Transformer des locaux professionnels en studio de cinéma, il fallait oser. Olivier Marchetti l’a fait avec brio puisque les grands noms du cinéma, au niveau mondial, viennent régulièrement à Martigues pour réaliser leurs tournages. Si le lieu est méconnu du grand public, il jouit d’une reconnaissance internationale dans l’univers du cinéma.
C’est d’ailleurs dans les studios martégaux qu’une partie du film "La Nonne 2", ou plus précisément "La Nonne" : la malédiction de Sainte-Lucie, a été tourné. Pour certaines scènes extérieures, c’est le Couvent des Prêcheurs, à Aix-en-Provence, qui a servi de décor. De quoi rendre fier Olivier Marchetti puisque le film, sorti le 8 septembre aux États-Unis et le 13 septembre en France, a immédiatement connu le succès, et donc rentabilisé son investissement. « Nous proposons une offre complète de services afin de répondre à des besoins nationaux et internationaux. Lors du tournage de La Nonne 2, Warner a été bluffé par l’accueil de notre territoire », explique Olivier Marchetti, affichant un large sourire.
Dix-sept plateaux modulables
Créé il y a une dizaine d’années dans des locaux de transport logistique complètement transformés, Provence Studios dispose de dix-sept plateaux modulables représentant une surface de 26 000 m², plus de 2 000 m² de bureaux de production, et 900 m² de loges aménagées. Le tout sur un site de vingt-deux hectares situé en bordure du canal. Olivier Marchetti entend surfer sur les besoins actuels pour développer "sa petite affaire" : « A Paris, il y a une telle profusion de tournages que les productions cherchent des palliatifs. Depuis le tournage de Plus belle la vie, nous avons la chance d’avoir dans la région de très bons techniciens. Pendant le festival de Cannes, au mois de mai, nous avons accueilli six tournages en même temps. Cela représente plus de 1 600 personnes qui ont travaillé en même temps sur le site. On n’avait jamais vu ça ».
Poursuivre l’expansion
Le développement de l’entreprise se fera de plusieurs manières. En premier lieu, quatre nouveaux studios devraient être construit sur le site de Martigues courant 2024. Des négociations en cours avec une production cinématographique (blockbuster) pourraient également chambouler les perspectives de développement, mais il est trop tôt pour en parler. En revanche, un autre projet accapare les esprits avec la création d’un studio à Marseille (7e). « Nous allons nous installer sur le site de la Générale Sucrière. Brownsfield, qui a racheté la Générale Sucrière, est en attente de son permis de construire pour des entrepôts logistiques urbains. Quand il l’aura obtenu, il va déconstruire l’existant et dépolluer le site. Après cela, nous pourrons nous installer sur cinq hectares. Le financement sera assuré par des fonds propres, un concours bancaire, et un fonds de pension pourrait investir », souligne Olivier Marchetti.
Le site de Marseille pourra accueillir des studios permanents, installés actuellement à Martigues (une prison, un tribunal, une morgue), ainsi que de nouveaux studios, plus petits. Le site marseillais hébergera également toutes les structures liées à la formation. Un axe primordial pour Olivier Marchetti : « Un studio sans personnel à l’intérieur, ça ne reste que des murs ». Preuve que ce point est essentiel, le patron de Provence Studios a tenu à présenter les écoles partenaires.
Et mettre l’accent sur la formation
Le meilleur moyen de trouver du personnel est de le former. Provence Studio a noué des partenariats avec Satis, dont le statut évolue puisque le président de l’université Aix-Marseille a acté la transformation de ce département universitaire de la fac des sciences en école de cinéma. École qui recrute des BAC+2, et dispense des formations niveau Master 1 et 2 dans cinq parcours différents allant du son, à la prise de vue en passant par le montage, la post-production ou la composition musicale.
Les ateliers de l’image et du son, dont la spécialité est contenue dans le titre, ou encore la Plateforme, qui forme à l’informatique liée au cinéma, et Kourtrajmé (court-métrage en verlan, ndlr), pour les métiers techniques liés à l’audiovisuel et au cinéma sont d’autres partenaires de formations spécialisées dans les métiers de l’audiovisuel. De quoi démontrer, si besoin était que, sous réserve d’accepter le statut d’intermittent du spectacle, les possibilités de travailler sont très importantes.
Un peu de rêve… virtuel !
Provence Studios dispose du studio 15 – Next Stage. Il s’agit d’un studio de production virtuelle de plus de 550 m² de surface utile entouré de 400 m² de panneaux led qui permet de recréer tous types de décors. Une sorte d’écran géant en U, à faire pâlir les amateurs de jeu vidéo, dont un des intérêts, pour les productions, est de réaliser d’importantes économies, à l’image de la série The Serpent Queen, disponible sur Amazon vidéo, pour laquelle un seul technicien s’est rendu à Florence pour faire des prises de vue. Puis le montage avec les acteurs a ensuite été opéré à Martigues.