AccueilEconomieDavid Lisnard, le maire de la République qui va défendre les siens à Paris

David Lisnard, le maire de la République qui va défendre les siens à Paris

David Lisnard, le président de l’AMF s’apprête à ouvrir le 105e Congrès des maires de France, à Paris sous le thème des « communes attaquées « et de « la République menacée ».
David Lisnard est maire de Cannes et président de l'ASsociation des maires de France.
Roland Macri - AFP - David Lisnard est maire de Cannes et président de l'ASsociation des maires de France.

Economie Publié le ,

A quoi pense David Lisnard en se rasant, à quelques jours de l’ouverture de la 105e édition du Congrès des maires et présidents d’intercommunalités de France ? L’élu cannois, président de l’Association des Maires de France, qui rassemble 36.000 édiles, va accueillir du 21 au 23 novembre autour de 50.000 participants. Le salon et le congrès se tiennent Porte de Versailles, à Paris.

« Communes attaquées, République menacée »

Cet évènement incontournable de notre vie démocratique est organisé cette année autour d'un thème fort : « communes attaquées, République menacée ». « Les émeutes, fin juin-début juillet, et les nombreuses agressions d’élus locaux depuis le début de l’année ont conduit l’AMF à choisir cet intitulé solennel pour son 105e Congrès. Ce thème fera l’objet d’un débat spécifique lors de la séance solennelle d’ouverture » justifie l’AMF dans son dossier de presse. L’Association des maires de France évalue à 1.500 le nombre d’élus municipaux agressés en 2022, soit une hausse de 15% par rapport à 2021. Une triste réalité qui ne faiblit pas... Selon le ministère de l’Intérieur, près de 900 faits de violences contre les élus ont été commis au premier semestre 2023

Pendant ces trois journées, « quatre débats, une quinzaine de forums et une vingtaine de point-infos sur les grands sujets d’actualité ou d’action des communes sont proposés aux congressistes ». Mais le Congrès des maires est surtout un moment médiatique et politique pendant lequel le président de l'AMF fait passer quelques messages.

Les rendez-vous de David Lisnard à Paris…

David Lisnard, en maire de famille va y plaider les intérêts des siens, face à un Etat accusé de trop s’ingérer dans les affaires communales et de rogner sur la décentralisation. Il va aussi défendre la cause des élus victimes d’agressions physiques, dans le cadre de leur mandat. Quant à l’homme politique, membre de LR et candidat potentiel à la prochaine présidentielle, il va prendre la lumière et bénéficier d’une tribune, même si l’AMF n’est pas un tremplin direct vers l’Élysée… Un autre rendez-vous attend David Lisnard à la Porte de Versailles : l’élu va remettre en jeu son titre de président de l’AMF.

Emmanuel Macron pas annoncé au congrès des maires

Au Congrès des maires, David Lisnard va monter sur le ring avec l’énergie et la rigueur qui le caractérisent. Il y sera dès ce lundi 20 novembre, avec laréunion des élus d'outre-mer puis, mardi avec son discours d’ouverture du salon. Ce sera à 14 heures. Jeudi 23 novembre Elisabeth Borne viendra clôturer les échanges. Si une quinzaine de ministres sont annoncés, comme Patrick Vergriete, au logement, en revanche Emmanuel Macron n’a pas prévu d’y intervenir, ni d'y faire un tour...

En 2022, le président de la République avait déambulé dans les allées du salon, mais ne s’était pas rendu au congrès. Un choix politique mal vécu notamment par André Lamiel, vice-président de l’AMF : « Il y a les entreprises et les marchands, et puis il y a les maires rassemblés pour travailler. Un choix a été fait ». Ce dernier avait parlé d’un « manque de tact », qui rappelle les relations « fraîches » entre Emmanuel Macron et David Lisnard, le président de l’AMF. En mars dernier, l’élu LR ne s’était pas rendu à l’Elysée lors d’une réunion entre le président et les associations d’élus locaux.

Les maires face à la violence sociale

Au-delà de la politique politicienne, ce Congrès des maires s’ouvre dans un contexte particulier de défiance envers les élus reconnaît David Lisnard. Il s’agit d’une« forme de violence sociale, qui traduit une crise de la démocratie et une forme d'impuissance dans l'exécution des choses » analysait David Lisnard, lors de la conférence de presse du 8 novembre, tenue avec premier vice-président, le maire PS d’Issoudun, André Laignel.

Pour étayer ses propos et mettre en lumière ce mal qui ronge les bases de notre démocratie, l’AMF présentera une enquête du Cevipof concernant les violences faites aux élus, mais aussi la difficulté des élus à pouvoir prendre des décisions et les exécuter. « Nous avons reçu plus de 8.000 réponses, sachant que le questionnaire était très conséquent, avec près de 70 questions », précise Martial Foucault, le directeur du Cevipof. Une nouveauté cette année, le fait que 3.500 adjoints aient eux aussi été sondés.

«Les maires font face avec dignité, dévouement et courage à une hausse des incivilités quotidiennes comme des actes violents. Lorsqu’il y a quelques années, nous étions principalement confrontés à des contraventions, nous sommes désormais exposés à des actes délictuels, voire criminels » reconnaît David Lisnard.

Ces derniers mois, la plupart des réunions d'associations de maires ont abordé ce sujet des agressions d'élus, comme au salon de l'Association des maires d’Île de France. A Marseille, la 5e Convention des maires a aussi mis la sécurité des édiles au coeur des échanges. « C’est une problématique majeure pour notre démocratie qui ne peut prospérer dans un climat violent, anxiogène et de défiance envers les élus locaux » alerte David Lisnard qui théorise une « crise civique ».

