Après le succès de l’édition précédente des Blue Med Days, le Pôle Mer Méditerranée a proposé à nouveau cet événement, parrainé par le secrétariat d’Etat chargé de la Mer et le ministère chargé des Transports, et soutenu par les Régions Provence-Alpes-Côte d’Azur et Occitanie. Organisée en partenariat avec l’Agence de l’innovation pour les transports et le Cluster maritime français, la 4e édition s’est ainsi tenue au Mucem, à Marseille, le 19 septembre sur le thème "Objectif 2040 : une industrie navale et portuaire zéro carbone".
Lors de la table ronde sur les grands projets portuaires méditerranéens, cinq professionnels sont intervenus afin de mettre en exergue l’impact des derniers en matière de décarbonation. En premier lieu, Alexis Villemin, directeur général adjoint Aménagements, ports, mobilité, énergies de la Métropole Toulon Provence Méditerranée (TPM), a évoqué plusieurs dossiers, et notamment la connexion des navires à quai.
« Avec le soutien de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur, l’Etat et l’Europe, nous améliorons la qualité de l’air en équipant le terminal passagers Toulon/Côte d’Azur d’infrastructures pour la connexion électrique des navires à quai permettant l’arrêt des moteurs lors des escales », a-t-il précisé.
Le principal défi de la prochaine décennie est, pour lui, d’intégrer des considérations environnementales et sociétales aux projets d’aménagements portuaires.
80 M€ investis à Marseille-Fos
Un objectif majeur est d’augmenter la puissance électrique des yachts de plus de 21 mètres jusqu’à 130 mètres, qui viennent hiverner et effectuer des travaux. Alexis Villemin a ensuite souligné que « l’essentiel de la pollution vient des escales des ferrys. On en accueille 1 147 sur Toulon en zone urbaine. Cela peut aller de 2,7 jusqu’à 12 Mégawatts (MW) pour certains d’entre eux. » En 2024, sera voté le schéma directeur maritime. Tous les ports de la métropole TPM seront qualifiés de ports propres actifs en biodiversité, et en particulier le port de la Tour Fondue à Hyères.
De son côté, Rémi Constantino, directeur général adjoint du Grand Port maritime de Marseille (GPMM), a rappelé qu’après un investissement de 60 M€ en 2022, le Port de Marseille-Fos a effectué 80 M€ d’investissements, avec des projets axés sur la transition énergétique portés par la progression de 16 % de son chiffre d’affaires et la croissance de 3 % du fret.
« L’année a été marquée par un flux de 77 Millions de tonnes (Mt) de marchandises, avec une croissance du GNL (Gaz naturel liquéfié) importé à 8,5 Mt et un retrait sensible de la sidérurgie en raison de la suspension d’un des deux hauts fourneaux », a-t-il confié.
Le port a accueilli 573 escales de paquebots dont 74 à propulsion GNL.
Port-La Nouvelle, figure de proue de la transition énergétique
Dans le secteur de l’éolien offshore, Rémi Costantino estime que c’est un pari de réserver 80 ha, soit 10 % de la surface disponible. « Nous sommes convaincus de l’écosystème. C’est une opportunité pour assurer de la décarbonation », a-t-il évoqué.
Stéphane Salvetat, président de Via Marseille Fos, agence de promotion de la place portuaire, et du Syndicat des transitaires de Marseille-Fos et sa région (STM), a mis en avant plusieurs avancées dans la création d’un ensemble fluvio-maritime allant du Grand Port maritime de Marseille jusqu’en Bourgogne, en passant par les ports de Sète (Hérault) et de Toulon (Var). « Une infrastructure nouvelle intégrée est déterminante avec des investissements massifs. Nous attendons un agrandissement des voies ferroviaires », a-t-il estimé.
Figure de proue de la transition énergétique et de la politique Repos (Région à énergie positive), Port-La Nouvelle (Aude) a une gouvernance unique puisque ce port est propriété de la Région Occitanie.
« D’importants travaux viennent d’être réalisés. Ce changement de dimension devrait lui permettre de quadrupler son activité », a souligné Yann Wickers, son directeur général.
Deux points ont été évoqués, la création d’un nouveau bassin et de digues (2,5 km de digue nord et extension de 600 m de digue sud) et la création d’un quai de 250 mètres.
Provence Grand Large, dix ans pour "sortir" trois éoliennes
Les quais et les installations réalisés contribueront à l’attractivité du port pour cette filière des flux lourds. « Ce sont 40 ha qui seront dédiés à l’éolien flottant. Six éoliennes, d’une capacité de 10 MW chacune et de 150 mètres de haut, seront construites d’ici 2024», a rappelé Yann Wickers.
De son côté, Thomas Bordenave, chef de projet éolien en mer à EDF Renouvelables, a exprimé sa vive satisfaction : « Nous avons besoin de projets portuaires en développement, comme Port-La Nouvelle ou Provence Grand Large. » Et de rappeler que dans ce dernier cas, les premières réflexions du projet "Energies renouvelables terre et mer" datent de 2010.
« Ce sont plus de dix ans qu’il a fallu pour sortir trois éoliennes. L’Etat nous accompagne. L’appel d’offres est en cours pour produire bas carbone. L’éolien en fait partie. »
Il s’agit d’un projet pilote de trois éoliennes flottantes en mer de 175 mètres de haut. Eiffage a été retenu, avec comme sous-traitant SBM Offshore. « Il y a un besoin d’adaptation des zones portuaires existantes. La première éolienne est ancrée à 17 km au large du port de Fos, les deux autres suivront. Le calendrier a été tenu », a souligné Thomas Bordenave.