Les Nouvelles Publications : Votre sœur et vous-même, avez-vous eu le choix de ne pas rejoindre Marius Fabre ?
Julie Bousquet-Fabre : Bien sûr ! Nous avons eu la chance de n'avoir aucune pression familiale. Il était important pour nous deux de faire nos armes ailleurs, d'être indépendantes. Personne ne nous a obligés à prendre la suite de nos parents.
N. P. : Ce n'est pas compliqué de travailler en famille ?
J. B-F. : Pas du tout, c'est bien plus qu'un travail ici ! C'est un peu ma maison de famille ! Ma mère est venue travailler avec mon grand-père quand j'avais un an. Nous sommes toujours venues ici. Ces locaux datent de 1927, année durant laquelle Marius a déménagé l'entreprise. Tout est resté dans le jus vous verrez ! On baigne dans cette histoire depuis toujours. Les choses se passent donc de façon évidente et naturelle, d'autant que c'est vraiment par choix que nous travaillons aux côtés de nos parents. Ma deuxième sœur, Anna, travaille aussi avec nous, mais depuis Paris, où elle est graphiste free-lance. Les grandes décisions ou évolutions se vivent toujours ensemble...
N. P. : Vous êtes investie dans la défense du savon de Marseille. A quoi reconnaît-on le vrai ?
J. B.-F. : Il faut déjà savoir que nous ne sommes plus que quatre maîtres savonniers dans le département, contre 15 à Salon du temps de mon grand-père et une centaine à Marseille. Un savon de Marseille n'est jamais coloré ! C'est une règle de base. Il doit être dans la gamme du blanc/beige au vert sapin. Ensuite, il suffit de lire l'étiquette des composants. Ils ne sont pas plus de 6 ou 7. Autre condition, moins visible bien sûr, il s'agit du procédé de fabrication. Le savon de Marseille se cuit à ciel ouvert, selon le traditionnel procédé marseillais. Enfin, il doit être fabriqué à Marseille, ou sur le territoire. Il faut savoir qu'il n'y a pas d'école pour devenir maître savonnier. C'est l'école de la transmission.
N. P. : Où êtes-vous vendus dans le département ?
J. B.-F. : Nous sommes chez Maison Empereur et à la librairie des Arcenaulx. Nous sommes aussi depuis quelques années chez Truffaut, Botanic et Castorama. En revanche, il est hors de question d'être dans un hypermarché.
N. P. : Pourquoi ? Le savon est populaire, tout comme la clientèle des hypers ?
J. B.-F. : Bien sûr ! Mais aujourd'hui, populaire ne rime pas souvent avec qualité. Nous ne voulons pas sacrifier l'exigence de notre produit, à des contraintes de la grande distribution.
N. P. : Vous ne semblez pas chercher à développer outre mesure le chiffre d'affaires ?
J. B.-F. : C'est vrai. Mais je crois que dans une entreprise familiale, personne ne cherche à faire du profit. On travaille plutôt dans la préservation d'un savoir-faire, la transmission d'une histoire.
L'intégralité de l'interview est à lire dans le n°9835 des Nouvelles Publications (paru le 20/03/2015)
Le site de la savonnerie Marius Fabre
Les 30 et 31 mai, la savonnerie Marius Fabre fête ses 115 ans dans ses locaux salonnais. Au programme : visite des ateliers de fabrication, spectacles de bulles géantes, manège écolo, pyramides de savons et ateliers de création. Plus d'informations sur le site internet de la savonnerie.
La savonnerie en chiffres
115 ans d'existence
1.000 tonnes de savon par an produites
14 jours sont nécessaires à la fabrication du savon de Marseille
6.267.000 € de chiffre d'affaires en 2013
8 chaudrons à ciel ouvert
11 gammes pour l'hygiène quotidienne, la cosmétique, l'entretien de la maison, la protection du jardin, le spa et le hammam
72% d'huiles extra pures
100% d'huiles végétales
1900 année où le jeune Marius Fabre, 22 ans, crée sa savonnerie au fond de son jardin, à Salon-de-Provence