Soixante œuvres d’Yves Klein sont présentées pour la première fois à Aix-en Provence. Le résultat de huit années d’un travail varié et prolifique. Découvrir l’exposition qui lui est a consacrée à l’Hôtel de Caumont, jusqu'au 26 mars 2023, c’est entrer dans une dimension différente, c’est inviter l’émotion. Assister aux débuts de l’artiste, découvrir ses relations avec ses parents, eux-mêmes artistes, avec ses modèles, ses collaboratrices, ses amis, son rapport à la religion et à la spiritualité… jusqu’à son aspiration vers l’immatériel. On s’y promène. On aimerait s’y perdre. L’œil s’attarde longtemps sur les grands monochromes bleus, ces témoins d’une volonté affirmée de dépasser l’art, d’aller plus loin, d’atteindre la matière, le charnel. Puis le regard est attiré par le rose, par l’or. Autres couleurs, autres monochromes, même densité. On s’arrête encore devant les peintures de feu, cartons brûlés, « douceur et torture, cuisine et apocalypse », on voudrait toucher la matière qui emplit l’espace. Celle-là même des éponges, des rouleaux de peinture qui fascinent l’artiste par leur capacité à s’imprégner, à participer, à prendre l’essence de l’oeuvre. Texture, profondeur, empreintes. Chair à nouveau. Volonté de ressentir la chair sans la montrer.
Autour de la peinture
Et puis il y a aussi les photographies, les films, la musique. On perçoit ce désir d’évasion, ce dépassement de soi, on note l’importance du judo dont la discipline, la rigueur, l’énergie sont autant de règles de vie. On découvre ses origines familiales, ses amis. Ils s’appellent Arman, Tinguely, Restany, Claude Pascal. L’Hôtel de Caumont met en relief les conditions matérielles de son travail et ses relations aux femmes, ces corps magnifiques et nus qui deviennent les pinceaux humains des anthropométries. La symphonie Monoton-Silence, composée par l’artiste en 1960, résonne tout au long de la visite. Puis, c’est déjà la fin. On hésite à partir. Alors on s’arrête un peu plus longuement face au portrait relief de l’ami Claude Pascal et l’on relit encore une fois cette petite phrase que l’artiste nous offre en partage, comme le plus éclatant des sourires : « Un peintre doit peindre un seul chef d’œuvre : lui-même ».
Yves Klein intime, jusqu’au 26 mars 2023 à Aix-en-Provence, Hôtel de Caumont Centre d’Art.