L'ambition du plan d'action pour la croissance et la transformation des entreprises (Pacte), dont le projet de loi a été présenté en conseil des ministres le 18 juin, est de donner aux entreprises les moyens d'innover, de se transformer, de grandir et de créer des emplois. Mais ces ambitions correspondent-elles à la réalité ? Lors du déjeuner du Club Ethic €Co, Lionel Canesi, président du conseil régional des l'ordre des experts-comptables (CROEC) Marseille-Paca, est revenu sur quelques-unes des décisions prises par les parlementaires :
« On se rend compte, qu'en fait, il y a très peu de mesures qui vont impacter la croissance des TPE et PME. »
L'une des seules qui devrait avoir des conséquences est la simplification des seuils, ramenés à trois (11, 50 et 250 salariés), avec un délai de cinq ans pour répondre aux obligations. La suppression du forfait social pour les entreprises de moins de 250 salariés est une « mesure intéressante. La supprimer permet de remettre en place l'intéressement et donc de redistribuer le pouvoir d'achat aux salariés et donc la consommation », observe Lionel Canesi.
Concernant la simplification de la création d'entreprise en ligne, prévue pour 2021, elle présente l'avantage d'être plus rapide, mais devrait aller plus loin en laissant le choix du statut social des dirigeants en fonction de leurs besoins propres et non en raison de la forme de l'entreprise. Le président du CROEC déplore la suppression des stages à la création d'entreprise : « Un créateur bien accompagné a trois fois plus de chances de réussir. La gestion est très importante. » Il s'est positionné en défenseur de la possibilité du rebond, le droit au dépôt de bilan sans être marqué à vie. Par contre, il estime qu' « il faut mener une guerre sans pitié contre les professionnels du dépôt de bilan ».
Des idées de terrain
Si les parlementaires votent les lois, celles-ci ne sont pas forcément efficaces pour booster la croissance des entreprises. Du coup, Lionel Canesi et le CROEC ont décidé de prendre les choses en main :
« Quand j'apprends la semaine dernière que Bruno Lemaire, ministre de l'Economie, constitue une commission de 70 députés qui ont jusqu'au mois de septembre pour faire des propositions complémentaires, on voit que le projet n'est pas encore complètement finalisé. Je lance un appel à idées auprès des 2 000 experts-comptables de la région sur comment faire grandir les TPE-PME afin de les faire remonter. Des idées de terrain que j'irai présenter aux députés à l'Assemblée nationale pour en faire des mesures efficaces. »
Être entrepreneur n'est pas un gros mot !
La croissance ne se décrète pas, elle s'apprend. Il faut éduquer les jeunes sur ce qu'est un entrepreneur. « Être entrepreneur n'est pas un gros mot. C'est la réalisation de soi et c'est une belle chose. Aujourd'hui, on préfère parler de la Coupe du monde. On va mettre en valeur celui qui tape dans un ballon et, à côté de ça, quelqu'un qui part de zéro et crée son entreprise n'est pas mis en avant », déplore Lionel Canesi avant d'annoncer que les experts-comptables sont prêts à aller dans les collèges et les lycées pour expliquer aux jeunes ce qu'est un chef d'entreprise, leur donner des exemples de réussites et leur démontrer qu'être entrepreneur n'est vraiment pas un gros mot.