municipales Michel Vovelle, au cœur du quartier Sextius-Mirabeau », a annoncé la maire d’Aix.

Ce transfert sera gravé dans le marbre d’une délibération lors du prochain Conseil municipal du 6 octobre. « Il s’agit d’accompagner l’association pour la préservation de ce patrimoine en offrant les conditions optimales de conservation. Le bâtiment Vovelle (ndlr. ancienne annexe des archives départementales) détient toutes les qualités hygrométriques et techniques », a précisé l’édile.

Dans un deuxième temps, la Ville va prolonger son soutien en se portant acquéreur du fonds : deux millions d’images fixes qui mêlent grande et petite histoire(s). Un trésor patrimonial que l’édile a souhaité préserver de l’oubli. « Ce fonds doit appartenir à tous les Aixois. La Ville qui détient une compétence forte en matière patrimoniale et archivistique se portera donc candidate pour acquérir ce fonds et ainsi, non seulement éviter toute dispersion mais également garantir sa valorisation. Une expertise est en cours et dès qu’elle sera finalisée, cette seconde étape pourra se mettre en œuvre », a précisé Sophie Joissains. Le montant de la facture devrait dépasser le million d’euros.

Un centre d’art photographique dans le centre historique

A terme, le projet devrait se parachever avec la création d’une vitrine : un "Centre d’art photographique Ely" où seraient proposées une exposition permanente montrant Aix au fil des trois derniers siècles et des expos temporaires touchant un plus large public. « On cherche un lieu au cœur du centre historique », a indiqué l’élue.

Jean-Eric Ely pour sa part « rêve d’un lieu qui soit plus qu’un simple musée, un espace ouvert sur la jeunesse qui permette de rendre ces archives vivantes ». Son frère Bruno parle quant à lui d’en faire « un lieu de monstration, d’études et de recherche ». « Un centre qui mettrait en valeur quelques uns des plus beaux clichés de ce fonds qui n’a quasiment aucun équivalent dans l’Hexagone ». Plusieurs sites sont à l’étude.

Le choix de l’écrin sera dévoilé au début de l’année 2024 a annoncé Sophie Joissains. Une décision qui coïncidera avec le 80e anniversaire de la Libération d’Aix. Un moment historique qu’Hugo avait évidemment immortalisé avec son Leica...

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