Ce jeudi 6 juillet, Yaël Braun-Pivet, présidente de l’Assemblée nationale et quatrième personnage de l’Etat, a assisté à la rentrée solennelle du barreau d’Aix-en-Provence, accueillie par Me Benoît Porteu de la Morandière, bâtonnier du barreau d’Aix-en-Provence, et Bruno Cassette, sous-préfet d’Aix-en-Provence. Devant un parterre bien rempli d’acteurs de la justice, magistrats et, bien sûr, avocats, la présidente de l’Assemblée nationale était dans son élément. Et pour cause, cette avocate pénaliste de formation et titulaire d’un master en droit des affaires a exercé durant plusieurs années.
Elle n’a d’ailleurs pas manqué de rendre un hommage appuyé à l’avocat pénaliste Hervé Temime, décédé au printemps : « Il a été mon premier patron. C’est lui qui m’a tout appris. Il m’a fait une confiance absolue lorsque j’étais jeune avocate et a passé sa vie à défendre notre profession, nos valeurs et, surtout, à transmettre. Ce qui est fondamental lorsqu’on exerce des responsabilités, quelles qu’elles soient. »
Bâtir une justice qui suscite l’adhésion et la confiance
Abordant l’actualité, elle a évoqué « les questions judiciaires qui ont particulièrement occupé le Parlement, ces dernières semaines, et continuent de le faire puisque deux textes structurants, tirant les conséquences des Etats généraux de la justice, ont été adoptés par le Sénat et sont actuellement en discussion à l’Assemblée nationale ».
« Pour jouer pleinement son rôle et mieux lutter contre la récidive, notre justice de demain doit pouvoir diversifier les modes de prises en charge des détenus et assurer leur dignité », a insisté Yaël Braun-Pivet, présidente de l’Assemblée nationale. (Crédit : M.D.)
Membre du comité des garants, elle a témoigné de la concertation qui a réuni toutes les professions du droit afin de répondre aux attentes des praticiens et des concitoyens : « Ce travail de réflexion, nous devons le poursuivre pour continuer à nous intéresser à la justice que nous voulons bâtir ensemble, en nous fixant des objectifs clairs. Une justice plus humaine, plus proche des attentes des Français et aussi plus agile. Nous devons bâtir une justice qui suscite l’adhésion et la fierté, dans laquelle chacun puisse se reconnaître et avoir confiance. Ce dernier point est crucial : la confiance des Français dans leur justice implique que les décisions soient comprises de nos concitoyens, mais aussi qu’elles soient rendues plus rapidement. Nous y travaillons ».
Elle a également annoncé que l’un des deux textes en discussion prévoit une hausse majeure et inédite, des moyens alloués à la justice : « Une trajectoire pluriannuelle, de 11 milliards d’euros d’ici à 2027, qui s’inscrit dans la continuité des efforts engagés au cours du précédent quinquennat et qui permettra de renforcer les effectifs avec le recrutement de 10 000 fonctionnaires. Cela ne pourra que profiter à l’ensemble des acteurs de la justice, et d’abord aux justiciables dont l’intérêt doit rester notre principale boussole ».
« Une détention digne est le premier pas vers une bonne réinsertion »
« Pour jouer pleinement son rôle et mieux lutter contre la récidive, notre justice de demain doit pouvoir diversifier les modes de prises en charge des détenus et assurer leur dignité », a insisté Yaël Braun-Pivet, ajoutant qu’une détention digne est le premier pas vers une bonne réinsertion, et donc une société apaisée et que les structures d’accompagnement vers la sortie (SAS), sont une avancée majeure et concrète.
« A taille humaine, intégrées dans la ville, elles sont un outil d’autonomisation et de responsabilisation des détenus en fin de peine. Ils y bénéficient de l’aide des différents services sociaux, comme l’Assurance maladie, la CAF, Pôle emploi, qui travaillent en étroite collaboration avec le personnel pénitentiaire, dans le cadre d’un plan d’accompagnement déterminé par le service pénitentiaire d’insertion et de probation. Les SAS répondent à un objectif clair et indispensable : créer une voie de passage entre la vie carcérale et la vie civile. »
Aujourd’hui, le plan "15 000 places" prévoit la création de 14 nouvelles SAS. Deux SAS ont été inaugurées fin 2022, à Caen et Montpellier, et sept seront ouvertes d’ici la fin 2023, à Valence, Avignon, Meaux, Osny, Le Mans-Coulaines, Noisy-le-Grand et Toulon. Ce qui portera le nombre total de places à 2 300. Actuellement, le taux d’occupation de ces structures est de plus de 90 %.
Avocat/parlementaire, un acte de volonté quotidien
Si elle ne portait pas la robe lors de cette rentrée, Yaël Braun-Pivet a mis l’accent sur le quotidien de l’avocat : « Défendre le faible contre le fort, la victime contre l’oppression et, par la magie du verbe et la rigueur du raisonnement, c’est l’art de l’avocat aussi bien que l’honneur du parlementaire. Pour moi, formée à l’école Hervé Temime, ces analogies entre le prétoire et l’hémicycle me sautent aux yeux à chaque séance. Oui, être avocat est un acte de volonté quotidien. C’est un métier fait d’attentes, de courses, d’inquiétudes, de fulgurance, d’espérances déchues, de moments de joie qui restent gravés à vie. C’est un métier de combat, d’exigence, mais surtout un métier profondément humain. Notre serment nous fait l’obligation d’exercer nos fonctions avec dignité, conscience, indépendance, probité et humanité. Ce sont ces valeurs, et tout spécialement cette humanité, qui sont à la source de mon engagement politique ».
Elle n’a pas manqué de pointer la féminisation de la société française, en s’appuyant sur le barreau d’Aix-en-Provence qui, pour la cinquième fois de son histoire, a élu une bâtonnière, Me Monika Mahy-Ma-Somga qui succédera à Me Benoît Porteu de la Morandière, le 1er janvier 2024.