Les Nouvelles Publications : Vous avez toujours été sensible à la question de la santé au travail, en partie grâce à votre propre expérience…
Chantal Morvan : Depuis un accident de la vie que j’ai subi il y a vingt ans, la santé est devenue un sujet central, une obsession, mais aussi plus généralement la qualité de vie. La durée de travail d’un dirigeant ne se dosant pas, elle peut aller jusqu’à dix heures, voire plus, chaque jour. Je ne considère pas que mes salariés n’existent qu’après avoir passé le pas de la porte. Ils ne se sentiront bien au bureau que s’ils se sentent bien de façon générale.
Caire 13 : « Les chefs d’entreprise n’ont pas le temps d’être malades »
Pour les dirigeants d’entreprise, la problématique est-elle plus aigüe ?
On dit toujours qu’on s’occupera de soi "après", mais après quoi ? Il faut se poser les bonnes questions : prendre des vacances régulièrement, c’est à dire s’arrêter plus souvent et moins longtemps, par exemple. Pour ma part, j’ai adopté le mindset du slow business. Avec Caire 13, on accompagne les dirigeants dans le curatif, dans l’accompagnement de leur activité, alors qu’ils ne peuvent plus travailler. Le slow business nous permet de prévenir les problèmes avant qu’ils n’arrivent.
Le business, c’est souvent la course et la performance à tout prix. Quelles sont les notions principales de ce concept paradoxal ?
Au milieu de cette course incessante, il s’agit de trouver la disponibilité pour revenir dans le présent. On doit savoir éliminer les temps toxiques, l’inutile. Ça peut vouloir dire effectuer une micro-sieste d’un quart d’heure entre deux temps de travail, mieux se nourrir, mieux se reposer, favoriser le lâcher prise dans nos actions, travailler au sein d’un environnement apaisé. Nous devons nous considérer comme des sportifs de haut niveau.
Comme pour la santé, qu’en est-il de la QVT des dirigeants eux-mêmes ?
Le dirigeant de la TPE se fait passer en dernier, après ses équipes. Évolution notable, un texte de loi est passé en août 2021 et permet désormais à la Médecine du travail de recevoir un dirigeant. Quand un dirigeant doit s’arrêter de travailler pour des problèmes de santé, on ne peut pas juste le remplacer par un autre, il faut se demander pourquoi il tombe ! Le slow business permet de penser aujourd’hui son activité avec plus de recul et d’anticiper ces situations dramatiques.
Quelles sont les actions que vous menez dans ce domaine avec la CPME 13 ?
Avec les trophées des entrepreneurs positifs, nous récompensons chaque automne la bienveillance, la solidarité, l’écoresponsabilité dans l’entreprise. Depuis que je suis vice-présidente de la commission "santé du dirigeant", nous proposons deux fois par an un rendez-vous sur une forme disruptive, avec massages, sophrologie, expérimentation du lâcher prise pour favoriser le bien-être des dirigeants et l’amélioration inéluctable que ça apporte sur les performances.
