On l’appelle la centrale de Gardanne. Pourtant, près de 80 % de sa surface d’environ 80 hectares, se situent sur le territoire de Meyreuil et 20 % sur celui de Gardanne. En 2018, le président de la République a annoncé l’arrêt des quatre centrales à charbon, dont celle des Bouches-du-Rhône. Un délai très court puisque la fin de l’activité est fixée au 1er janvier 2023. « Cette date ne nous laissait que quatre années pour nous organiser, alors que l’arrêté de l’extraction des houillères a été anticipé sur quinze ans. Ce qui avait permis d’anticiper la filière micro-électronique sur Rousset », témoigne Jean-Pascal Gournes, maire de Meyreuil.

Il se réjouit cependant du soutien de l’État, à hauteur de 10 M€, qu’il considère sans commune mesure avec ce que le bassin minier de Provence reçu pour la reconversion des Houillères. Très vite, il met en place un petit groupe de travail pour penser à un futur dans lequel l’activité industrielle, qui est dans l’ADN de la commune, trouve toute sa place. « Au niveau du foncier, nous sommes très contraints. Il y a peu de réserves foncières industrielles et nous avions la chance d’avoir cette future friche propice à la reconstruction d’une industrie à la fois propre, renouvelable, durable et verte. L’idée de l’hydrogène est venue tout naturellement et nous sommes entrés en contact avec des industriels déjà très en avance sur leur temps sur ce vecteur d'énergie et nous les avons présentés à GazelEnergie, le nouveau propriétaire de la centrale. Il a fallu lui vendre les projets qui pourraient être implantés sur son territoire, sur son foncier ! », précise le premier magistrat de Meyreuil.
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Hynovera, Filière bois et Canthep sont les premiers projets sortis et ils commencent à prendre forme. Ensuite, GazelEnergie a décidé d’ouvrir son foncier à des entreprises industrielles ayant des intérêts communs et qui pourraient utiliser leurs services (gaz, chaleur, électricité).
Destruction de la plus haute cheminée de France
Si la surface disponible est de 80 hectares, cela ne signifie pas qu’il s’agit de 80 hectares utiles. Une partie est occupée par Provence 4 (l’unité biomasse) et d’anciens bâtiments sont encore utilisés. « Mais nous pouvons récupérer de la place sur le parc à charbon et la partie Provence 5 (l’unité charbon) qui sera détruite. La grande cheminée de 300 mètres, la plus haute de France, vit, elle, ses derniers mois », indique Jean-Pascal Gournes.
Le projet Hynovera avance
Et aujourd'hui, le plus gros projet de reconversion de la centrale de Provence s'appelle, Hynovera. Porté par Hy2gen SAS France à Aix-en-Provence, les objectifs sont d’alimenter les entreprises de transport aérien et maritime en carburant issue d'énergie renouvelable et de produire également du méthanol et de l’hydrogène issus de sources non fossiles. « Ce projet est le plus abouti. Des synergies existent entre Gazel et Hy2gen, chacun y trouvant son intérêt. La concertation publique commencera en septembre. Suivront le dépôt du permis de construire, puis la construction de l'usine pour un début de production prévu en 2025 », indique Jean-Pascal Gournes, qui estime à cinquante le nombre d’emplois induits.
Estimé à environ 460 millions d’euros d’investissement, ce projet consiste en la construction d’une plateforme de production de carburant aviation renouvelable, l'e-kérosène, intégrant une unité de gazéification de la biomasse de 250 tonnes/jour de bois, mais également une usine d'électrolyse de l'eau de 100 MW, un procédé de synthèse du e-kérosène, un procédé de synthèse du e-Méthanol. L'unité d'électrolyse est alimentée par de l'électricité verte locale pour produire de l'hydrogène vert (H2) qui, associée au gaz de synthèse (CO/H2) issu de la gazéification, permettra la production de e-Kérosène à une échelle industrielle compatible avec les enjeux de décarbonation du secteur aéronautique.
Une scierie pour valoriser la forêt provençale
Le deuxième projet, qui devrait voir le jour, est une grosse scierie industrielle qui occupera une surface de deux ou trois hectares. « Elle utilisera du bois local car le pin d'Alep a été récemment labellisé bois de construction. Ce qui signifie que la forêt provençale peut désormais être valorisée. Les déchets de bois de cette scierie serviront pour la biomasse. La production électrique de la biomasse génère de la chaleur qui est utilisée par la scierie pour sécher le bois. Nous sommes vraiment dans l’économie circulaire industrielle », précise Jean-Pascal Gournes.
Le réseau de chaleur Canthep
« Ce projet Canthep est plus aléatoire puisqu’il dépendra essentiellement de la ville d’Aix-en-Provence qui récupère la compétence réseau de chaleur de la métropole Aix-Marseille-Provence, sachant que la délégation de service public de la chaudière bois de la Zone d'urbanisation prioritaire (ZUP) d'Encagnane arrive à terme et que des extensions de réseaux de chaleur sont prévus sur les nouveaux quartiers à l’ouest de la ville », souligne l'édile.
La question est de savoir si Aix-en-Provence souhaite construire une nouvelle petite chaudière bois, avec tous les désagréments en termes de bilan de pollution et particules fines, ou utilisera-t-elle la chaleur produite à dix kilomètres de là et en quantité inépuisable ? C’est ce qui conditionnera le succès du projet Canthep, porté en partenariat par GazelEnergie et Engie est estimé à 45 M€ avec une vingtaine d’emplois à la clef. Si ce projet abouti, le maire de Meyreuil envisage une extension sur le réseau de sa commune. Le maire de Gardanne est également intéressé.
Des entreprises de haute technologie pourraient s’implanter
D'autres entreprises sont intéressées pour s'installer sur le site à l'instar de Nawa Technologies, qui commerciale des batteries à recharge rapide et à forte autonomie et qui est en pourparlers avec GazelEnergie pour l’implantation de son usine de fabrication. Jean-Pascal Gournes conclut : « D’autres projets sont plus confidentiels. Je ne peux pas encore en parler, mais il y a vraiment des entreprises de haute technologie qui pourraient s’implanter sur ce site ».