Les Nouvelles Publications : Depuis janvier, les manifestations, les grèves, la pénurie d’essence… perturbent l’économie et l’existence des Français. L’activité du centre McArthurGlen Provence s’en ressent-elle ?
Michela Frattini : Oui, incontestablement. Je crois que nous venons de vivre en cette fin de mois de mars l’une des plus petites semaines en chiffre d’affaires de l’histoire de notre site. Ce n’est pas un sentiment mais une réalité. J’ai échangé avec des professionnels marseillais qui vivent la situation comme une catastrophe. Les clients annulent dans les hôtels parce qu’ils ont peur de se déplacer, d’être pris dans des manifestations, de voir leurs trains finalement supprimés… Tout le tourisme est impacté.
Les effets de la crise Covid s’estompent-ils ?
Dès 2021, nous avons retrouvé la fréquentation d’avant-Covid, 2022 a permis de l’augmenter. Nous voyons arriver une clientèle de plus en plus éloignée des Bouches-du-Rhône, que ce soit du reste de la France, de l’Europe ou d’encore plus loin. Nous sommes encore un centre jeune dans le paysage et l’esprit de l’outlet. Même si nous existons depuis six ans maintenant, nous restons donc toujours en phase de conquête.
En France, nous élargissons notre communication aux zones de Montpellier et Avignon, ce que nous ne faisions pas forcément au début car nous considérions qu’à une heure de route, elles étaient peut-être trop loin de notre zone de chalandise. Mais elles répondent bien. Nous utilisons aussi les outils digitaux pour conforter notre réputation. Cette année, nous nous attendons à retrouver beaucoup plus de non-Européens. Nous voyons ainsi revenir des tour-opérateurs, notamment avec des Sud-Coréens, mais pas encore avec des Chinois. La guerre en Ukraine a éloigné les Russes à l’exception de ceux qui ont des maisons secondaires dans la région. Cette clientèle est maintenant marginale alors qu’elle était la deuxième européenne hors Union européenne auparavant. La compensation vient de la clientèle du Maghreb et d’Israël, en progression, mais elle n’a pas les mêmes goûts que les Russes.
Plusieurs enseignes ont été confrontées ces derniers mois à de lourdes difficultés, certaines ont dû fermer leurs magasins. Elles ne visaient pas forcément la même clientèle que vos boutiques mais craignez-vous des impacts indirects ?
Le centre est globalement plein aujourd’hui en nombre de boutiques, les unités qui restent libres sont destinées à accueillir des concepts, à titre de boutiques éphémères, ou à permettre le renouvellement régulier de l’offre afin de mieux répondre à la demande. Un cercle vertueux s’est mis en place. Parallèlement, un hôtel ouvre près de l’entrée, notre grand restaurant du Mas de la Péronne ouvrira ses portes dans un mois… Aujourd’hui, nous ne rencontrons pas de problème de marques qui disparaissent, mais nous surveillons de près ce panorama du textile de plus en plus complexe.
Nous essaierons d’être réactifs, d’où notre volonté stratégique de toujours conserver des petits formats pour permettre à des marques de se tester sur des durées déterminées et apporter de la nouveauté au client. En mai, par exemple, Havaïanas s’installera pour cinq mois pour vendre ses tongs. Cette démarche nous permet aussi de vérifier que les marques possèdent suffisamment de stocks à commercialiser chez nous et que les clients ont bien envie de les voir et d’acheter. Cette correspondance est indispensable.
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Prévoyez-vous des événements pour donner envie aux visiteurs de revenir après ce début d’année morose pour l’économie et le moral ?
Nous initions des animations dès Pâques car c’est une période importante. Quand on parle de guerre contre l’inflation, nous restons un moyen d’accès à des produits de qualité à prix réduits. Au moment de l’Ascension, nous relancerons notre Fashion Festival avec des défilés, des cocktails… pour mettre en avant les marques et séduire autant les familles que les passionnés de mode. Nous entrerons par la suite dans les ventes privées avant les soldes, puis les soldes.

Où en est le dossier de l’ouverture du dimanche toute l’année ?
Nous y travaillons toujours. En attendant, nous serons ouverts les quatre dimanches de juillet et le dernier dimanche d’août pour la braderie, le 27 août, qui devient très populaire chez nous !
Qu’en est-il des acheminements par transports publics évoqués depuis longtemps ?
Il y a encore du travail à faire ! La desserte en bus a été beaucoup améliorée entre la gare et notre centre. Il y aurait un axe intéressant à promouvoir qui combinerait une arrivée en train à la gare de Miramas et un itinéraire à vélo jusque chez nous. Nous espérons avancer avec la mairie.
Vous organisez chaque année au printemps un job dating. La pénurie de compétences reste-t-elle un souci ?
C’est toujours un point d’inquiétude, les boutiques tournent à flux tendus. Elles n’arrivent pas à recruter à la hauteur de leurs besoins. Nous redoutons même qu’il y ait moins de personnes qui se présentent à notre job dating que d’offres à pourvoir ! Nous rencontrons les mêmes difficultés que d’autres secteurs alors que, contrairement à un restaurant de centre-ville par exemple, nos contraintes horaires demeurent moins importantes en soirée, compte tenu de nos heures d’ouverture.
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Tous les professionnels se demandent où sont passés les gens. Nous continuons donc de beaucoup former au métier de vendeur des personnes en reconversion dans notre bassin d’emploi afin de tenter de combler les manques. Nous savons de toute manière qu’un vendeur ne viendra pas de très loin pour travailler… Toutes les marques sont touchées, mais c’est très difficile pour les plus petites d’établir un planning, dès qu’un salarié tombe malade… Le phénomène n’est pas typiquement français, il se constate ailleurs en Europe depuis le Covid.