C'est dans les effluves puissantes du cacao colombien d'une chocolaterie artisanale nouvellement installée au centre-ville de Marseille, la Baleine à cabosse, que les responsables de l'Agam et de la Chambre de métiers et de l'artisanat de région Provence-Alpes-Côte d'Azur ont choisi de dévoiler les résultats d'une étude menée sur l'artisanat à Marseille et dans la métropole Aix-Marseille Provence. De l'urbanisme au chocolat, le pas a été aisément franchi pour démontrer combien celui-ci pouvait être un moteur non seulement économique mais aussi urbain. A l'heure où se pose en particulier la question de la redynamisation des centres villes, l'analyse tombe à point nommé.
Les 23% d'établissements métropolitains artisanaux et surtout les 43% de ceux du tissu économique de la cité phocéenne [15 600 établissements en tout, 18 800 emplois, NDLR] suffisent aux yeux de Monique Cassar, présidente de la délégation 13 de la Chambre de métiers et de l'artisanat de région Paca, pour souligner combien l'artisanat reste essentiel. Plus précisément encore, 47% des artisans marseillais œuvrent dans le secteur de la construction, 22% dans l'artisanat dit de proximité ou de service (coiffeur, métiers de bouche…), et enfin, 12% dans l'artisanat créatif avec une myriade de spécificités, et plus particulièrement à Marseille dans la mode et l'ameublement.
Un lien fort avec la ville
Surtout, il ressort de cette analyse croisée entre questions économiques et enjeux urbains, que « c'est un secteur d'activité en lien très fort avec la ville. Un excellent vecteur d'emploi et d'attractivité, confirme l'auteur de l'étude, qui a la capacité à s'inscrire dans les mutations en cours, technologiques, avec l'e-commerce, ou quand on voit notamment revenir en ville des activités, comme celle des brasseurs [de bière, NDLR] par exemple, qui avaient rejetées en périphérie. »
Une opportunité selon lui pour la cité phocéenne qui « dispose d'un parc de locaux pas forcément très chers ». L'opportunité est d'autant plus belle qu'il y a, dans les Bouches-du-Rhône, « 7 000 artisans qui s'apprêtent à transmettre », a noté pour sa part la présidente de l'Agam et adjointe au maire de Marseille en charge de l'urbanisme, Laure-Agnès Caradec. Ce sont aussi des métiers qui se réinventent, a-t-elle poursuivi, et qui peuvent s'inscrire dans la ville créative sur laquelle il faut travailler aujourd'hui car l'attractivité économique n'existe pas sans attractivité culturelle, événementielle et artistique.
« Il faut donc que nous, élus, changions nos logiciels urbains. Il faut arrêter ces vieux concepts de zones d'activité et raisonner plutôt en terme de zones commerciales urbaines à l'exemple de Rotterdam, aux Pays-Bas, qui a dédié tout un parcours en centre-ville à l'artisanat », a promis celle qui est aussi conseillère départementale, présidente d'Euroméditerranée et… urbaniste de formation.
* Agence d'urbanisme de l'agglomération marseillaise