Les Nouvelles Publications : Pourquoi avoir décidé de lancer un fonds dédié aux entreprises de l’économie sociale et solidaire ?
Jean Ticory : Le véhicule d’investissement invESS’t Provence-Alpes-Côte d’Azur dédié à l’économie sociale et solidaire (ESS) a été créé à l’initiative de la Chambre régionale de l’économie sociale et solidaire de la région Paca (CRESS Provence-Alpes-Côte d’Azur) dont le siège est à Marseille. Nous avons décidé de créer un fonds unique en région pour les entreprises de l’ESS, car une partie de leurs besoins n’était pas couverte par les dispositifs existants, les acteurs historiques du financement. Il s’agit d’un outil de « haut de bilan » qui peut venir en complément d’autres sources de financement.
Qui sont les différents acteurs de ce fonds ?
La CRESS Paca est à l’origine de ce fonds et nous en avons défini les contours. En termes de fonctionnement opérationnel, la Chambre régionale pilote l’animation du comité de sélection des dossiers. Côté gestion de ce fonds de « proximité », nous avons choisi la société de gestion A Plus Finance pour son implantation régionale (Marseille) et sa connaissance approfondie du terrain et de ce type de sujet.
Nous avons ensuite lancé une levée de fonds, à partir de fin 2019, pour doter cet outil d’une somme conséquente. Elle est actuellement de 10 M€. Les investisseurs qui ont participé à cette opération ont fait le choix de financer des entreprises ayant un rendement attendu limité, en contrepartie de leur engagement dans l’ESS. Il s’agit d’AESIO Mutuelle, d’Abeille Assurances (anciennemment Aviva), de la Banque des Territoires, de BNP Paribas, du Canal de Provence, de la Cepac Caisse d’Épargne, du Crédit Mutuel Méditerranéen, de Fastt, mais aussi du Groupe Macif et de Solimut Mutuelle de France.
Quelles sont vos règles de fonctionnement ?
Le « deal flow » ou flux d’affaires potentielles provient majoritairement de la CRESS Paca, des investisseurs et de la société de gestion financière. Les règles de sélection sont strictes. Nous disposons d’un comité de sélection qui valide l’appartenance du projet à l’univers de l’ESS. Les critères sont la finalité du projet, ses modalités (par exemple, la gouvernance de l’entreprise) et ses externalités (vérifier que les impacts du projet ne sont pas en contradiction avec les valeurs de l’ESS).
Pour être retenu, le projet doit cocher suffisamment de cases et il doit aussi absolument avoir validé son modèle économique et être en phase de développement. Une fois que le comité valide un projet, c’est au tour d’A Plus Finance d’intervenir pour la négociation (juridique, économique, financière).
Quel est votre bilan après un an d’activité du fonds ?
Nous avons analysé une centaine de dossiers. 24 ont été présentés au comité de sélection. Trois ont été finalisés, quatre ou cinq le seront d’ici fin 2022. 50% des dossiers présentés sont en cours de suivi, en espérant des évolutions.
Le fonds InvESS’t Paca investit dans La Plateforme
Les refus que nous prononçons concernent bien souventla maturité de l’entreprise. Nous finançons le développement de l’entreprise, elle doit avoir franchi certains caps. Le deuxième sujet concerne le financement lui-même. Le fonds investit dans les entreprises de l’ESS qui présentent un potentiel de développement. Il a pour vocation d’accompagner en fonds propres, quasi-fonds propres et outils de dette des entreprises de l’économie sociale et solidaire, quelles que soient leurs structures juridiques (sociétés commerciales, coopératives, associations…). Pour rappel, nous investissons via des actions, titres associatifs, obligations convertibles dans les entreprises de 10 salariés minimum. Notre ticket est compris entre 150 k€ et 700 k€.
Nous sommes très satisfaits des débuts d’invESS’t Provence-Alpes-Côte d’Azur. Et nous sommes confiants pour l’avenir. Du reste, nous souhaitons que d’autres régions développent un outil similaire. Nous sommes à leur disposition pour partager notre expérience en la matière, au service des entreprises.
Le conseil du financeur : « La société doit impérativement présenter des perspectives de croissance et porter les valeurs de l’économie sociale et solidaire pour être retenue. »