« Une innovation technologique, c'est comme une création artistique : on part toujours d'une feuille blanche ! Quand nous créons Ideol en 2010 à La Ciotat avec 200 000 euros de mise de départ, nous partons sur l'idée de rester indépendants de tous les fabricants d'éoliennes. Nous optons pour un système innovant de fondation flottante afin de permettre d'installer des éoliennes même en cas de profondeurs d'eau importantes, le tout à moindre coût. En nous inspirant du savoir-faire des plates-formes pétrolières, Ideol a conçu son propre design, "Damping Pool", déposé des brevets pour le protéger, validé les choix techniques par des essais en bassin.
Il a fallu alors partir en quête d'une première levée de fonds en 2011. A l'époque, l'éolien flottant n'était pas un sujet dans l'air du temps ! Malgré l'énorme potentiel de marché, notre profil n'avait pas de quoi faire rêver des investisseurs. Nous étions convaincus que nous irions plus vite et pour moins cher vers notre démonstrateur. Si nous avions annoncé une réalisation en 2017, nous n'aurions vraisemblablement jamais obtenu le moindre centime ! Notre premier tour de table s'est concrétisé à 600 000 euros auprès d'investisseurs privés. Nous avons pu étoffer l'effectif et peaufiner notre technologie.
Notre intégration dans le consortium européen Floatgen pour fabriquer un démonstrateur flottant, la signature d'un partenariat avec Bouygues Travaux publics et l'obtention du permis pour le premier site européen d'essais en mer multitechnologies SEM-REV de Centrale Nantes, au large du Croisic, ont fourni des éléments probants sur nos progrès pour une 2e levée de fonds d'1,5 million d'euros. En 2015, nous signons un premier contrat commercial au Japon avec Hitachi Zosen, un très grand groupe d'ingénierie, qui a été missionné par le Nedo (équivalent de l'Ademe au Japon) pour construire la dernière génération d'éolien flottant. Fiers de devenir un ambassadeur de la France en Asie pour ce secteur, nous bouclons une 3e levée de fonds de 3,8 millions d'euros et bénéficions du soutien du Programme d'investissements d'avenir et de l'Ademe. Pour notre 4e tour de table, nous levons 3 millions d'euros supplémentaires. En 2016, l'Etat retient le projet de ferme pilote EolMed, en Méditerranée, au large de Gruissan, auquel Ideol fournit sa solution. Le démonstrateur Floatgen de 2 MW se construit à Saint-Nazaire, la fabrication du démonstrateur japonais de 3 MW débute…
En 2017, Ideol ouvre son capital à deux industriels majeurs du secteur : la société allemande Siem Offshore Contractors et Hitachi Zosen. Ce tour de table de 6 millions d'euros au total a également inclus Amundi Private Equity Funds, ainsi que certains des actionnaires historiques de la société.
Fin avril 2018, la première éolienne flottante française a quitté le port de Saint-Nazaire pour rejoindre le site SEM-REV dans le cadre du projet Floatgen et être exposée à des conditions réelles d'exploitation. Cet été, nous mettrons à l'eau le démonstrateur japonais pour lequel nous sommes la seule technologie étrangère retenue. Dans la perspective du déploiement en série à l'international, nous venons de lever 15 millions d'euros, en très grande partie auprès du fonds Kerogen Capital, spécialisé dans l'énergie et basé à Hong-Kong et Londres. Si en France, l'environnement est exceptionnel pour les start-up, il manque des fonds d'investissement puissants. Notre parcours apparaît donc un peu atypique, mais Ideol démontre qu'il est possible de lever des fonds dans ce secteur encore naissant ! »
Retrouvez ici les précédents volets de notre série de l'été :
Comment j'ai fait pour... créer mon application