AccueilEconomieOM : je t'aime, un peu, beaucoup, à la folie...

OM : je t'aime, un peu, beaucoup, à la folie...

Avec son nouveau documentaire « OM, dans les yeux des miens », diffusé ce 21 septembre, à 18 h 30, sur Canal Plus, le journaliste-réalisateur Philippe Pujol nous plonge dans le cœur des supporters du club marseillais.
Le documentaire "OM, dans les yeux des miens" a été présenté en avant-première, vendredi 15 septembre, au théâtre Sylvain, à Marseille.
D.R. - Le documentaire "OM, dans les yeux des miens" a été présenté en avant-première, vendredi 15 septembre, au théâtre Sylvain, à Marseille.

Economie Publié le , Propos recueillis par Mathilde Colin

Départ de Marcelino, futur de Longoria, arrivée de Jean-Pierre Papin… Alors que l'OM traverse actuellement une crise majeure et que la rencontre Ajax-OM se déroule ce jeudi 21 septembre, les supporters du club phocéen ont de quoi se ronger les ongles.

Des supporters de l'OM dont le journaliste-réalisateur Philippe Pujol nous dresse le portrait dans son dernier documentaire "OM, dans les yeux des miens" diffusé ce soir, sur Canal Plus, juste avant le match de Ligue Europa. Le temps d'une saison footballistique, on s'attache à une tranche de vie de Michaël, Omar, Elma, Namek, Médéric, Marie-Laure et d'autres Marseillais, qui, pour certains, l'OM, c'est "à la vie, à la mort".

A l'occasion de cette diffusion, la rédaction des Nouvelles Publications a posé quelques questions à Philippe Pujol.

Les Nouvelles Publications : Comment définir un supporter de l'OM ?

Philippe Pujol : Il y a plusieurs types de supporters. On peut être supporter de l’OM très occasionnel ou très engagé, avec toute une gamme entre les deux. C’est avant tout avoir une identité commune, celle de sa ville ou de valeurs qui correspondent à sa ville. Et c'est aussi se mettre derrière un club.

Mais avant d être derrière une équipe, qui change chaque année, c’est être derrière un groupe de valeurs qui te semblent être celles de ta ville, ou en tous cas de ton identité. Ici, c'est le Marseille au pluriel, cette capacité (certes imparfaite) à l'unicité, celle de l'union dans les différences. Tout le monde est derrière une identité, Marseille, avec un vocabulaire, une mentalité un peu contestataire commune. Mais, on a le droit à Marseille de se foutre de l'OM et on est quand même Marseillais. Cependant, on ne peut pas ne pas prendre en compte le liant social et l’importance sociale de l’attachement derrière un club qui est en fait un attachement à une identité commune.

Est-ce qu’on peut être supporter de l’OM sans être Marseillais ?

Je vais prendre en exemple deux opposés. Le Paris Saint-Germain a une équipe qui accumule les stars et sa stratégie commerciale à travers le monde est d’avoir des gens qui adhèrent à leur équipe à travers ces stars : MBappé, Messi, Neymar...
Ici, à Marseille, on est sur une identité forte, qui plaît bien au-delà du foot. On le voit dans des articles du New-York Times, du Guardian, qui font de Marseille la capitale de ci ou de ça... Mais en attendant, il y a une sorte d'authenticité de la part de Marseille, et pour bien marquer les choses, on va adhérer au club de l'OM.

Michaël, un des personnages du documentaire de Philippe Pujol, "OM, dans les yeux des miens". (Crédit : D.R)

A Marseille, on marque qu'on adhère a une identité, qui est pour moi, celle de l'interculturalité qui se côtoie. Les Marseillais se parlent tous ensemble, cela donne la capacité de cohésion, avec ce petit esprit contestataire, anti-parisianisme (anti-centralisation), anti-UEFA (anti-pouvoir européen). Tout cela fait que des Sénégalais, des Asiatiques vont supporter l'OM. Ou encore, Iroki Sakai, joueur japonais, qui a fait la promotion de Marseille au Japon. Ce qui fait qu'on est derrière le club marseillais, c'est être derrière une identité commune, réelle ou fantasmée.

On aime le foot à Marseille, ou on aime l'OM ?

