Les Nouvelles Publications. : Pourquoi le barreau a-t-il décidé de créer son incubateur ?
Me Jean-Victor Borel : Depuis quelques années, la transition numérique ne cesse de s'accélérer avec la multiplication des plateformes, l'apparition de robots, les travaux relatifs à l'élaboration d'outils de justice prédictive et plus généralement le développement de ce que l'on appelle les legaltechs. La question n'est plus de savoir si la vague du numérique va ou non arriver sur nous, mais de savoir comment s'adapter aux changements actuels et a priori inéluctables. Dans un contexte de plus en plus concurrentiel, les avocats doivent s'approprier le numérique et en faire un atout en termes de compétitivité.
Quelle est votre ambition pour l'incubateur ?
Notre objectif est de mener une réflexion sur les nouveaux outils dont les avocats ont besoin ; de porter et susciter des projets innovants susceptibles de répondre à ces attentes ; puis d'accompagner les meilleurs projets à l'issue d'une sélection afin de contribuer à leur réalisation dans le respect de la déontologie.
Les projets innovants, portés par la commission ou sélectionnés au sein de l'incubateur suite aux appels à projets, seront testés au sein de l'incubateur. Si les tests sont concluants, les outils mis au point pourront être adoptés par le barreau puis mis à disposition de ses membres de façon mutualisée dans l'intérêt collectif. Ils pourront aussi être adoptés individuellement par les avocats, notamment lorsqu'il s'agit d'outils de niche.
L'idéal serait d'aboutir à l'incubation de certains projets. Ils pourront être portés par des personnes venant de l'extérieur, mais notre ambition est aussi de développer des projets en interne, adoptés au niveau de la commission et ensuite portés par l'incubateur, idéalement jusqu'à une incubation couveuse. Cela nécessite d'avoir des partenaires financiers autour de la table ainsi que des partenaires techniques qui auront des capacités que nous n'avons pas en tant que juristes. Des synergies sont donc à trouver.
Quels seront les liens entre la commission « Transition numérique et mutations de la profession d'avocat », que vous présidez, et l'incubateur ?
La commission va travailler en lien étroit avec l'incubateur. Les analyses et réflexions seront principalement menées au sein de la commission car elle a notamment vocation à fournir un éclairage au Conseil de l'Ordre sur la régularité déontologique des projets soumis. Les projets d'initiative locale innovants seront, quant à eux, sélectionnés et/ou portés au sein de l'incubateur.
Ce dernier a également vocation d'apporter sa contribution aux travaux et aux actions du réseau national des incubateurs, dont l'objectif est de porter la voix des incubateurs des barreaux, pour mutualiser les actions et leur offrir un rayonnement unifié et renforcé, au niveau national, européen voire international.