AccueilEconomieA Marseille, le discours trés politique du pape sur les migrants

A Marseille, le discours trés politique du pape sur les migrants

A Marseille, au Palais du Pharo et devant Emmanuel et Brigitte Macron, le pape François a tenu un nouveau discours en faveur des migrants. Les réactions ont été vives à l'extrême droite.
Le pape François a rencontré Emmanuel et Brigitte Macron ce samedi matin au Pharo.
ANDREAS SOLARO POOLAFP - Le pape François a rencontré Emmanuel et Brigitte Macron ce samedi matin au Pharo.

Economie Publié le ,

Après ses premières pensées, sur les migrants, vendredi soir à Notre-Dame de la Garde, le pape François est revenu sur ce thème, ce samedi matin à Marseille. Accueilli par Emmanuel et Brigitte Macron au palais du Pharo, le pape a délivré un long discours pour clôturer les "Rencontres méditerranéennes". Ces rencontres étaient la raison officielle du déplacement historique du pape à Marseille. Elles rassemblent 70 évêques et autant de jeunes venus du pourtour de cette mer marquée par la présence des trois grandes religions monothéistes.

"Les migrants n'envahissent pas"

Les migrants "n'envahissent pas" a déclaré le pape François. Cet homme d'église de 86 ans, affaibli pour des raison de santé, a tenu un discours fort. Des mots qui n'ont pas plus a toute la classe politique... A Marseille, ville-port, marquée par tant de vagues migratoires, le pape a mis la France et l'Europe face à leurs "responsabilités" sur la question migratoire, au deuxième jour de sa visite à Marseille qui s'achèvera par une messe géante au stade Vélodrome.

"Deux mots ont résonné, alimentant la peur des gens : invasion et urgence. Mais ceux qui risquent leur vie en mer n'envahissent pas, ils cherchent hospitalité" a lancé le pape.

Ce dernier a estimé que ce processus doit être géré "avec une responsabilité européenne capable de faire face aux difficultés objectives". Des mot en échos à ses déclarations de vendredi, quand il a fustigé dès son arrivée la "peur" et "l'indifférence" face au sort des migrants qui cherchent à traverser la Méditerranée. Des propos forts dans un contexte d'hostilité croissante en Europe envers les candidats à l'exil et alors même qu'une nouvelle vague d'arrivées sur l'île italienne de Lampedusa a mis à l'épreuve la solidarité de l'Union européenne.

Des réactions politiques contrastées face au pape

Le pape s'exprimait d'ailleurs devant de nombreux responsables français et des institutions européennes, dont le ministre français de l'Intérieur Gérald Darmanin, qui avait affirmé mardi que la France n'accueillerait pas de migrants venus de Lampedusa, tandis que la droite et l'extrême droite fustigeaient une "submersion migratoire".

Gérald Darmanin a profité de sa venue à Marseille, pour aller inspecter l'imposant dispositif de sécurité mis en place et apporter son soutien aux forces de l'ordre, alors que se tient à Marseille, comme ailleurs en France une marche contre les violences policières. Jean-Luc Mélenchon y est annoncé.

Benoît Payan, le maire de Marseille, qui était présent au Pharo a loué "le message d'espoir et de fraternit"' du pape. Le premier édile de la ville a d'ailleurs souligné que Marseille est une "ville d’espérance et de fraternité sur la Méditerranée".

Ces prises de position n'ont pas été appréciée de la même façon, à gauche ou à droite... Elles ont déclenché de vives réactions dans une partie de la classe politique, notamment à l'extrême droite. Le sénateur marseillais Stéphane Ravier a déclaré qu'il n'assisterait pas à la messe au Vélodrome. "Je ne peux qu’être ému par la venue du Pape à Marseille. Mais mon devoir en tant que responsable politique veut que je rappelle mes désaccords avec son discours sur l’immigration. Je pense qu’il faut d’abord s’occuper des nôtres avant de s’occuper des autres" a déclaré l'élu marseillais. Ce dernier a envoyé une lettre au pape.

Le souverain pontife a aussi plaidé pour une "intégration" des migrants plutôt qu'une "assimilation", qui "compromet l'avenir en augmentant les distances et en provoquant la ghettoïsation, provoquant hostilité et intolérance".

Entretien du pape avec Emmanuel Macron

Le pape a ensuite débuté un entretien avec le président Emmanuel Macron, dont le gouvernement doit prochainement présenter une nouvelle loi sur l'immigration où la question de la régularisation des travailleurs sans-papiers fait débat. Il s'agit de la quatrième rencontre entre les deux hommes, qui entretiennent des relations cordiales et se tutoient.

Autre allusion à l'actualité, le pape a évoqué la loi attendue en France sur la fin de vie en mettant en garde contre la "perspective faussement digne d'une mort douce".

Une rencontre avec les missionnaires de la charité

Plus tôt samedi, le chef spirituel des 1,3 milliard de catholiques s'était rendu chez les "missionnaires de la charité", l'ordre fondé par mère Teresa, à Saint-Mauront, quartier très pauvre proche du centre-ville où les religieuses font de l'aide sociale, où il a de nouveau insisté sur la fraternité "au-delà des pensées politiques ou religieuses".

"C'est quelque chose de magnifique de rencontrer le pape. Dans notre quartier la vie est dure, c'est difficile, mais avec la volonté de Dieu et les prières du pape aujourd'hui à Marseille, il va donner l'espoir et l'espérance à tous les gens qui souffrent", a déclaré à l'AFP Arbana Arifaj, originaire d'Albanie, présente pour la rencontre.

Messe au Vélodrome et papamobile

Peu après 15 heures, au milieu d'un dispositif de sécurité "hors norme", mobilisant 6.000 membres des forces de l'ordre et un millier d'agents de sécurité privés, le pape se dirigera vers un autre symbole marseillais très connu, le stade Vélodrome, antre de l'Olympique de Marseille transformé en cathédrale géante le temps d'une messe.

Son voyage, le premier d'un pape à Marseille en près de 500 ans, crée l'engouement et François effectuera une partie du trajet en "papamobile" le long de l'avenue du Prado, un des grands axes de la ville qui mène à la mer, pavoisé aux couleurs jaune et blanc du Vatican.

Quelque 100.000 personnes sont attendues sur son parcours selon la municipalité et les organisateurs. Et près de 60.000 autres ont obtenu leurs billets nominatifs, précieux sésames pour la messe géante dans le stade, qui accueillait moins de 48 heures plus tôt le XV de France pour la coupe du monde de rugby. Emmanuel Macron et son épouse Brigitte assisteront à l'office, prévu à 16 heures. Une présence qui a froissé, notamment des élus de gauche qui ont accusé le président de "piétiner" ainsi le principe de laïcité. Ce à quoi l'Elysée a rétorqué qu'il n'assisterait pas à la messe "en tant que croyant" mais "en tant que chef de l'Etat".

Le pape quittera ensuite immédiatement Marseille pour Rome, après un dernier bref entretien avec Emmanuel Macron à l'aéroport.

Partager :
Abonnez-vous
  • Abonnement intégral papier + numérique

  • Nos suppléments et numéros spéciaux

  • Accès illimité à nos services

S'abonner
Journal du 07 avril 2023

Journal du07 avril 2023

Journal du 31 mars 2023

Journal du31 mars 2023

Journal du 24 mars 2023

Journal du24 mars 2023

Journal du 17 mars 2023

Journal du17 mars 2023

S'abonner
Envoyer à un ami
Connexion
Mot de passe oublié ?