Les Nouvelles Publications : Quelles sont vos aspirations de bâtonnier ?
Philippe Bruzzo : Je vais essayer d'assurer la continuité de mes prédécesseurs qui ont fait du bon travail. Et aussi de ne pas augmenter les cotisations pour les confrères, de garantir un service de la formation de plus en plus efficient et important. Je vais m'appuyer sur les services de la Caisse autonome des règlements pécuniaires des avocats (Carpa) et de son président délégué, Me Olivier Paulet. J'aurai le courage de faire ce que j'ai à faire et de dire ce que j'ai à dire, et je serai donc très attentif à la déontologie, au respect, aux règles, à l'éthique et à une certaine morale. Et ça ira jusqu'à la tenue également. Car quand on est avocat, on doit se tenir un minimum.
Je vais essayer de m'attacher à ce que les avocats puissent suivre l'évolution de la législation et ne pas subir des réformes qui iraient à l'encontre des principes de la justice et du justiciable. Par exemple, suivre la réforme pénale, l'aide juridictionnelle, la retraite, etc. Et sonder mes pairs pour décider de manière collective de ce qu'ils pensent et veulent faire. Idem au plan national, je vais être confronté aux autres élus. Enfin, j'ai conscience que je vais devoir consacrer les trois quarts de mon temps à exercer cette fonction.
Des dossiers épineux ou qui fâchent ?
Oui. Comme l'Aide juridictionnelle (AJ). Le constat est qu'un grand nombre des avocats du barreau en dépendent. C'est une source de revenus pour les confrères, et plus particulièrement pour les jeunes. Donc, la gestion de l'AJ par les ordres me paraît un point incontournable. Par défaut, beaucoup d'entre eux pourraient se retrouver en difficulté. Il faut absolument en conserver la gestion.
L'interprofessionnalité est un autre sujet important. C'est une opportunité que les avocats ne doivent pas négliger. Elle est déjà efficiente dans certains domaines. En matière civile, on échange beaucoup avec les notaires, les huissiers. En droit des affaires, avec les commissaires aux comptes et les experts-comptables, les mandataires, les administrateurs, etc. Il faut ne pas se concentrer sur nos métiers et, au contraire, essayer de partager nos activités avec ces autres professionnels du droit, qui non seulement nous apportent dans la gestion de nos dossiers, mais remplissent aussi le plus souvent leur propre office. Il nous faut être concurrentiel. Nous comptons. L'avocat est ancestral, il reste un incontournable de la procédure judiciaire, en matière civile, commerciale, comptable ou fiscale où il apporte une réelle plus-value. Notamment en matière de « restructuring » de sociétés.
Qu'en est-il au niveau du pénal ?
C'est un point important. Aix-en-Provence étant le siège de la cour d'appel et de la cour d'assises des Bouches-du-Rhône, j'estime qu'il faut mettre en avant la matière pénale et les avocats pénalistes, dans l'intérêt bien compris du justiciable. J'ai quelques projets en tête et, après consultation, je souhaite mettre en place des assises de la matière pénale. Notamment créer un colloque particulier dont les pénalistes aixois seraient maîtres de cérémonie, apporteraient leur réflexion et favoriseraient des travaux.
Vous évoquiez la retraite…
Notre régime autonome de financement des retraites a toujours démontré son efficacité. Malheureusement, les projets émanant de l'Etat sont plutôt à la refonte. Ce qui risque de « taxer » notre régime et nous réserver quelques mauvaises surprises. En 50 ans, les avocats ont réussi à édifier un système de retraite performant et à constituer une réserve importante de fonds. La profession sera-t-elle capable de conserver cette réserve et de continuer à gérer, de manière autonome et indépendante, un système qui a fait ses preuves ? Il faudra peut-être monter au créneau. J'organiserai la critique, tout en sachant que la marge de manœuvre sera très courte. Il faudra vraisemblablement se battre à nouveau pour convaincre.