Jean-Luc Chauvin, président de la Chambre de commerce et d'industrie Aix-Marseille Provence (CCIAMP), se réjouit de la « résilience » des entreprises provençales mais il reste vigilant pour cette année 2023, ainsi qu’il a affirmé à la presse, lors de ses vœux le 27 janvier au Palais de la Bourse. « Soyons lucides, l’incertitude est bien là et les nuages s’amoncellent mois après mois », confie-t-il, en soulignant le recul global du niveau des marges, la persistance des difficultés de recrutement dans tous les métiers qui freine certains développements, les risques de perte de compétitivité et de fragilisation de la demande qu’engendreraient des hausses de tarifs pour s’adapter à l’inflation, le manque de visibilité sur les coûts et la disponibilité des énergies…
« Et pourtant, 62 % des entrepreneurs témoignent d’une confiance solide dans leur entreprise pour aborder l’avenir. Ils nous encouragent à rester combatifs. Nous œuvrons dans cet esprit et nos missions sont appréciées : 83 % des entreprises qui utilisent nos prestations se disent satisfaites. Nous ferons plus et mieux en 2023 », promet-il, déterminé à ce que la Chambre reste par réflexe, face à une problématique à résoudre, « le centre de ressources » des dirigeants mais aussi un interlocuteur avisé de l’Etat, des collectivités, pour tous les projets appelés à transformer le territoire. La CCIAMP s’adresse à 134 000 ressortissants. En 2022, près de 20 000 ont sollicité ses agences et équipes, plus de 7 000 par voie numérique et 32 142 appels téléphoniques ont été traités.
Interlocuteur sur tous les fronts
Dans son rôle d’éclairage et d’orientation, Jean-Luc Chauvin rappelle que la Chambre reste la plus apte à décrypter les dispositifs d’aide aux entreprises, proposés par l’Etat ou les collectivités territoriales, pour mettre en place aussi des diagnostics précis sur la chasse aux économies d’énergie, pour chercher des pistes de financement ou se sortir des incohérences du nouveau Guichet unique Inpi pour déclarer créations, modifications ou cessations… « Avec "Tous acteurs", 144 partenaires de la CCIAMP font jouer leurs complémentarités pour démultiplier les contacts. Aucune CCI en France n’atteint un réseau d’une telle ampleur », précise-t-il.
Guichet unique Inpi : la CCIAMP met en place une "plateforme d’urgence"
Il évoque aussi le soutien apporté en matière de prospection à l’international, en particulier sur l’Afrique, avec une progression de 20 % du nombre d’adhérents d’Africalink, dans la lutte contre le chômage ou encore dans la création d’entreprise (Carrefour de l’entrepreneuriat, Capital Jeunes Créateurs…) et jusque dans l’accompagnement à la redynamisation économique des communes, grâce aux contrats de partenariats d’action municipale. Il promet d’accélérer sur la prévention des risques liés à l’augmentation des cyber-attaques. « Elles ont explosé dans tous les secteurs et ça ne va pas diminuer avec le contexte international. Avec notre rIAlity Lab, avec Medinsoft, nous multiplions les formations, les webinaires, pour les aider à se prémunir. »
Batailler pour accueillir l’industrie de demain
Quant à sa vision de l’expansion du territoire, le président de la CCIAMP cible ses grandes priorités. A commencer par le Port de Marseille-Fos qu’il invite à se rapprocher du bassin lyonnais et de la Vallée du Rhône pour bâtir au Sud un pendant crédible à l’alliance des ports Le Havre-Rouen-Paris qui s’est constituée. Il s’y emploie avec les CCI concernées. « Ce qui importe, c’est la vision qu’on veut partager pour accroître le volume de marchandises et gagner des parts de marché en remontant jusqu’à l’Allemagne. »
Le port de Marseille-Fos redore ses couleurs face aux crises
Le port doit devenir également à ses yeux le point d’ancrage de l’industrie et des énergies décarbonées de demain. « Quand il y a un foncier industriel, il faut le sacraliser », dit-il, en souhaitant des synergies entre Gardanne et Fos et bien au-delà. « Tout part du client. Marseille, Toulon, Sète ne sont pas concurrents, mais complémentaires. C’est un jeu à somme nulle chaque fois que l’un prend un client à l’autre. L’Etat doit prendre ses responsabilités. »
Sur la mobilité qu’il qualifie de « talon d’Achille » de la Métropole, il revendique encore d’autres approches. « La zone d’Aix-les Milles est complètement oubliée, Fos n’a que deux lignes de bus… Ce n'est pas acceptable. Avançons sur la réalisation de ce RER métropolitainproposé il y a plus de cinq ans et dont le président de la République a repris l’idée. Trop de jeunes refusent un poste faute de pouvoir se déplacer, même le directeur de la RTM le reconnaît ! ».
Pour Jean-Luc Chauvin, la Coupe du monde de rugby, les JO de 2024 peuvent être « accélérateurs de visibilité ».
Rugby France 2023 : 300 M€ de retombées pour la région
Ce qui n’empêche pas de vouloir progresser sur des atouts déjà reconnus : « Avec 31 trophées remportés au CES de Las Vegas, le technopôle de l’Arbois est devenu le plus primé au monde. Il est le 4e mondial dans la cleantech. Faisons de ce site un creuset du Made in France de la réindustrialisation décarbonée et travaillons ensemble sur les moyens à mettre en place, avec l’Etat, la Région, la Métropole, pour qu’il intègre le top 3 ! ».
