Les Nouvelles Publications : Quelles sont les bonnes nouvelles en matière économique pour notre région ?
Nicolas Bouzou : La sortie de ce baromètre est en soi une excellente nouvelle. Ce type d’indicateur n’existe pas en France. Et pour cause, notre pays est très centralisé. Pourtant, le patriotisme régional est de plus en plus fort. Dans les années 90, on pensait que l’apparition d’Internet et des nouvelles technologies d’information et de communication allait étaler l’activité économique sur l’ensemble du territoire français. En fait, c’est l’inverse qui s’est passé. En effet, l’activité économique a tendance à se concentrer. Il est donc important de bien connaître les spécificités régionales (par exemple les secteurs les plus représentés en région) pour bien interpréter les chiffres. Il faut les jumelles qui correspondent à ce que vous regardez.
Enfin, il est important de féliciter les experts-comptables pour cette opération. Les politiques devraient fabriquer et financer ce genre d’indicateur, mais hormis quelques thématiques dont l’emploi, ce n’est pas le cas. Une raison peut expliquer pourquoi personne ne l’a fait jusqu’ici : c’est très difficile à faire. Il est important de bien préciser que nos chiffres seront amenés à être corrigés, améliorés, ajustés.
Pouvez-vous nous commenter les premiers chiffres récoltés ?
J’aimerais vous donner un tas de chiffres, mais ce n’est pas encore le cas. C’est le début. Il faut savoir être patient. Autre donnée de taille : les premiers chiffres concernent le premier et le deuxième trimestre 2015. C’est une photographie. Plus on va avancer dans le temps, plus cela sera intéressant.
Les chiffres ne sont pas tous bons. La croissance n’est pas si mal, l’emploi est à peu près stable. Par contre, les chiffres correspondant aux importations et aux exportations ne sont pas bons. Ces données sont importantes. Avoir de la consommation aujourd’hui, ça vous fait de la croissance aujourd’hui. Mais si on s’intéresse à la croissance de demain, il faut de la compétitivité dès aujourd’hui. Et donc des importations et des exportations. C’est un sujet de débat très intéressant pour les Régionales.
Sur quelles données souhaitez-vous attirer l’attention des lecteurs ?
Les entreprises en Paca sont structurellement plus petites qu’au niveau national. Le chiffre d’affaires annuel moyen des entreprises est de 333.000 euros en Paca contre 408.000 en France. Cette chance et ce mal français sont plus forts encore en Paca.
Lors de la présentation du baromètre des experts-comptables à la Cefim. (Photo G. Majolet.)
Etes-vous confiant pour la région et Marseille ?
En France, il y a trois métropoles : Paris-Ile de France, Lyon-Grenoble et Paca. Il y a ici un véritable terreau avec beaucoup de création d’entreprises. Et l’emploi est stable. Il faut s’appuyer sur ce terreau et cela passe par des partenariats entre les régions et les entrepreneurs.
Concernant Marseille, je pense que cette ville doit être la grande success-story économique de la France ces 10 prochaines années. Il y a peu de villes en France et en Europe qui ont autant d’atouts. Le moteur de ce changement est le couple tourisme-culture. La reconversion est en cours. Marseille peut être le Liverpool de demain.
