C'est fort logiquement au sein de la CCIAMP, la plus vieille Chambre de commerce au monde créée en 1599 qu'a été lancé le réseau des entreprises centenaires de Provence. « C'est une chance d'avoir des entreprises qui existent depuis si longtemps, qui ont traversé les siècles et qui ont passé les crises », a évoqué, avec beaucoup d'enthousiasme et de fierté, Jean-Luc Chauvin, son président.
La CCIAMP a, en effet, identifié 82 entreprises qui ont un siècle, voire plus, en se basant sur le registre du commerce. Incarnant la 7e, 8e génération d'une entreprise provençale fondée par leurs aïeux, les chefs d'entreprises centenaires se sont retrouvés au Palais de la Bourse. Si cinquante d'entre elles étaient présentes, toutes celles recensées ont désiré intégrer le réseau. « Cela valait le coup de les rencontrer, de les faire se rencontrer, d'échanger, de connaître le moteur, la recette, de faire une transmission de ces belles marques à l'ensemble des jeunes générations d'entrepreneurs », a-t-il confié.
Dans les Bouches-du-Rhône, ces entreprises rassemblant 10 700 emplois représentent un chiffre d'affaires cumulé de 1,74 milliards d'euros. « C'est près de 5 % du PIB départemental », énonce-t-il. Ce sont des entreprises de toute taille, artisanales pour certaines comme la Boule bleue, la savonnerie Rampal, mondiales pour d'autres comme le groupe ONET.
« Elles ont traversé le siècle car elles ont une vision sur du long terme, et surtout du sens », a estimé Emily de Lombarès, présidente du directoire d'ONET. Les entreprises centenaires ont démontré au travers de leur savoir-faire, l'excellence séculaire du territoire. Elles ont perpétué, de génération en génération, le patrimoine vivant et la culture de la région. « Nous avons été bercés par les marques comme la Savonnerie du Midi, Léonard Pardi ou La confiserie du Roy René. C'est une réelle fierté d'avoir des entreprises qui passent le temps », a estimé Jean-Luc Chauvin.
Une mosaïque de secteurs
Les entreprises centenaires, souvent pionnières, représentent tous les pans de l'économie. C'est tout d'abord l'industrie avec Daher Aerospace, pionnier de l'aéronautique, Altea et ses aluminates de spécialité qui équipent les batteries électriques. C'est également le commerce avec, entre autres, Maison Empereur, temple de la quincaillerie, la pâtisserie Riederer, le célèbre joailler Frojo, ou encore le Four des navettes. « Cela représente deux siècles d'amour. Il ne faut jamais s'endormir sur ses lauriers », a confié Nicolas Imbert, son responsable. C'est encore le secteur des services avec le fleuron ONET ou l'artisanat avec des joyaux labellisés "entreprise du patrimoine vivant" comme les savonniers Marius Fabre, Savonnerie du Midi, les calissonniers Parli et Roy René ou encore Vivian avec ses compagnons du devoir qui restaure le patrimoine architectural.
La viticulture est par ailleurs très présente avec les domaines de Suriane, Beaupré, Château Fontcreuse, les caves viticoles d'Eguille ou les vignerons du Roy René. Ces singulières aventures humaines illustrent la capacité de ces entreprises comme La Samaritaine, Maupetit, Maison Empereur ou La brasserie des Templiers à Marseille à inscrire l'esprit d'entreprendre dans la durée, à être agiles, audacieux, résilients tout en restant fidèles à leurs racines sur le territoire.
« L'élément essentiel pour durer, c'est de toujours avoir en tête ses valeurs et de les faire partager afin que tous dans l'entreprise aient une vision commune » a stipulé Estelle Roux, administratrice de Daher dont l'activité remonte à 1911. Autre force, leur capacité à transmettre une activité, souvent dans un cadre familial sur plusieurs générations à l'instar du Four des navettes.
Aujourd'hui, ces entreprises ont beaucoup à apporter que ce soit dans l'adaptation au changement ou la prise de risque.
De belles histoires
Aussi, le réseau Les Centaures permet de rassembler et fédérer ces entreprises, de conforter leur sentiment d'appartenance. « Notre ambition est de s'inspirer de leurs réussites pour identifier et valoriser les facteurs clés qui leur ont permis d'être encore là », a souligné Jean-Luc Chauvin. L'enjeu est en fait de se servir de leurs histoires comme d'un guide pour mieux se projeter et surtout en faire profiter les entreprises plus jeunes, les PME qui sont à la croisée des chemins et ceux qui s'engagent dans l'aventure entrepreneuriale.
D'ores et déjà, ce réseau, appelé "Les Centaures d'Aix Marseille Provence", constitué pour l'heure sous forme d'une entité informelle, bénéficie d'un slogan "Le passé comme référence, le futur comme excellence." L'objectif de la CCIAMP est en somme de faire profiter le territoire et toutes les entreprises de leurs formidables histoires et de leurs réussites entrepreneuriales.