L’histoire débute en 1987 lorsque trois copains du lycée Victor Hugo dans les quartiers Nord de Marseille décident de créer un club de supporters pour animer le virage Nord du stade Vélodrome les soirs de matchs de l’OM, comme le font déjà les Ultras, fondés en 1984, du côté Sud. A leur tête, un jeune garçon qui se révèlera être un leader : Lionel Tonini. Si le feu sacré l’a quitté en 2009, le leader de la Yankee Nord Army bleue et blanche a cependant eu envie de se replonger dans ses souvenirs en 2012, à l’occasion des 25 ans de la création du groupe de supporters devenu une véritable institution.
Pour conter cette aventure, Lionel Tonini a fait appel à son complice Michel Caire, rédacteur en chef de destimed.fr, le site où celui qui a tenu le mégaphone durant de longues années sévit désormais clavier sous les doigts dans sa chronique « Vu du virage ». L’ouvrage, écrit à quatre mains, nous offre une plongée au cœur des grandes heures de l’OM, de la cruelle main de Vata aux quatre finales de Coupe d’Europe du club phocéen, sans oublier les titres nationaux de l’ère Tapie ou les deux saisons en D2 au milieu des années 1990. Mais tout autant que des récits footballistiques, le livre retrace une aventure humaine teintée de rencontres insolites aux quatre coins de l’Europe et même au Brésil, la terre du ballon rond.
Une saga familiale aussi, dans laquelle Lionel et son frère Michel ont entraîné leur mère, Danielle, disparue le 10 octobre 2002, dont une fresque a immortalisé la mémoire jusqu’aux travaux du nouveau stade Vélodrome, et même leur père, un supporter des Verts converti à la religion olympienne.
Le livre en main, le lecteur a l’impression de converser avec Lionel sur un bout de comptoir du bar « Le Bretagne », le repaire des Yankee à La Joliette durant de longues années, un verre de Ricard à la main. Au travers de nombreuses anecdotes, le livre raconte aussi l’OM, plus qu’un club de football, un véritable phénomène de société dans la cité phocéenne.
Et si le récit se veut léger et sans prétention, il n’en est pas moins teinté d’émotions, de pudeur et de valeurs à l’heure d’évoquer ceux qui sont partis, mais aussi un football qui n’est plus tout à fait le même aujourd’hui. Rythmé par les témoignages de grands noms de ce quart de siècle phocéen (Michel Hidalgo, Pape Diouf ou Patrice Blondeau), « Droit au virage » offre un retour sur cette époque, pas si lointaine, où les supporters ont décidé de devenir des acteurs du spectacle du sport numéro 1 au monde.
Droit au virage de Lionel Tonini, Eanna éditions