Le juge Jean-Pierre Bernard est décédé le 28 janvier à l’âge de 70 ans. Bien connu à Marseille, il avait terminé sa carrière ici en présidant certaines audiences du tribunal correctionnel, après avoir été longtemps juge aux affaires sensibles : affaire du tueur en série Roberto Succo ou dossier de captation d’héritage présumée dit de Canson, deux dossiers qu’il avait instruits à Toulon, dans les années 1980. « Juge d’instruction, c’est le plus beau poste, nous confiait-il il y a quelques années. Celui qui laisse place à votre esprit d'initiative, vous ouvre à des collaborateurs occasionnels ou permanents, policiers, gendarmes, experts… C'est vrai qu'on ne peut nier détenir une certaine puissance publique. »
Un chasseur de vérités
Il ne fallait pas se fier à sa douce voix ni à ses yeux d’un bleu métallique. L’homme était « un chasseur de vérités ». Il avait parfois raconté aux médias les pressions subies et sa façon qu’il avait eue d’y résister habilement. À Toulon, il réglera aussi de grosses affaires de stupéfiants, comme ces anciens des "Brigades rouges" qui allaient chercher de la cocaïne en Colombie et s'étaient fixé rendez-vous au retour sur l'île de Porquerolles, dans sa zone de compétence. En 2001, il avait rejoint le pôle financier du parquet de Paris. À partir de 2008, il met ses compétences au service d'autres pays. Il est l'envoyé spécial du parquet à Athènes, à Vienne, à Djakarta ou encore au Vietnam, où il forme les magistrats étrangers à la lutte contre le blanchiment. Il passe même deux ans en Croatie à aider ses pairs à implanter les lois anti-corruption.
Parallèlement à sa vie professionnelle, cet ancien scout a mené une carrière d'officier de réserve. De retour à Marseille à compter de 2014, il était premier vice-président du tribunal judiciaire. Il avait pris sa retraite en janvier 2018. Les obsèques de Jean-Pierre Bernard ont eu lieu à Toulon le 4 février.