Cour d'appel d'Aix-en-Provence : 159 nouveaux avocats dans le ressort

Ce sont donc 159 nouveaux avocats des barreaux d'Aix-en-Provence, Draguignan, Grasse, Marseille, Nice et Toulon qui ont rejoint la grande famille des avocats, entourés de leurs proches. « 159, ce chiffre conséquent est révélateur du dynamisme des barreaux de notre Cour d'appel », a indiqué Luc Fontaine, premier président de chambre de la Cour d'appel d'Aix-en-Provence. Il leur a rappelé : « La profession que vous embrasserez dès ce jour, et que vous allez vraisemblablement exercer, pour la plupart d'entre vous durant de longues années, présente quelques caractéristiques principales que je vais me permettre de vous rappeler rapidement, en formant le vœu qu'elles vous serviront de guide et de repère pour l'exercice de votre profession ». Comme la difficulté liée à l'accompagnement et l'intégration des centaines de jeunes qui rejoignent chaque année les rangs des avocats. Ou encore le respect du serment « qui révèle en réalité que la profession d'avocat est d'abord un office, un art, et peut-être même un sacerdoce, mot qui partage son étymologie avec le mot sacrifice ». Il a également mis l'accent sur les valeurs communes des avocats et des magistrats, insistant sur l'importance de ne pas opposer les deux, le bon avocat faisant le bon juge.

Une profession qui évolue, en nombre aussi

« Mes chers maîtres, vous avez travaillé dur pour passer les obstacles d'examens difficiles, et une scolarité qui fait de vous des juristes capables de défendre les intérêts d'hommes et de femmes, le plus souvent désemparés face au système judiciaire que vous avez maintenant décodé », a commencé Thierry Villardo, avocat général en charge des professions réglementées, ajoutant qu'ils sont désormais les représentants d'une d'entre elles, qui impose des droits et des devoirs et bénéficie d'un monopole dont il ne faut pas violer les règles à moins de s'exposer à des poursuite pénales.

Revenant lui aussi sur l'augmentation incessante des effectifs, 68 464 avocats en France au 1^er janvier 2019 (dont 5 567 dans le ressort et 56% de femmes) contre 50 314 dix ans plus tôt « qui peut devenir un vrai sujet de préoccupation. La réforme de l'examen d'entrée en CRFPA [Centre régional de formation professionnelle d'avocats, ndlr] a rationnalisé le contrôle des connaissances, mais elle n'a pas permis d'endiguer les entrées. Ce qui place certains avocats dans une situation difficile en pratique ». Avec un âge moyen de 44 ans, l'avocat est la plus jeune de toutes les professions judiciaires et juridiques réglementées, suivie de près par les notaires.

Actualité bien chargée oblige, il a abordé les changements de l'organisation judiciaire et les nouvelles règles : « Saisir une mauvaise juridiction, ou mal saisir une bonne juridiction, peut engager votre responsabilité professionnelle. (…). On peut donc vous souhaiter, puisque vous êtes bons juristes, d'absorber l'évolution incessante du droit avec la plus grande aisance. Et, surtout, de conserver l'amour du droit ».

La liberté de l'avocat

« L'avocat que vous êtes désormais aura à tracer, au jour le jour, sa voie faite de liberté de pensée, d'expression et d'action, dispensée de contraintes hiérarchiques ou sociales, avec sa propre conscience pour seul juge », a averti Me Philippe Bruzzo, bâtonnier d'Aix-en-Provence, après avoir rappelé que la liberté à un prix, celui du courage et de la défense, sans pour autant risquer de l'assumer jusqu'à mettre sa propre liberté ou sa vie en péril. Et de préciser que la profession est « libérale et indépendante », que l'avocat doit être un lettré, qu'il exerce une mission, un sacerdoce, qu'il doit « féconder » la justice et être un « homme de bien, mais pas un tenant de la morale » qui a une responsabilité extraordinaire dont il doit se montrer digne. L'avocat doit se confronter à d'autres acteurs du monde du droit et de la justice.

Me Philippe Bruzzo a abordé la frénésie des réformes dont « la dernière mouture ressemble à un pétard mouillé » avec ses projets de décrets qui circulent avant étude par le Conseil d'État. Il ne pouvait manquer d'aborder le sujet sensible du projet de réforme des retraites qui ne doit pas être pris à la légère, retraçant l'histoire du régime autonome imposé après la Seconde guerre mondiale et bien géré. Mais le combat n'est pas fini face à un « État (qui) nous néglige ! ».