Les Nouvelles Publications : Un cliché voudrait que les métiers de votre secteur soient plus pénibles que les autres...
Isabelle Lonchampt: Ces vingt dernières années il y a eu des évolutions importantes qui ont modifié la donne : la pénibilité sur certaines tâches est de plus en plus réduite grâce à la mécanisation, la conception des contenants de matières premières est plus adaptée et la transformation numérique permet de réduire les efforts. On construit les bâtiments du futur et nous sommes clairement dans la génération #jebâtis 2.0. Si nos métiers ne changent pas fondamentalement, l’innovation permet d’améliorer de manière conséquente les conditions de travail. C’est ma génération qui a vu émerger cela et l’évolution est de plus en plus rapide.
Quelles sont les évolutions significatives dans le secteur ?
Elles sont autant techniques que conceptuelles : nous préparons les chantiers en réfléchissant aux conditions de travail de nos collaborateurs, en anticipant l’économie de manutention notamment. Ensuite, il y a une évolution technologique importante, dont l’emploi permet des répercussions immédiates : les lunettes connectées évitent les déplacements, les semelles connectées améliorent la sécurité, les exosquelettes assurent le maniement de certaines charges, les robots assistent le personnel dans les tâches répétitives…
Le bâtiment serait-il devenu un métier comme les autres ?
Évidemment non ! Ça reste un métier de passionnés, atypique dans le monde économique. Nous subissons comme d’autres métiers les conditions climatiques, la contrainte du travail en extérieur. Sortir des bâtiments de terre demeure un métier à part, même si l’évolution technologique permet de le vivre avec plus de facilités.
QVT : les chefs d'entreprise livrent leurs recettes
La QVT, c’est aussi l’évolution des méthodes de management. Quelles sont vos actions en tant qu’entrepreneur et en tant que présidente de BTP13 ?
Dans le BTP, on conserve une tradition de moments conviviaux avec les équipes, parce que la majorité des entreprises sont des PME. Elles ont cette culture, avec les chefs d’entreprise qui lancent le chantier chaque matin, les repas sur le chantier, les fins de chantier. Nous profitons d’une proximité exceptionnelle. Je trouve qu’en entrant dans le cadre des interactions internes qu’exige la RSE, on retrouve quelque chose qu’on avait perdu pendant des années : le sens de l’humain. Aujourd’hui, on revient au bon sens du travail en équipe et aux échanges que cela implique. Nous proposons aussi à la BTP 13 certaines formations, comme le « lean management », qui valorise le travail des salariés et qui crée du lien entre toutes les composantes des équipes.
Vous qui avez beaucoup travaillé dans le domaine de l’insertion au sein de la FBTP13, comment adapter le management envers les jeunes ?
L’ascenseur social fonctionne dans nos métiers et il fonctionnera toujours. La transmission du travail manuel reste primordiale. L’insertion se fait, souvent, avec des jeunes qui étaient pendant un temps éloignés de l’emploi. Avec eux, on effectue un accompagnement plus personnalisé, on conçoit des formations plus adaptées. La psychologie du candidat entre en compte, dans les notions de travail en équipe, comme de l’intégration dans une entreprise. Cette implication demande plus de temps et d’écoute.
Au niveau de l’insertion des jeunes, on a monté au sein de la fédération deux structures spécialisées GEC BTP 13 Méditerranée et BTP Emploi. Elles nous permettent de réaliser un accompagnement adéquat envers ces publics, qui correspond aussi aux objectifs qui nous sont donnés dans le cadre de la RSE. Tout cela, on peut le découvrir dans le Village BTP & Co, un lieu unique de recrutement et d’information autour du BTP, qui vient d’ouvrir sur Euroméditerranée et qui vient d’être inauguré le mois dernier.
Conseil du chef : « La question doit toujours être : que peut-on mettre en place pour faciliter le travail de nos compagnons ? »