Les Nouvelles Publications : Vous commencez votre troisième mandat à la présidence de la Chambre régionale des entreprises de l’économie sociale et solidaire Provence-Alpes-Côte d’Azur (Cress Paca). Quels nouveaux projets comptez-vous mettre en avant ?
Denis Philippe : J’ai dit lors de mon élection que j’entendais faire un mandat nouveau, pas la suite des deux précédents. Il passe par un renouvellement fort de nos représentants au sein du conseil d’administration, mais aussi du bureau, constitué de manière paritaire. Ces derniers porteront chacun un projet fort de la mandature. Je pense notamment à Patrick Jammes, qui sera en charge des questions sur les fonds européens ou l’olympisme, à Anne-Claire Bel, Directrice régionale des Compagnons Bâtisseurs Provence en charge de la transition énergétique, ou à Franck Maillé, le président régional du mouvement coopératif, qui s’occupera de l’économie circulaire et l’écologie.
Franck Maillé élu président du mouvement coopératif de Paca-Corse
Ensuite, il faut agir sur le fond. Ces dernières années, nous avons travaillé sur le premier mot de l’appellation de notre chambre, "l’économie". Il a fallu développer un nouveau modèle pour notre institution, sur une position plus entrepreneuriale, afin de développer notre budget, notre indépendance et nos services, tout en accompagnant nos adhérents et en développant notre base. Il y a encore du travail, mais le modèle est là.
Ces prochains mois, sans oublier la relation aux adhérents, je compte travailler sur les deux autres mots, "sociale" et "solidaire".
Pour quelles raisons ?
Notre réseau porte des valeurs fortes et une vision différente de la société qu’il est bon de rappeler, surtout dans cette période d’incertitudes et de remise en question de notre modèle laïque et républicain. Tout le monde parlait d’un "monde d’après", je ne le vois pas vraiment venir.
L’ESS doit être pionnier des transitions au service de l’emploi solidaire et de l’environnement. Et pourquoi pas de la santé ? Il y a tout un débat pour savoir qui doit la gérer et sur notre modèle de santé. Nos adhérents, je pense notamment au réseau mutualiste, mais pas que, ont des solutions concrètes et nouvelles à apporter.
Vous parliez des jeunes. Comment les encourager à s’engager dans l’ESS et à créer des structures ou des entreprises dans ce secteur ?
Nous pouvons accompagner ceux qui veulent entreprendre dans l’ESS. Ce n’est pas plus compliqué de créer une entreprise dans ce secteur que dans l’économie dite classique. Afin de soutenir les créateurs d’entreprise, nous allons mettre en place un pool bancaire. On y retrouvera les grandes banques qui adhèrent à la Cress Paca : la Caisse d’épargne Cepac, le Crédit agricole, la Banque populaire Méditerranée, etc. En lien avec France Active et nos banques, nous organiserons des rencontres avec les porteurs de projet. Les banques pourront apporter des réponses financières et nous mettrons en relation ces créateurs d’entreprise avec nos adhérents en capacité d’aider, comme des incubateurs. Ce sera un travail de mise en relation et de mise en réseau. De cette façon, nous mettons également en avant les acteurs de l’ESS en Paca.
Je tiens à cette méthode : ce n’est pas la Cress qui "fait", mais le réseau qui s’investit et travaille pour son développement. Cette mutualisation des compétences et cet esprit de coopération font partie de notre ADN. C’est aussi une façon de porter cet esprit de décentralisation qui nous est cher.

Vous parliez en début d’entretien du modèle économique de la Cress Paca. Le développement des adhésions et les aides de la Région sont-ils suffisants à votre fonctionnement ?
Je suis convaincu que le modèle entrepreneurial que nous avons développé est le bon. Nous avons augmenté le nombre de nos adhérents, renforcé notre indépendance. La Région Provence-Alpes-Côte d'Azur nous a reconnus et nous soutient financièrement. Le 5 juillet, nous signons la troisième convention d'agrément entre la Cress, la Préfecture et la Région dans le cadre de la troisième Conférence régionale de l'ESS.
Mais les chantiers sont énormes et le statut des Chambres régionales de l’économie sociale et solidaire n’est plus adapté à nos enjeux.C’est pour cette raison que je plaide pour une évolution de la loi du 31 juillet 2014 relative à l’économie sociale et solidaire, notamment sur le statut des Cress. Il faut que l’ESS soit définitivement reconnue et organisée dans sa représentation.
Il y a plusieurs points à voir sur la représentativité et les adhésions notamment, sur le fait que nous ne pouvons pas accepter de mécénat, ou sur notre financement… Nous ne percevons pas, par exemple, de Taxe pour frais de chambre, car nous n’en sommes pas une, et les aides de l’Etat sont insuffisantes.
Où en est le projet de la maison commune de l’ESS que vous portez ?
Il avance. De nouveaux partenaires entendent nous rejoindre, mais le chantier est d’une grande ampleur. Il faut trouver le lieu, monter un budget, etc. C’est un projet de longue haleine qui ne sortira pas sous mon mandat. Mais on ne l’abandonne pas !
Qu'en est-il de la préparation du salon ESS Sud ?
Il se tiendra le 3 novembre au Pharo, à Marseille, en partenariat avec la Région. Il se transforme en salon des achats responsables, organisé par la Cress Paca, mais aussi ouvert à tous les acteurs qui se positionnent sur ce champ d’activité et ses valeurs. C’est une façon de l’élargir.
La composition du bureau
Président : Denis Philippe.
1er vice-président : Yannick Gallien, en charge des mandats et de la relation aux associations.
2e vice-président :Jean Ticory, en charge de la prospective et du développement.
Vice-présidents délégués : Anne-Claire Bel, en charge de la transition écologique, et Patrick Jammes, en charge des fonds européens et des Jeux olympiques.
Vice-présidents : Franck Maillé, en charge de l’écologie et de l’économie circulaire, Monique Pozzi, en charge de l’égalité femmes-hommes, Matthieu Bohy, en charge de la formation professionnelle, et Sam Khebizi, en charge de la culture, des arts et des spectacles.
Secrétaire générale :Isabelle Dorey, en charge de la vie statutaire.
Secrétaire générale adjointe :Colette Bellet, en charge de la vie statutaire.
Trésorier :Bruno Huss, en charge du modèle économique.
Trésorier adjoint :Philippe Gassend, en charge du modèle économique.