Quand le gouvernement gâche la fête… Si les chiffres de la conjoncture sont plutôt bien orientés selon le dernier bilan semestriel de l'Observatoire immobilier de Provence (OIP), les professionnels du secteur s'inquiètent des annonces gouvernementales qui visent à réduire drastiquement les aides au logement : « Les estimations portent sur la perte de près de 13 000 emplois sur la région Provence-Alpes-Côte d'Azur et de 6 500 emplois sur les Bouches-du-Rhône », s'alarme Christian de Bénazé. Et le président de l'OIP de dénoncer l'ombre de Bercy derrière ces annonces : « Ce n'est pas une réforme du logement mais une réforme budgétaire voulue par le ministère des Finances ! ». La pilule passe d'autant plus mal que la plupart des clignotants sont revenus au vert.
« Entre juin 2016 et juin 2017, les transactions dans l'ancien ont progressé de 15,7 % dans les Bouches-du-Rhône, de 7 303 à 8 410 ventes », observe Jean-Luc Maître de la Chambre des notaires des Bouches-du-Rhône. En début d'année, le ralentissement de la chute des prix s'est confirmé : « l'essentiel des transactions portent sur des biens d'une valeur inférieure à 250 000 euros », constate Didier Bertrand. Le président de la Fnaim 13* s'inquiète cependant du manque d'offre sur les biens les plus recherchés : maisons de ville avec petit extérieur, T2/T3… une raréfaction qui risque de tirer les prix vers le haut.
Le neuf a retrouvé des couleurs
Dans le neuf, la météo est également au beau fixe avec des hausses de l'offre nouvelle (+ 43 %) et des réservations (+ 30 %). Ces bons chiffres rejaillissent sur « l'offre commerciale elle aussi en hausse de 6 % », indique Stéphane Pérez, président de la Fédération des promoteurs immobiliers de Provence (FPI Provence). Et les prix repartent à la hausse : à 4 003 euros le mètre carré habitable hors parking, les prix des logements collectifs (TVA 20 %) ont progressé de 4 % sur un an dans le département.
L'écart entre Marseille et Aix-en-Provence reste conséquent. Si l'offre nouvelle progresse dans les deux villes (+ 41 % à Marseille et + 30 % à Aix), les prix ne suivent pas la même tendance : alors qu'ils ont augmenté de 10 % sur Aix, à 4 831 euros le mètre carré habitable pour un logement en TVA 20 %, ils ont stagné à Marseille à 3 920 euros le mètre carré.
Les HLM inquiets pour le futur
Dans le logement social, on regarde les résultats avec une pointe de nostalgie. « Avec 5 200 logements sociaux agréés et 3 300 livrés par les seuls opérateurs HLM, 2016 s'est inscrit comme une année historique dans les Bouches-du-Rhône », remarque Bernard Oliver, le président de l'Association régionale des organismes HLM Paca-Corse. Mais ce dernier s'inquiète de la baisse des APL** prévue dans le projet de loi de finances 2018. Une baisse dont le poids serait intégralement supporté par les bailleurs. « A raison de 20 000 euros de fonds propres investis en moyenne par logement supplémentaire, la réduction des loyers HLM exigée par le gouvernement représenterait chaque année l'équivalent de 2 775 logements non produits, soit environ la moitié du volume d'activité actuellement constaté », relève Bernard Oliver.
Le parc locatif privé sous tension
Le parc locatif privé, de son côté, est sous tension « du fait du report de la demande locative sociale insatisfaite qui s'abat sur lui », note Thierry Moallic, le directeur de l'Adil 13***. Le marché reste très contrasté avec des prix des loyers allant de 14,9 euros/mètre carré en moyenne à Aix à 10,2 euros sur Arles. A Marseille, les loyers se replient plus vite qu'ailleurs, de 1 à 10 % suivant l'ancienneté du locataire sortant, la typologie, l'entretien du bien et sa situation. En 2017, le niveau du loyer moyen sur l'ensemble du marché phocéen est de 12,1 euros/mètre carré, en recul de 1,7 %, selon l'Unis (Union des syndicats de l'immobilier).
* Fédération nationale de l'immobilier des Bouches-du-Rhône.
** Aide personnalisée au logement.
*** Association départementale d'information sur le logement des Bouches-du-Rhône.