David Lisnard évoque une crise civique

« La crise civique même si elle est moins perceptible que la crise énergétique ou écologique est pour moi la crise majeure que l’on affronte aujourd’hui. Elle se traduit par des taux d’abstention record, des violences verbales dans le débat public avec peu d’exercice de la raison critique, et les violences sur élus sont croissantes. Pour régler cette crise civique, il faut retrouver de l’efficacité publique. Recentrer l’état sur ses missions dont la base est la sécurité, et avoir un souffle de décentralisation pour que l‘on puisse agir » expliquait en 2022 au journal l’Essor Loire David Lisnard. Pour l’élu cannois, « les maires sont des praticiens du quotidien » et l’Etat doit les écouter et s’appuyer sur eux…

L’AMF et la dénonciation de l’Etat centralisateur

David Lisnard va profiter du Salon des maires pour dénoncer cet Etat « recentralisateur ». Le président des maires de France a annoncé qu’il serait sévère face à l’exécutif. « La défiance envers les élus locaux c’est aussi, dans un autre registre, lorsque l’Exécutif recentralise la fiscalité locale et les compétences des collectivités au détriment de la subsidiarité. Les maires et présidents d’intercommunalités ne demandent ni traitement de faveur, ni à être consolés. Ils demandent du respect, de la considération, de la reconnaissance pour toutes les missions qu’ils accomplissent » développe David Lisnard dans une interview accordée au site de la Banque des Territoires.

« Respecter les libertés locales serait pour l’Etat de ne pas sélectionner les établissements bénéficiaires de la rénovation énergétique alors que le bâti scolaire relève de la compétence des communes, ne pas prétendre "territorialiser" la planification écologique et la relance des CRTE, alors que les aides demeurent à la main des préfets sur des critères abscons, freinant la capacité des communes à porter des solutions innovantes adaptées à leur territoire » ajoute David Lisnard.

Les communes et les moyens financiers

Autre sujet polémique entre les maires et le Gouvernement, les dotations d’Etat. « Les maires veulent simplement pouvoir travailler. L’AMF plaide donc pour une stabilité en euros constants des dotations, pour donner de la visibilité financière aux collectivités, par une remise à plat des critères de la DGF, notamment concernant le calcul du potentiel fiscal » ajoute-t'il. « La suppression des ressources locales, insuffisamment compensées, aggrave en outre le déficit du budget de l’État, car il conduit à la multiplication des dispositifs types "filets de sécurité". Les maires et présidents d’intercommunalités veulent récupérer du pouvoir fiscal et en rendre compte devant les habitants. »

Les maires et la crise du logement

Lors de ce congrès, il sera question de sujets de sociétés, très concerts pour nos concitoyens, comme le logement. Une table ronde est prévue notamment avec le ministre. Pour David Lisnard, les communes « sont le maillon essentiel de la politique du logement, par exemple en délivrant des permis de construire ou en assumant les conséquences de la loi SRU ».

Autre sujet en lien avec le logement, alors que les mairies délivrent les permis de construire, et que les intercommunalités ont en charge les textes d’urbanisme : la loi Zéro Artificialisions Nette. « Le législateur a créé une usine à gaz centralisée et verticale qui ne satisfait personne. Toutefois, les élus respectent la loi et ne sont pas favorables à l’artificialisation des sols. L’AMF a dénoncé de façon constante et cohérente le ZAN tel qu’il était conçu dans le projet de loi climat et résilience. La loi du 20 juillet a atténué les effets négatifs et pervers. C’est en responsabilité que l’AMF poursuit son travail de propositions pour améliorer les choses, comme nous l’avons fait au cours des débats parlementaires ».

David Lisnard, à Cannes, dans sa ville. (Photo Mairie de Cannes.)

David Lisnard, un destin présidentiel ?

Autre sujet qui ne figure dans l’ordre du jour d’aucune table ronde, mais sera dans certains esprits : les ambitions de David Lisnard et pas seulement pour la présidence de l’AMF.... L’élu de Cannes n’a jamais vraiment caché ses intentions. Il a inauguré en octobre à Paris le siège national de Nouvelle Énergie. Ce mouvement avait été créé en 2013 pour préparer sa candidature à la mairie de Cannes en 2014. Mais celui qui a redressé les finances de sa ville, entend s’attaquer à plus gros… « Il y a une belle dynamique » estime-t-il à ce moment. Lemaire LR de Cannes estime que l’on « a besoin de retrouver de la dialectique gauche-droite ou progressiste-conservateur ». Mais David Lisnard se montre prudent : à quatre ans de la présidentielle,«personne ne se détache, personne ne tue le match » à droite. En attendant, l'édile de Cannes est parti. Il fait partie des favoris à droite.

En amateur de boxe, David Lisnard sait prendre des coups, les éviter, mais aussi en donner. En bon marathonien, il est déjà passé sous les 3 heures, il a du souffle et de l’endurance. Le sport est important pour lui. « 80% de mes problèmes, je les règle en courant » confiait-il au JDD en 2019. Mais un parcours politique réserve plus d’embûches qu’une course à pied. Et l’Élysée, quand on s’élance depuis la Croisette, c’est loin…

Partager :
Abonnez-vous
  • Abonnement intégral papier + numérique

  • Nos suppléments et numéros spéciaux

  • Accès illimité à nos services

S'abonner
Journal du 07 avril 2023

Journal du07 avril 2023

Journal du 31 mars 2023

Journal du31 mars 2023

Journal du 24 mars 2023

Journal du24 mars 2023

Journal du 17 mars 2023

Journal du17 mars 2023

S'abonner
Envoyer à un ami
Connexion
Mot de passe oublié ?