Les robes noires sont en colère, mais cette fois ce ne sont ni les magistrats ni les avocats, ce sont les greffiers fonctionnels, profession qui désigne ces chefs de service faisant fonction de directeurs des services de greffe, aussi actifs qu’exposés dans les tribunaux. Dans un courrier vertement rédigé, ils viennent d’écrire mercredi 15 février au garde des Sceaux Eric Dupond-Moretti, celui-là même qui, encore avocat, se vantait cordialement depuis Marseille « d’avoir sa photo sur toutes les cheminées des greffières de France »…
Les greffiers fonctionnels, au nombre de 252 en France, viennent en effet d’apprendre qu’ils seraient reversés, à compter du 1er octobre, dans le corps des greffiers principaux, soit une rétrogradation dans la grille indiciaire, avec une paie mensuelle en chute de 100 à 150 euros selon les profils. Ceux qui, de surcroît, ont été nommés Outre-mer, seraient bientôt mis dans l’avion, destination la métropole, statut oblige.
Un manque de cohérence
Un manque de cohérence criant, d’autant que certains ont encore été récemment désignés. « Quelle est la logique d’avoir, le 12 décembre 2022, nommé des greffiers fonctionnels avec une prise de poste au 1er mars 2023 ? » écrivent les auteurs, caustiques, forcément caustiques.
A l’heure où Eric Dupond-Moretti avait promis de revaloriser leur statut au printemps et où tous les magistrats de l’ordre judiciaire devraient voir leur bulletin de salaire gagner 1 000 euros par mois - justement à la même date du 1er octobre 2023 -, en guise d’alignement sur le profil des juges administratifs, voilà qui fait du bruit dans le Landerneau judiciaire. La photo d’ "Acquittator", joliment posée sur la cheminée des greffières fonctionnelles de France et de Navarre, risque de finir dans l’âtre.