Contre la réforme des retraites, une unité syndicale jamais vue depuis 2010 : huit organisations (CGT, FO, CFDT, CFE-CGC, CFTC, FSU, Unsa et Solidaires) ont défilé côte à côte ce jeudi 19 janvier dans les rues de Marseille. Comme douze ans plus tôt, c’est une réforme des retraites qui constitue le raisin de la colère. « C’est une réforme injuste et injustifiée, martèle Nicolas Voisin, secrétaire général du Snuep-FSU 13 (le syndicat de l’enseignement professionnel). Injustifiée car la présentation de chiffres en déficit correspond à une mise en faillite due aux exonérations patronales accordées sur les cotisations. Il peut y avoir des difficultés aujourd’hui, mais sur le long terme, tous les experts s’accordent à dire que le système par répartition n’est pas en danger. »
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Avant de poursuivre : « Injuste car d’autres ressources sont possibles : une meilleure égalité de salaires entre hommes et femmes, l’augmentation salariale de tous et la taxation du capital. On peut trouver d’autres sources de financement que simplement taxer encore le travail. »
Réforme des retraites : « Une attaque contre le modèle social »
Josette Biancheri, secrétaire générale adjointe de l’Union syndicale des retraités CGT des Bouches-du-Rhône (USR CGT 13), abonde dans le même sens. « Cette réforme des retraites, c’est une attaque contre notre modèle de société, notre système de solidarité intergénérationnelle, notre Sécurité sociale. Rappelons qu’elle a été créée pour subvenir aux besoins de l’ensemble de la population en s’appuyant sur quatre branches : famille, retraites, sécurité sociale et accidents du travail. Elle a déjà été cassée par les exonérations de charges patronales. Et aujourd’hui, quand ils disent que c’est pour sauver le système par répartition, c’est un faux prétexte : selon le rapport du Conseil d’orientation des retraites (COR), le système était excédentaire en 2021 et le sera encore de 3,2 Md€ en 2022 », assène-t-elle. Avant d’enfoncer le clou : « Il n’y a pas de problème d’équilibre aujourd’hui mais si on continue dans la politique d’exonérations de charges patronales, on aboutira à un déficit créé politiquement », dénonce-t-elle.
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Le retrait de la réforme Borne
Nicolas Voisin pointe lui aussi des manœuvres politiques : « Le but, c’est de rogner encore plus la valeur travail pour pousser les gens à souscrire des retraites complémentaires, ce qui reviendra à donner de l’argent aux spéculateurs. »
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Dès lors, les organisations syndicales réclament le retrait pur et simple de la réforme Borne, « pour commencer ». « Et ensuite, l’ouverture de discussions entre organisations syndicales, partenaires sociaux et gouvernement quand celui-ci arrivera avec des intentions sociales », résume secrétaire général du Snuep-FSU 13. Pour la CGT, le retour à la retraite à 60 ans pour tous avec 37 ans et demi de cotisation (situation d’avant 1993 dans le privé, d’avant 2003 dans le public) est possible. « Il faut que les gens puissent vivre dignement et en bonne santé à la retraite au lieu de mourir au travail », appuie Josette Biancheri. Et de dénoncer par avance un « déni de démocratie », le gouvernement ayant émis la volonté d’inclure la réforme dans un Projet de loi de finances rectificative de la Sécurité sociale (PLFRSS), ce qui l’autoriserait à recourir au 49.3 pour son adoption.
« La bataille, c’est emploi-salaires-retraites : moins de chômage, c’est plus de salaires et plus de cotisations, tout le monde y trouvera son intérêt », conclut la secrétaire générale adjointe de l’USR CGT 13. Nicolas Voisin promet lui d’ores et déjà une longue bataille au gouvernement : « L’unanimité syndicale est solide, et elle est durable. »