Avec un nom quelque peu accrocheur et une thématique qui intéresse au plus haut rang les entrepreneurs, la jeune société cassidaine BADPayeur.com® devrait faire le buzz. Jean-Charles Ize, juriste spécialisé dans l'e-réputation, cofondateur de la société avec l'avocat marseillais Robin Stuckey, était du reste il y a peu l'invité de BFM Business.
Créée en 2017, BADPayeur.com® est une plate-forme de recouvrement 2.0 qui entend lutter contre les mauvaises pratiques de paiement. Pour ce faire, elle utilise le principe du « name and shame ». Comprendre : nommer un débiteur pour lui faire honte et qu'il paye. Prisé par les Anglo-Saxons, ce procédé, qui surfe sur la e-réputation des entreprises, n'est pas encore tout à fait entré dans les mœurs en France. Mais les choses pourraient changer très vite.
C'est en tout cas le pari de BADPayeur.com®. Pour Robin Stuckey, pas de doute, « les créances de faibles montants (de 1 à 1 000 euros) sont souvent condamnées à passer en perte, car le coût des procédés classiques de recouvrement est disproportionné. Autre constat : les entreprises, et en général les plus grandes, ne respectent pas les délais de paiements. » Au final, les grandes perdantes sont bien souvent les TPE et PME qui, malgré des relances, n'obtiennent toujours pas ce qui leur est dû. Et ce, même si une loi existe (article L. 441-6 du Code de commerce).
Prévention
BADPayeur.com® comporte trois activités et insiste pour mettre en avant ses services en matière de protection. « Nous voulons être une plate-forme responsable. Vous verrez du reste que le terme BAD Payeur est uniquement utilisé dans le nom de notre société, tient à rappeler Jean-Charles Ize. En matière de prévention, la plate-forme propose à ses utilisateurs d'apposer le logo BADPayeur.com® sur les factures qu'elles adressent à leurs clients, pour les inciter à les payer. A côté du logo Facture protégée, un court texte rappelle en effet qu'en cas de retard de paiement dans les conditions de l'article L. 441-6 du Code de commerce, cette facture pourra faire l'objet d'une déclaration sur www.badpayeur.com. » C'est un peu « le même principe que de dire attention chien méchant », illustre Jean-Charles Ize.
Autre outil particulièrement pratique pour les entreprises : le moteur de recherche. Ce dernier vous permet de vérifier les incidents de paiement qui ont été déclarés sur la plate-forme par des créanciers victimes de retards de paiement et d'impayés. Il suffit de saisir la dénomination sociale ou idéalement le Siret de la société, de l'entreprise (commerçant, artisan, profession libérale, autoentrepreneur…), de l'organisme (fondation, association…) ou de la collectivité publique et de consulter sa fiche. Si la personne que vous recherchez n'apparaît pas, c'est qu'elle n'a pas été déclarée dans la base de données.
« L'idée à terme est que les entreprises prennent le réflexe d'aller sur la plate-forme pour se renseigner sur une société avant de travailler avec elle. Un peu comme il existe un réflexe societe.com quand on cherche des infomations sur une structure », note Robin Stuckey.
« No win no fee »
Mais ce qui fait le plus parler est incontestablement l'activité de déclaration de créances impayées proposée par BADPayeur.com®. Les créditeurs, dont le nom n'est pas divulgué, peuvent notifier sur ce site leurs déclarations impayées. Certaines règles doivent êtres suivies. Et notamment le fait que les créances doivent être incontestables (réelles) et avoir fait l'objet d'une relance. « Nous laissons les gens s'exprimer. Nous opérons un contrôle a posteriori et nous proposons au débiteur lorsqu'il reçoit la notification de la déclaration de s'exprimer », ajoute Robin Stuckey.
La jeune société est encore en phase de lancement et son modèle évoluera sans doute en cours de route. Pour le moment, aucun frais d'entrée n'est prélevé et le principe du « no win no fee » (pas de victoire pas de paiement) est appliqué.