AccueilEconomieArcelorMittal Méditerranée pose les jalons d’une production décarbonée à Fos-sur-Mer

ArcelorMittal Méditerranée pose les jalons d’une production décarbonée à Fos-sur-Mer

Deuxième site industriel français en volumes d’émissions de CO2, ArcelorMittal Méditerranée va transformer ses méthodes de fabrication à Fos-sur-Mer en augmentant la part de matière recyclée. Au prix de plusieurs dizaines de millions d’euros…
L’entreprise espagnole Sarralle a la charge de construire le four poche. Des sociétés régionales sont également associées au chantier.
JC-Barla - L’entreprise espagnole Sarralle a la charge de construire le four poche. Des sociétés régionales sont également associées au chantier.

Economie Publié le , Jean-Christophe Barla

Utopique hier, la décarbonation de la zone industrialo-portuaire de Fos-sur-Mer peut-elle devenir une perspective plausible à l’horizon 2050 ? Toutes les solutions techniques pour relever le défi n’existent pas encore, mais les entreprises ont compris que le mouvement est indispensable pour pérenniser leurs activités. Le principal contributeur du territoire aux émissions de CO2, ArcelorMittal Méditerranée, le deuxième en France derrière son homologue de Dunkerque, entend démontrer qu’il agit pour se transformer durablement, avec de lourds investissements à la clé.

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4 millions de tonnes d’acier

Ce 22 février, la direction de l’usine de Fos où sont produites chaque année 4 millions de tonnes d’aciers a présenté le premier projet effectif de sa décarbonation future : le chantier de construction d’un four poche de 50 MW de puissance sur son aciérie qui lui permettra de réduire, dès 2025, de 10 % ses émissions de dioxyde de carbone et de mettre l’unité sur les rails d’une diminution de 35 % à 2030, lorsqu’un four à arc électrique d’une puissance installée de 300 MW viendra s’y ajouter. Enjeu de ces deux installations : pouvoir accroître la part d’utilisation d’acier recyclé dans la production globale de l’usine au lieu de faire appel, en amont de la chaîne de fabrication, à du charbon pour préparer le minerai de fer. En 2025, grâce à ce four poche composé de 500 tonnes d’acier, cette part d’acier recyclé pourra être multipliée par cinq par rapport à 2018, passant de 2 % à 10 %, quand le pourcentage de fonte issue du minerai de fer primaire tombera de 98 % à 90 %.

« Nous investissons 73 millions d’euros dans cet équipement, avec 15 millions d’euros d’aide de l’Etat dans le cadre du plan France Relance, indique le directeur d’ArcelorMittal Méditerranée, Bruno Ribo. Lorsque nous l’avions envisagé, nous avions estimé le montant à 60 millions d’euros. Le four à arc électrique représentera, lui, plusieurs centaines de millions d’euros pour réduire de plus de 2 millions de tonnes par an nos émissions de CO2 ».

Plusieurs combats simultanés

Lorsque les travaux atteindront leur pic, ils occuperont 150 personnes d’entreprises du sud de l’Europe et de la région. Plusieurs installations sont à édifier : six salles électriques, une nouvelle salle de commande automatisée et 300 mètres de bande porteuse par laquelle transitera le produit. « Nous prévoyons une mise en service entre janvier et mars 2024 » précise Christian Vromen, responsable décarbonation – étape 2030 d’ArcelorMittal Méditerranée. Au-delà de 2030, le sidérurgiste devra accomplir d’autres gestes pour atteindre son objectif de neutralité carbone à 2050.

ArcelorMittal Méditerranée pérennise Fos en décarbonant ses aciers

« ArcelorMittal a été la première entreprise de son secteur à s’engager sur 0 émission à cette échéance. Les évolutions futures impliqueront de passer par des coopérations avec d’autres acteurs, par exemple pour un approvisionnement en hydrogène à un coût compétitif ou le captage de CO2, afin d’aller gagner les pourcentages supplémentaires que de nouvelles installations ne pourront pas éliminer. Nous nous intéressons donc de façon active au programme Syrius de zone industrielle bas carbone sur Fos » explique Bruno Ribo.

PIICTO et Syrius

Piloté par l’association PIICTO qui rassemble sur le sujet une quarantaine d’industriels, Syrius doit engager sur 2023-2024 toute une série d’études cofinancées par l’Ademe et les industriels eux-mêmes sur les infrastructures, procédés et services potentiellement mutualisables susceptibles d’accélérer la décarbonation d’un territoire couvrant la zone de Fos, le pourtour de l’étang de Berre et jusqu’au bassin de Gardanne/Meyreuil. Parallèlement, ArcelorMittal devra se battre sur un front plus institutionnel, notamment pour obtenir l’atténuation aux frontières européennes des distorsions de concurrence avec d’autres producteurs d’acier dans le monde, une revendication portée depuis longtemps. L’unité de Fos emploie 2 500 personnes et s’appuie sur 1 500 sous-traitants pour produire plus de 150 nuances d’acier pour le compte de 500 clients, à 30% dans l’automobile et à 70 % dans l’industrie (construction, électroménager, équipements, tubes…).

Le haut-fourneau n°2 remis en service en avril C’est une bonne nouvelle pour le 1er trimestre de l’usine de Fos. L’un des deux hauts-fourneaux arrêtés en décembre 2022 en raison des coûts de l’énergie et d’une baisse de la demande devrait redémarrer début avril 2023. « Nous avons été touchés comme d’autres par la flambée des coûts de l’énergie sur la deuxième partie de l’année 2022 ainsi que nos clients, mais nous y voyons plus clair aujourd’hui » indique Bruno Ribo. L’unité devrait donc retrouver sa capacité. Mais à l’horizon 2030, un haut-fourneau du procédé de fabrication historique de l’acier disparaîtra pour être remplacé par le four à arc électrique.

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