Michel Morelli est le premier surpris de l’engouement qui se passe autour de son travail de chlorographe depuis quelques mois.
« J’ai toujours aimé la photo. J’ai suivi des cours à la fac d’Aix. J’aime capturer l’instant, des visages, des paysages, que ce soit plus jeune au sein de mes groupes de musique, dont je réalisais les visuels, ou à titre personnel. Il y a quelques années, j’ai voulu aller plus loin que la simple impression sur papier. J’ai choisi d’imprimer mes photos sur du bois. Mais je me suis vite lassé et c’est à ce moment-là que je me suis souvenu d’un cours sur la chlorographie. »
Sa nouvelle piste artistique pouvait alors commencer. « A contre-courant de l’époque actuelle, l’empreinte photographique au cœur des feuilles de végétaux, par l’utilisation de la photosensibilité de la chlorophylle, nous réapprend la patience. Cette approche nous emmène vers une connexion profonde à la nature, son harmonie et sa perfection. J’aime la fragilité de ce support et tenter de le rendre durable. »

Une technique éphémère
Pour réaliser une impression sur une feuille d’arbre, Michel Morelli imprime sa photo sur un transparent, qu’il glisse ensuite entre une plaque de verre et une feuille d’arbre. Il travaille sur différents formats, comme le platane, le lierre ou le mûrier platane. Il expose ce cadre à la lumière naturelle et laisse faire la nature. « Cela prend entre quelques heures et quelques jours, pour que le calque s’imprime sur la feuille. Tout dépend de l’intensité du soleil. Il s’agit d’un procédé alternatif d'impression photographique », précise Michel Morelli. Pour que la feuille ne se détériore pas, il la plonge, une fois imprimée, dans trois bains différents de sa composition (à base d’huiles essentielles). « Histoire de fixer l’ensemble dans le temps ». Il n’a pas encore le recul nécessaire pour savoir la durée maximale de conservation de ses feuilles imprimées. « Plus elles sont exposées à la lumière naturelle, plus elles se détériorent. L’idéal est de l’exposer chez soi dans un couloir par exemple. » Il sait déjà que, bien conservé, son travail tient deux ou trois ans.
Plongée dans le cosmos avec les Carrières de lumières aux Baux-de-Provence
Un passage télé remarqué
Si nous, nous l’avons découvert un peu par hasard sur Instagram, son passage dans l’émission « Ça pousse », sur France 5, lui a permis de développer sa notoriété, tout en augmentant sa communauté sur les réseaux sociaux. Il expose jusqu’à la fin de l’année à l’écomusée de Gardanne. A fait un passage aux Jardins passagers de La Villette, à Paris, au Centre international des arts en mouvement (CIAM), à Aix, expose bientôt à Boston.
Dans le département, son prochain grand rendez-vous avec le public sera Vœux d’artistes, la vente caritative au profit des enfants malades hospitalisés. Elle se déroulera du 17 au 24 novembre 2022, à Marseille, dans les salons des Arcenaulx. « Je suis le premier étonné de cet engouement. Je me suis mis à la chlorographie par envie et curiosité, sans idée d’en faire un "métier". Mais je me rends compte qu’il existe une vraie demande. Depuis, je fais des commandes sur-mesure pour les particuliers. Mais cela prend du temps, le temps que la nature fasse son œuvre. » La chlorographie donne en effet à réfléchir sur notre environnement, sur l’éphémère, dans un monde où la course à tout, et donc à rien, devient trop souvent la règle. C’est sans doute aussi pour cette raison que la magie de ses compositions retient autant l’attention… Et de rappeler que « l'image se trouvant au cœur même de la feuille nous rappelle que nous ne pouvons pas continuer à vivre séparés du reste du vivant ».