AccueilEconomieIstres passe en mode « aéro du futur »

Istres passe en mode « aéro du futur »

A quoi ressembleront les avions dans quinze ou vingt ans ? Sous l'impulsion du programme européen de R&D « Clean Sky », constructeurs et équipementiers sont à l'œuvre. Avec le banc d'essai de son démonstrateur Open Rotor, Safran esquisse à Istres l'une de ces pistes d'avenir.
Le banc d'essai et l'Open Rotor, en test depuis mai.
Eric Drouin - Safran - Le banc d'essai et l'Open Rotor, en test depuis mai.

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L'expansion du transport aérien nécessitera demain des appareils plus performants, plus propres, plus économes, pour ne pas aggraver la pollution de la planète. Entre les grands industriels de l'aéronautique, la bataille s'avère impitoyable dans la prise de parts de marché. En Europe, le programme de R&D « Clean Sky » soutient leurs innovations. En test depuis mai dernier à Istres, le démonstrateur technologique de moteur « Open Rotor » a mobilisé 200 millions d'euros d'investissements entre Safran Aircraft Engines, pilote du projet, et ses partenaires, dont 65 millions d'euros financés par la Commission européenne.

Pour la Provence, Safran a dépensé 15 millions d'euros pour se doter d'un banc d'essai unique sur le continent. Edifiée en deux ans, l'installation, située sur la base 125, a été présentée le 3 octobre à des centaines d'invités et salariés. Le staff dirigeant du groupe voulait célébrer les premières rotations de ce moteur dont l'entrée en service se projette au-delà de 2030.

L'ancien banc d'essai reste utilisé pour les moteurs Silvercrest de l'avion d'affaires F5X de Dassault Aviation et l'Hémisphère de Cessna Aviation.

« La base de Safran à Istres emploie 150 personnes dont une centaine d'ingénieurs et techniciens dédiés aux essais. Depuis 2013, 45 personnes ont renforcé les équipes. Les promesses de recrutements et de collaboration avec le tissu entrepreneurial local ont été tenues » explique Guy Christophe, directeur du site istréen de Safran Aircraft Engines et successeur d'Olivier Mahias qui s'était battu auprès de sa hiérarchie pour qu'elle n'implante pas le projet ailleurs.

Choix osé

« A ce jour, nous avons testé l'Open Rotor à 65 % de sa puissance, l'objectif étant de le pousser jusqu'à son maximum d'ici à la fin 2017, confie Pierre-Emmanuel Serra, ingénieur d'essai moteur de Safran Aircraft Engines. Une cinquantaine de démarrages ont été opérés depuis mai. » Les deux hélices ont un diamètre voisin de quatre mètres. Elles tournent dans un sens inverse l'une de l'autre.

Mais l'Open Rotor surprend surtout par son absence de carénage. Safran admet que le choix technique, conçu pour accroître le rendement, est osé. « Cette voie de rupture résulte de dix ans de recherches, précise Stéphane Cueille, directeur R&T et Innovation de Safran. Nous mettrons ses résultats sur la table avec les avionneurs et nous nous adapterons à leurs besoins. A plus courte échéance, nous pouvons développer une architecture moins en rupture, en configuration carénée, avec l'UHBR*. Un moteur qui sera également testé à Istres. » « Le premier avionneur qui est prêt à prendre le pari emportera le morceau. Mais si le baril de pétrole reste à 50 dollars, oseront-ils aller vers une technologie de rupture ? » interroge Philippe Petitcolin, directeur général de Safran.

Ecosystème renforcé

Les acteurs du territoire se réjouissent qu'un tel programme d'essais se concrétise en Provence.

« Il enrichit encore l'écosystème déjà dense de la base aérienne. C'est un essor supplémentaire pour Istres alors qu'émerge parallèlement le pôle aéronautique avec les dirigeables et plateformes stratosphériques » indique François Bernardini, le maire de la commune.

Philippe Maurizot, conseiller régional, se félicite du « partenariat efficace » des pouvoirs publics pour accompagner financièrement l'implantation d'un projet qui conforte la première filière industrielle de Provence-Alpes-Côte d'Azur. Quant au préfet de région, Stéphane Bouillon, il a marqué les esprits en rendant hommage dès son introduction aux ingénieurs : « De tels projets ne réussiraient pas sans leur investissement » a-t-il insisté.

En 2016, Safran a déposé 850 brevets et investi 1,7 milliard d'euros en R&D.

* L'Ultra High By pass Ratio (UHBR) est une autre architecture sur laquelle Safran Aircraft Engines mène des études.

Chiffres-clés du banc d'essai

15 millions d'euros d'investissement
80 000 m2 de surface
18 mètres de haut et 4 mètres de diamètre à la base du pylône
660 m2 de bâtiment de contrôle
1 200 lignes de mesures

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