Les Nouvelles Publications : Nommée présidente de la région Sud des FCE, quelle est votre nouvelle mission ?
Anne Jégat : C’est d’appliquer en région Sud la ligne directive des FCE au niveau national. C’est-à-dire de soutenir le développement des entreprises dirigées par des femmes. Une action qui se décline en trois axes : la participation dans les institutions via les mandats ; la prise de parole et le lobbying en disant ce que nous voulons pour le développement de nos entreprises ; et le soutien aux associations qui promeuvent l’entrepreneuriat féminin, à savoir Initiative France, avec qui nous avons un partenariat national, ou encore des associations telles que 60 000 rebonds, 100 000 entrepreneurs et d’autres axées sur la défense de l’entrepreneuriat féminin.
Quel soutien apportez-vous à la création et à la reprise d’entreprises ?
Lors de notre congrès national qui se déroulera à Paris le 23 septembre prochain, nous allons aborder la "reprise dans tous ses états". L’objectif est de débattre sur la manière d’accompagner cette future problématique de la reprise d’entreprise avec le départ à la retraite d’un certain nombre de chefs d’entreprises. Sans oublier l’abandon de celles et ceux qui ne sont plus vraiment motivés. Aujourd’hui, on a beaucoup de créations d’entreprise, mais peu de reprises. Dans notre région, une de mes priorités est de pousser la garantie BPI qui est généralement de sept ans. Et sept ans, c’est trop court car rembourser un emprunt ne laisse pas la possibilité à la fois de vivre de son activité et de développer son entreprise. Et lorsqu’on reprend une entreprise, il est impératif de la développer.
C’est une démarche que vous connaissez bien...
J’ai repris trois entreprises et j’en connais les difficultés. Il est indispensable de donner des signaux positifs aux salariés repris, aux clients et aux fournisseurs. Reprendre une entreprise et la faire vivoter ne mène à rien. Autant créer. Le plus souvent, lors d’une primo reprise ne permettant pas de s’adosser à une précédente réussite pour garantir les investissements, les chefs d’entreprises laissent leur rémunération dans leur société afin de financer sa croissance. C’est extrêmement difficile de convaincre les femmes qui, globalement par rapport aux hommes, ont tendance à vouloir sécuriser l’aspect personnel. Tout ceci explique la faible attractivité de la reprise d’entreprise.
Quelle serait la solution ?
Proposer que la garantie BPI passe de sept à douze ans. Nous avons expérimenté que, avec la covid, l’année de décalage et les deux ans de prêts garantis par l’État (PGE), les résultats sont bien meilleurs. Douze ans, ça permettrait de donner de la respiration au besoin en fonds de roulement (BFR) de l’entreprise et donc de financer un peu plus de développement. Mon souhait est de travailler sur la durée de cette garantie BPI, qui est extraordinaire car elle rassure les organismes de crédit, et de l’élargir de façon standard car, actuellement, pour obtenir un délai un peu plus long, il faut nécessairement négocier. Bien sûr, cette démarche profiterait autant aux femmes qu’aux hommes chefs d’entreprises !