AccueilDroit et ChiffreNicolas Férand : « En 2026, il n’y aura quasiment plus de saisies comptables »

Nicolas Férand : « En 2026, il n’y aura quasiment plus de saisies comptables »

En tant que président du Conseil régional de l’ordre des experts-comptables Provence-Alpes-Côte d'Azur, Nicolas Férand entend attirer les talents et les étudiants vers sa profession. Et mettre en avant le rôle de copilote de l’expert-comptable.
Nicolas Férand, président du Croec Paca.
R. Poulain - Nicolas Férand, président du Croec Paca.

Droit et Chiffre Publié le , Propos recueillis par Caroline DUPUY

Les Nouvelles Publications : Comment se passe votre début de mandat en tant que président du Conseil régional de l’ordre des experts-comptables Provence-Alpes-Côte d'Azur (Croec Paca) ?

Nicolas Férand : Depuis le 9 décembre dernier, j’ai pris le relais de ma consœur et amie, Colette Weizman, qui a tiré sa révérence à mi-mandat. C’est un honneur et une lourde responsabilité tant son énergie, sa bienveillance et son niveau d’exigence ont été précieux en ces temps perturbés. Heureusement, je suis engagé au sein de la profession depuis plusieurs années, notamment durant le mandat de Colette Weizman en tant que vice-président en charge de la communication. Ou comme président du syndicat Experts-comptables et commissaires aux comptes de France (ECF) Provence- Alpes-Corse de 2020 à janvier 2023. Cela me permet de maîtriser les dossiers et d’être opérationnel de suite.
A la base, je pensais m'impliquer au Croec deux jours plein par semaine, pour consacrer du temps également à mon cabinet et à ma vie de famille. Mais cet emploi du temps se transforme déjà, en fonction des sollicitations et autres réunions prioritaires.

Justement, la profession semble être sollicitée par de nombreux acteurs. Comment expliquez-vous cet engouement pour les experts-comptables ?

Nous sommes au service des entreprises en étant leur copilote et nous nous impliquons naturellement pour le développement du territoire. C’est ainsi que nous jouons de plus en plus un rôle de relais entre la préfecture, l'Urssaf, les banques, etc. et nos clients. Cela concerne par exemple les dispositifs d’aides à destination des entreprises en temps de crise. Il y en a de plus en plus mais ils ne sont pas toujours visibles.
Depuis la présidence de Mohamed Laqhila à la tête des experts-comptables de la région (de 2012 à 2016), nous avons œuvré pour créer des liens entre notre profession et les institutions. Force est de reconnaître que nous sommes souvent sollicités par les acteurs publics pour donner notre avis, au nom des entreprises que nous connaissons bien. Le travail des experts-comptables au service des entrepreneurs durant la crise sanitaire a également permis aux institutions de bien comprendre notre rôle et notre poids [2 240 experts-comptables dans la région, NDLR]. C’est ainsi que le Préfet, lors de ses vœux 2023, a remercié notre profession pour son travail au quotidien.

Cela vous permet-il d’attirer de nouvelles candidatures ?

Nous avions déjà des problèmes de recrutement avant la Covid et nous continuons de souffrir d’une image désuète. Pour beaucoup, nous sommes des hommes en costume gris avec une calculatrice et des dossiers sous le bras ! Il faut que cela change.
Nous allons ainsi axer nos efforts sur les jeunes. Nous devons expliquer notre métier pour qu’ils s’intéressent à nous, intervenir le plus tôt possible face aux élèves. C'est pourquoi nous donnons un grand coup d’accélérateur en participant aux forums des métiers dans les établissements, aux salons des étudiants. Nous allons avoir le bon langage au sein des collèges, lycées, grandes écoles et filières de reconversions professionnelles pour mettre au grand jour la diversité de nos offres et miser sur l’alternance en tant que véritable vivier opérationnel.

Les experts-comptables de Paca cherchent entre 2 000 et 2 500 collaborateurs

C’est pour cette raison aussi que vous vous rapprochez des écoles qui préparent à vos diplômes ?

