« Un jour, j'ai constaté que le marché de la legaltech explosait en France et qu'il n'y avait rien - ou presque - en Afrique francophone. Il y a pourtant une culture commune entre la France et les pays francophones de l'Afrique de l'Ouest. Il y a également une culture juridique commune avec un droit similaire au nôtre qui s'applique aux 17 Etats membres de l'Ohada*. Le marché est relativement important puisqu'il est d'environ 800 millions de personnes et un taux d'accession à l'entreprenariat à hauteur de 28 %. Ce qui est énorme. Il y a donc la volonté de créer des entreprises, une culture juridique commune, mais aussi, hélas, un secteur informel considérable qui exclut toute valorisation entrepreneuriale. Pour les TPE/PME, les professions réglementées africaines sont souvent inaccessibles avec une tarification assez opaque. Aujourd'hui, on ne sait pas combien coûte, chez un avocat, une création d'un pacte d'actionnaires, par exemple, car il n'y a pas de système de forfaitarisation comme en France (le phénomène est récent chez nous). D'où l'idée de répondre à une demande entrepreneuriale (et donc à un marché) et aussi de valoriser le travail des avocats. En effet, une fois l'acte pré-rempli par l'entrepreneur, celui-ci est mis en relation avec des avocats pour effectuer une révision et apporter une plus-value qui ne se limite pas à un remplissage de trous et à un copier/coller.
Développer la plateforme en Côte d'Ivoire
Le modèle économique consiste à vendre des actes juridiques, d'affilier les avocats et, enfin, d'être leader sur l'édition juridique en Afrique. Notre site est une des premières sources d'information de droit africain avec de nombreux contributeurs sur notre blog. D'ici la fin de l'année, nous allons ajouter un classement des meilleurs avocats en droit des affaires. Il sera basé sur des critères objectifs reposant sur les dossiers les plus importants gérés par les cabinets, leur chiffre d'affaires, leur positionnement, leur secteur d'activité, leur croissance… On essaie de donner une information pour les mettre en valeur, les cabinets occidentaux ont bien compris cela, et, c'est sans doute un regret pour eux, l'expertise des spécialistes du droit Ohada n'est pas suffisamment reconnue auprès des grands comptes.
La prochaine étape sera de développer la plateforme en Côte d'Ivoire et d'y créer une filiale pour dématérialiser à 100 % la création de société au sein de ce pays avec un accord avec le bureau des formalités notamment, mais aussi la chambre de commerce. Ensuite, on dupliquera le modèle au Togo et au Burkina Faso. D'ici quatre à six mois, nous lancerons une levée de fonds, avec l'objectif de 400 000 €, pour financer le développement de la plateforme vers d'autres pays et assurer les campagnes marketing pour démultiplier le nombre d'entreprises créées via la plateforme. »
* Organisation pour l'harmonisation en Afrique du droit des affaires.