« C’est la publication des bans », a lâché le maire de Meyreuil, Jean-Pascal Gournes, lors de la présentation sur sa commune, le 7 septembre, du lancement prochain de la concertation publique du projet Hynovera du groupe Hy2Gen, né en 2017, dont le siège est basé en Allemagne. L’élu a rappelé que l’idée de reconvertir la centrale thermique de Provence, du charbon vers la filière hydrogène, est née et a été discutée avec Gazel Energie, son exploitant, dans sa mairie, après la décision du président de la République en 2018 de la fermer.
Réunions publiques, ateliers, tables rondes, expositions et échanges sur le terrain de cinq communes (Meyreuil, Gardanne, Bouc-Bel-Air, Fuveau et Aix-en-Provence) se tiendront du 19 septembre au 21 novembre, avec la volonté d’ouvrir grand la porte au débat avec les citoyens. L’opération se déroule sous l’égide de la Commission Nationale du Débat Public. Deux garants ont été désignés pour veiller à la transparence et la bonne tenue des rencontres, Vincent Delcroix et Philippe Quévremont. « Cette concertation doit permettre d’éclairer le maître d’ouvrage, en lui donnant l’opportunité d’entendre ce que le public a à dire, qu’il soit d’accord, en désaccord ou qu’il ait des propositions alternatives à formuler. Un principe d’égalité s’impose dans toutes les expressions, nous y veillerons dans la neutralité et l’indépendance », assure Vincent Delcroix.
Gardanne : l’avenir de la centrale se dévoile peu à peu
Intégré dans le Pacte de Territoire pour la transition écologique et industrielle du territoire Gardanne-Meyreuil, conclu en décembre 2020, Hynovera ambitionne de produire des carburants renouvelables (kérosène, diesel, méthanol) à partir d’hydrogène renouvelable et de biomasse forestière (plaquettes de bois, à raison de 500 à 600 tonnes par jour) en vue de servir à terme les besoins des transports aériens et maritimes. Il doit se déployer sur six hectares pour la production et le stockage (10 % du site actuel de la centrale), L’investissement global est évalué à 460 M€, privés principalement et publics.
« La construction devrait prendre au moins deux ans, une fois les procédures achevées et les autorisations obtenues. Nous programmons un démarrage en 2027. Nous prévoyons une première tranche de 330/340 M€ pour la production de kérosène et de diesel, puis une seconde pour le méthanol, explique Cyril Dufau-Sansot, président d’Hy2Gen France. L’usage local de ces carburants sera privilégié. »
Les études de faisabilité devraient être achevées à la fin de l’année, selon le chef de projet d’Hy2Gen France, Denis Grisoni. Environ 50 emplois directs et 150 emplois indirects sont annoncés.
Diversifier les modes d’expression
Dans un souci de bien prendre en compte toutes les opinions, la réunion publique du 20 octobre sera dédiée à la présentation d’éventuels projets alternatifs et/ou complémentaires. Sur le secteur, la reconversion strictement industrielle ne fait pas forcément l'unanimité. Les autres rencontres plancheront sur l’intérêt des carburants renouvelables pour la transition énergétique, l’organisation des approvisionnements en biomasse ou les impacts et risques des installations.
Le site internet de la concertation facilitera l’accès au calendrier des réunions, aux informations du dossier et permettra d’adresser des questions et d’obtenir des réponses en ligne. Le dépôt de "cahiers d’acteurs", résumés de contributions collectives à la concertation, sera également possible. « Nous sommes sur ce projet depuis presque quatre ans, nous avons vraiment l’intention d’aller au bout, en regardant toutes les synergies à développer pour un renouveau décarboné du site », ajoute Cyril Dufau-Sansot.