Je répondrais qu'ici on aime avant tout l'OM. Et d'ailleurs à Marseille, on dit "on" a gagné ou "on" a perdu ! Le slogan important ici c'est : "L'OM, c'est nous". Les supporters et les joueurs sont au service du club. C'est encré.

Au stade, on a des connaisseurs de ballon. Et eux, qui sont tout le temps au stade, ont l'impression d'être les plus investis. Ils en font un monde de vie, ils pensent tactique. Pour ma part, je suis plus intéressé par le coté "grinta", par le combat que par du beau jeu qui ne sert à rien. Je veux du panache (même si on perd le match !).

Pour certains, la victoire est primordiale, c'est pire qu'une question de vie ou mort !

L'OM, une affaire d'hommes ?

Il y a autant de femmes que d'hommes dans mon documentaire, je n'ai pas fait de casting. J'ai pris plutôt différentes catégories sociales. Au Vélodrome, il y a une progression, même chez les plus radicaux. Effectivement ça reste exclusivement masculin, même si les femmes viennent depuis longtemps, à l'instar des Cagoles, au sein des MTP (virage Nord), un des premiers groupes de supporters féminins de l'OM, dans les années 90.

Qu'est-ce qui fait la différence avec les autres documentaires qu on a pu déjà voir sur les supporters de l'OM ?

J'ai fait un film social sur les Marseillais, avec l'OM en toile de fond. J'ai repris, pour le titre de mon documentaire, la phrase de Depé qui disait qu'il regardait le match "Dans les yeux des miens", lorsqu'on lui demandait pourquoi il tournait le dos au match. Ici, je regarde Marseille, dans les yeux des Marseillais. On comprend cette ville à travers une passion commune, le révélateur d'une identité commune qu'est le club de l'Olympique de Marseille. C'est la passion qui fait l'OM, avec l'amour, la colère, la peur, la rage, du sentiment d'injustice, de la paranoïa, de la transe collective... qui se vivent tout au long du supportérisme.

Je n'y fais pas l'historique de l'OM, comme on a déjà pu voir, mais j'y raconte plutôt pourquoi à Marseille, on a besoin de cela. Ville pauvre, avec de grosses inégalités, peuplée par des gens qui sont en grande partie issus d'ancêtres qui ont fait la guerre, on fuit leur pays et qui ont donc en commun le fait d'être le perdant de quelque part. Ils arrivent à Marseille, s'unissent et veulent être les gagnants enfin, et ici, c'est par le football et cette transe collective. Ils se sentent utiles.

Dans le supportérisme, on apprend les luttes : celle pour avoir tel ou tel entraîneur, pour avoir le droit de faire des fumigènes, pour faire des déplacements... Il y a comme un parallèle avec les syndicats.

Au stade, on a aussi ce côté transgression, plus ou moins légale, avec le langage. Par exemple, quand pendant de bonnes minutes , on insulte Paris... Mais il vaut mieux que ça soit au sein du Vélodrome qu'à l'extérieur. C'est une sorte d'exutoire, où on crie sa rage, et son sentiment d'injustice. On lutte contre le pouvoir central, avec l'anti-parisianisme, c'est symbolique.


Le supporter de 2023 est-il encore le même qu'il y a 30 ans ?

Il y a encore de la ferveur chez les jeunes. Certes, aujourd'hui, il y a plus d'interdits qu'il y a 30 ans. A l'époque, des fumigènes, il y en avait tout le temps. Il y avait une sorte de liberté, parfois peut-être un peu trop grande. Maintenant, pour des raisons économiques, on voudrait que dans les stades il n'y ait plus que des supporters "consommateurs" (les footix) et mettre les "gueulards" devant le télé. Demain, si les Saoudiens rachetaient l'OM, je ne suis pas sûr que ça passerait ici.

Il n'y aurait plus cette ferveur, or le football n'a qu'un seul intérêt, celui d'être au service de l' émotion. L'OM, ce n'est pas du foot business.

"OM, dans les yeux des miens"
Documentaire de 98 minutes produit par Upside/Johan de Faria et Sébastien Deurdilly
Réalisé par Philippe Pujol
Sur Canal Plus, ce 21 septembre à 18 h 30 et sur my Canal, en replay.

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