Oui. Nous poursuivons nos partenariats avec les écoles qui dispensent une formation initiale pour préparer à nos diplômes : le diplôme de comptabilité et de gestion (DCG) et le diplôme supérieur de comptabilité et de gestion (DSCG). Lorsque la qualité de l’enseignement est avérée et que ce dernier répond à nos critères nous octroyons un label "Ecole de la profession" à ce cursus. Ce label offre une plus grande visibilité à ces établissements qui affichent leur appartenance à ce réseau grâce à un logo. L’ordre des experts-comptables souhaite créer non pas une école mais une communauté d’établissements qui préparent à nos diplômes. L’objectif est de promouvoir l’employabilité du secteur auprès des étudiants.

Dans votre métier, quel est le principal défi auquel vous êtes confrontés ?

Parmi les sujets phares, figure incontestablement la généralisation de la facture électronique entre 2024 et 2026 pour les entreprises du secteur privé. Un mode de facturation qui va à terme remplacer le papier. Nous avons un rôle à jouer auprès de nos clients pour les aider dans cette lourde tâche. Nous avons l’obligation et le devoir de réussir cette transition ! Il en va du rayonnement et de l’avenir de notre profession.
Concrètement, les documents vont transiter par une plateforme, dont celle de l’Ordre des experts-comptables baptisée jefacture.com. Chaque entreprise dotée d’un numéro Siren peut y disposer d’un compte pour envoyer ses factures.

En quoi ces factures électroniques vont-elles modifier votre activité ?

C’est un défi pour nous car elles vont révolutionner notre manière de travailler. En 2026, il n’y aura quasiment plus de saisies comptables, alors qu'elles représentent encore 70 % de notre activité. Les factures seront déposées et récupérées sur la plateforme. Certaines de nos actions pourront ainsi être effectuées par d'autres acteurs, dont les services des impôts. Il est important de le savoir et de préparer les nouveaux entrants à ces changements majeurs. Il y aura clairement de nouvelles missions pour l’expert-comptable et les collaborateurs.

Pouvez-vous nous en dire plus concernant ces nouvelles missions ?

Ce sera justement le thème de notre prochain congrès régional qui se déroulera à Marseille mi-juillet. Il sera ouvert aux experts-comptables et à leurs collaborateurs avec un parcours pour les hommes du chiffre et un autre pour les salariés. Et au milieu de ces événements nous allons inviter les étudiants à une soirée baptisée "La nuit qui compte".
Nous parlerons de toutes les missions liées au développement durable (bilan carbone, stratégie RSE de l’entreprise, etc.). Nous devons aller sur ce créneau puisque nous aurons accès à toutes les données des entreprises (facture EDF par exemple) et que nous connaissons les outils d’aides et leur fonctionnement. Demain nous aurons intérêt à calculer nous même les dépenses inutiles et à trouver des voies pour aider nos clients à réaliser des économies et à protéger l’environnement. Nous allons conaître les datas en temps réel grâce aux données de notre plateforme. Parmi les missions qui vont se développer, il y aura également notre rôle accru en matière de prévention des entreprises. L’expert-comptable doit être présent aux côtés du dirigeant dans tous les grands moments, tel un copilote.
Mon objectif est de lancer la machine car nous en sommes au tout début, à la phase d’annonce et d’acceptation par la profession. Je ne veux laisser personne sur le bord de la route.

Qu’est-ce qui préoccupe vos clients aujourd’hui ?

Le Guichet unique des entreprises est un fiasco, il ne fonctionne pas. Et nous souhaitons le dire haut et fort. Pour rappel, il s'agit d'un portail internet auprès duquel toute entreprise est tenue de déclarer sa création, la modification de sa situation ou la cessation de ses activités depuis le 1er janvier 2023. L’Inpi a été désigné par le gouvernement comme opérateur de ce site.
Le module pour radier une entreprise n’est pas fonctionnel. Le module création, quant à lui, marche à peu près, selon les heures de la journée. Nous constatons également qu’un quart des formalités aboutissent et les trois quart restants sont perdues dans la nature, alors que les frais sont encaissés. Sans parler du bug qui a entraîné plusieurs débits pour le même acte. Bref, c’est une catastrophe ! Face à une fronde menée par les conseils des chefs d’entreprise, l’Etat nous promet que le site sera pleinement opérationnel pour fin février, début mars. Nous avons beaucoup de mal à le croire. Mais dans tous les cas, il y a urgence.

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