« Un jour très positif pour ArcelorMittal à Fos-sur-Mer et Dunkerque et pour l’industrie en général, après des décennies de destructions d’emplois industriels en France, devenues problématiques pour la souveraineté. Cette aide relève d’une politique publique volontariste. Il faudra maintenant que l’Union Européenne la valide. » Le directeur d’ArcelorMittal Méditerranée, Bruno Ribo, avait laissé entendre avant l’été, lors d’une réunion à Fos-sur-Mer, que l’engagement dans la décarbonation de la production d’acier dépendrait aussi de l’appui qu’apporteraient les pouvoirs publics français et européens, afin de ne pas engendrer, par rapport aux efforts demandés, de distorsions de concurrence avec des sidérurgistes étrangers.
ArcelorMittal veut décarboner ses aciers à Fos-sur-Mer
Ce 4 février, le gouvernement a entendu la demande du groupe. En visite à Dunkerque, le Premier ministre Jean Castex a annoncé officiellement que l’Etat soutiendrait le programme de décarbonation d’ArcelorMittal qui représente un investissement d’1,7 milliard d’euros entre Dunkerque et Fos d’ici à 2030. L’objectif consiste à réduire de 35 % ses émissions de CO2 en France. Ce seront 7,8 millions de tonnes rejetées en moins dans l’atmosphère.
Pour Fos-sur-Mer, le projet consiste à installer un four à arc électrique, en complément du four de réchauffage de l’acier liquide dit « four poche », chantier engagé en 2021 qui devrait être achevé fin 2023. Bruno Le Maire, le ministre de l’Economie, était venu en mars 2021 confirmer également l’appui financier de l’Etat à cette première réalisation dans le cadre du plan France Relance.
Un chantier très particulier
A partir de 2027, date prévue pour la mise en service du four électrique, le dispositif doit permettre de remplacer à terme l’un des deux hauts-fourneaux actuels de l’unité. « Il y aura un temps où l’ancien et le nouveau cycle de production coexisteront. Il n’est pas envisageable d’arrêter l’unité. Des équipes dédiées seront détachées sur la construction de la nouvelle installation, il y aura également des créations d’emplois liées à ces équipements. Ce projet nécessitera des formations spécifiques à ces nouvelles technologies », poursuit le directeur qui ne détaille pas le nombre d’emplois envisagés, ni le montant des investissements strictement rattachés à Fos.
ArcelorMittal se prépare à de grands chantiers
ArcelorMittal vise une neutralité carbone mondiale à l’horizon 2050. L’annonce de l’aide de l’Etat est néanmoins soumise à l’accord de l’Union Européenne, espéré pour le deuxième trimestre 2022, et à la disponibilité d’infrastructures de fourniture d’énergie « économiquement viables » souligne le groupe. Pour Bruno Ribo, ces projets ne constituent en effet qu’une « phase 1 » de la transformation du site. « Nous avons commencé à travailler sur la phase 2 qui nous amènera, après 2030, à la neutralité carbone totale. » Elle consistera à séquestrer et réutiliser le CO2 résiduel et impliquera de futurs investissements.
Disposant d’une capacité de production de 4 millions de tonnes, l’usine de Fos emploie quelque 2 500 personnes et 1 500 sous-traitants.
