“Au quotidien, au sein du tribunal de commerce nous recevons des entreprises en difficulté. Et comme personne n’a jamais serré la main d’une personne morale, c’est à son chef d’entreprise que l’on fait face. Un homme ou une femme potentiellement en souffrance qu’il convient de traiter avec des outils différents de ceux utilisés pour redresser une entreprise”, explique Marc Binnié, président et fondateur d’Apesa (Aide psychologique pour les entrepreneurs en souffrance aiguë) et greffier associé au tribunal de commerce de Saintes. Depuis 2013, un outil existe avec une vocation claire : empêcher le suicide d’un chef d'entreprise. “Nous jouons un rôle d’extincteur”, illustre Marc Binnié.
95 juridictions
Dix ans plus tard, 95 juridictions ont rejoint le dispositif Apesa. La dernière signature de partenariat en date s’est déroulée le 25 septembre avec le tribunal de commerce de Marseille. Suivie dans la foulée par la formation de 5 juges. “Pour le moment nous ciblons les personnes qui sont en contact avec les représentants d’entreprise en difficulté avérée, précise Jean-Marc Latreille, président du tribunal de commerce de Marseille, c’est-à-dire les dossiers de procédures collectives, pas de prévention”.
Les greffiers sont concernés tout comme les juges, puis les mandataires judiciaires et les administrateurs judiciaires. Les personnes volontaires (appelées sentinelles) sont formées pendant trois heures à la détection des entrepreneurs en souffrance. Un travail de taille réalisé par des psychologues envoyées par Apesa. “Il s’agit de repérer un possible passage à l’acte en étant formé à la crise suicidaire”, explique l’une d’elles. Si bien que, “lorsqu’une personne formée repère un chef d’entreprise en difficulté, il sait lui parler et surtout, il crée une fiche alerte auprès d’Apesa pour passer le relais”, résume Marc Binnié.
A noter que le dispositif Apesa va venir en complément des actions de 60 000 rebonds, association dont le tribunal de commerce de Marseille est membre, depuis 2021. “Dans ce cas, il s’agit d’apporter une solution aux chefs d’entreprise en liquidation judiciaire pour rebondir vers un nouveau projet professionnel. Ça ne couvrait donc pas la totalité du spectre, c’est désormais chose faite avec le partenariat Apesa”, conclut Jean-Marc Latreille.
Quelques données et statistiques concernant Apesa Provence :
Depuis 2016, des conventions ont déjà été signées avec le tribunal de commerce d’Aix-en-Provence, Salon de Provence et Tarascon.
Président : Bertrand Bigay (co-fondateur de P. Factory)
75 sentinelles ont d’ores et déjà été formées.
En 2022, 81 fiches alertes ont été ouvertes.
En 2023 : 79 fiches alertes ouvertes au 25 septembre (+58 % à date).
Age moyen des personnes prises en charge : 49 ans (60 % d’hommes et 40 % de femmes)