« C’est notre cinquième rendez-vous de la conjoncture économique et c’est sans doute le plus difficile que l’on ait eu à traiter », annonce d’emblée Jean-Christophe Ehrhardt, directeur régional Paca de la Banque de France. « Pour bien faire les choses, le tour de table des intervenants a été élargi. » Il fait notamment référence aux interventions, durant ce rendez-vous du 28 février autour de la conjoncture avec les professionnels du secteur de l’agroalimentaire et de la construction.
Les trois "R"
Dans un monde en mouvement constant, où une crise succède à une autre, donner des prévisions fiables est un exercice délicat. Face à cette situation sans précédent, le directeur régional de la Banque de France a souhaité passer quelques messages aux entrepreneurs. Premier d’entre eux : « Il faut apprendre à raisonner sur le moyen et long terme ». Exemple avec l’énergie : « Vous devez intégrer que l’époque où le prix de l’énergie n’est pas cher est terminée. Et vous devez donc prendre ce facteur en compte dès à présent dans tous les domaines ».

Concernant l’inflation, il tient à annoncer le scénario le plus probable : « La poursuite de la hausse des prix est prévue jusqu’à cet été. Le reflux est attendu ensuite ». Il s’est également adressé aux petites entreprises pour les prévenir « que les warnings s’allument sur les questions de trésorerie avec des niveaux de commande qui diminuent. Rien d’horrible mais il faut être vigilant et anticiper les conséquences ».
Enfin, il a insisté sur « l’importance de ne pas rester seul. Il faut parler à votre banquier, à vos fédérations professionnelles, à votre expert-comptable ». Pour lui, pas de doute, « 2022 a été marquée par la résilience, 2023 subira un ralentissement de l’économie mais le risque de récession est écarté. Et 2024 sera l’année de la reprise ».
Banque de France : les temps forts 2023
Croissance flat
Même écho du côté de Maurice Wolff, membre élu de la CCI Aix-Marseille Provence, « en 2023 nous n’aurons pas de récession mais une croissance flat. La situation va être compliquée mais la morosité est interdite ».
Et pour cause, « malgré l’inflation, le coût de l’énergie, les difficultés d’approvisionnement et de recrutement, la guerre en Ukraine, et aujourd’hui les grèves contre la réforme des retraites…, l’activité tient bon ».
Il met tout de même en avant trois problèmes de taille : « Les difficultés de recrutement, le niveau des prix des matières premières et le taux d’usure qui compliquent les négociations avec les banques. »
A chacun ses priorités. Pour Serge Hincker, président régional de l’Association régionale des industries alimentaires (Aria Sud Paca), « le sujet phare du moment dans son secteur concerne les négociations commerciales en cours avec les distributeurs dans un contexte de hausse des prix et de baisse de la consommation annoncée ».
Conjoncture économique en Paca : jusqu’ici, tout va bien, mais…
De son côté, Philippe Deveau, membre du conseil consultatif de la Banque de France de Marseille - secteur de la construction - pointe du doigt « les dangers de l’augmentation des prix des matériaux alors que dans le BTP les chantiers se construisent sur le long terme. Nous avons besoin de visibilité, et que l’on nous aide mais personne ne nous entend ». Il s’inquiète également, « du fait que certaines mairies arrêtent de donner des permis de construire. Nous sommes en sous proposition par rapport aux demandes des acquéreurs. Et il y a également une sous production actuellement de logements sociaux ». Pour lui, pas de doute, « 2023 et 2024 seront compliquées ».