Après l’utilisation du 49.3 pour la réforme des retraites, la colère monte dans les Bouches-du-Rhône. Devantures de magasins et de banques vandalisées jeudi soir, raffineries à l’arrêt, stations-services vidées à cause de la ruée sur les pompes ce week-end... Et de nouvelles perturbations et manifestations sont annoncées dans la semaine par les syndicats.
La CGT veut « tout leur reprendre »
Lors d’un rassemblement organisé à Marseille le 16 mars, Olivier Mateu, le secrétaire général de l'Union départementale CGT des Bouches-du-Rhône a appelé à un blocage de l'économie et à des grèves. « Camarade, le gouvernement a tenté de siffler la fin de la partie à travers la méthode la plus ignoble qui soit. On va le dire clairement, la fin de la partie ce sont les travailleurs qui la siffleront quand nous auront obtenu l’abrogation de la réforme », a lancé le leader syndicaliste devant les militants. Et de dernier de prévenir « sur le fait d’aller chercher l’argent dans les poches des milliardaires et de ceux qui se gavent » et « tout est à nous, on va tout leur reprendre ».
Puisque le gouvernement a usé du 49-3... Il n'y a plus de règle ! #Le49.3 pic.twitter.com/HqUIjUSiAJ
— UD CGT 13 (@UDCGT13) March 16, 2023
« La colère est là »
« La colère est là », a lancé Olivier Mateu. « L’intersyndicale a mené le conflit de manière très académique jusque-là, et elle a bien fait. Le gouvernement a choisi de bafouer toutes les règles. 49.3. Et bien des règles, il n'y en a plus ! Il faut des grèves de partout, tous les jours et dans tous les secteurs. »
« On n'a pas d'autre choix. Il faut de la grève, leur faire perdre de l'argent. Des grèves dans les ports, raffineries, incinérateurs. Des reconductions partout ! », a ajouté Olivier Mateu.
Dégradations sur la Canebière et rue Saint-Ferréol

Cette colère s’est traduite de façon brutale jeudi soir, où des symboles de l’économie ont été attaqués à Marseille. Débutée dans le calme, vers 18 heures devant la préfecture, la manifestation a dégénéré. Des devantures de magasins et des banques ont été dégradées du côté de la Canebière et de la rue Saint-Ferréol. Des poubelles ont aussi été brûlées.
Le siège de la CMA CGM envahi
En milieu de semaine, cette colère s’est aussi traduite par l’attaque d’un autre symbole marseillais des « superprofits » réalisés par certaines entreprises : la tour de la CMA CGM. Mercredi matin plusieursdizaines d'enseignants et de personnels de l'Éducation nationale ont débordé le service de sécurité de la CMA CGM pour pénétrer dans la tour de l’armateur marseillais. « De l’argent il y en a dans les caisses du patronat », ou « Saadé rend le blé » ont-ils chanté en tapant dans les mains et des casseroles.
Action et blocage de la tour de la compagnie maritime CMA-CGM (23,4 milliards d'euros de profits en 2022) à Marseille #greve15mars#grevedu15mars#BlocageDeLaFrancepic.twitter.com/Af2RINqRbc
— Anonyme Citoyen (@AnonymeCitoyen) March 15, 2023
Des coupures de courant
« Les travailleurs reprennent leur outil de travail » a lancé de son côté le 18 mars Sébastien Koch leader de la CGT Energie 13. « Il y a des baisses de charge dans toutes les productions hydrauliques thermiques, dans le nucléaire. La semaine dernière nous avons retiré 20 000 ma de la production nationale. Ce sont 20 000 mégawatts que le capital ne peut pas vendre » a déclaré Sébastien Koch. Le 14 mars, c’est La Provence qui a été victime d’une coupure de courant, dénoncée par Aurélien Viers le nouveau directeur de la rédaction. « Si on n’a pas le droit de les couper, on les coupe quand même. Et maintenant on essaie de nous intimider avec des arrestations arbitraires de camarades ». « La semaine dernière, il y a eu zéro mégawatt de produit dans les Bouches-du-Rhône. Les centrales de Fos de Martigues et de Gardanne étaient à l’arrêt », a rappelé le syndicaliste du secteur de l’énergie.
Pénuries de carburant : 25 % des stations-services des Bouches-du-Rhône sur la jauge
Dépôts de carburants et raffineries bloqués
Du côté des dépôts de carburant et des raffineries des Bouches-du-Rhône la situation se tend ; comme à la bioraffinerie TotalEnergies à La Mède, d’Esso à Fos et et Petroineos à Lavera. A La Mède le site est à l’arrêt depuis le sinistre du 7 mars. « La grève sera poursuivie jusqu’à la journée de mobilisation de jeudi prochain », a prévenu Fabien Cros, le délégué CGT. A Fos la raffinerie tourne encore mais n’expédie plus. A Lavera un arrêt progressif est annoncé à partir de lundi. Ces annonces ont provoqué un mouvement de crainte des automobilistes qui se sont rués sur les stations-services. De nombreuses pompes sont vides dans les Bouches-du-Rhône.
Retraites : les mobilisations et perturbations annoncées dans les Bouches-du-Rhône
De nouvelles mobilisations
« Camarades rendez-vous lundi à la Bourse du travail, on va les ruiner », a lancé samedi le syndicaliste de la CGT. « Ils n’auront jamais assez de geôles et de juges pour nous faire taire ! Qu’ils l’entendent bien » a-t-il prévenu. Et Olivier Matheu de menacer : « Mardi, c’est tout le département que l’on va passer en sobriété énergétique ! Ça va rouler doucement… mais doucement… ». « Nous allons leur filer la rouste y compris dans les urnes », a menacé Olivier Mateu.
La semaine s’annonce chaude sur le front social à Marseille.