C'est le 4 665e. L'ultime épisode de Plus Belle la Viequi sera diffusé ce soir, à 20 h 20, sur France 3, suivi d'un prime. La chaine du service public a accueilli la série durant 18 ans. Un dernier moment où les 2,5 millions de téléspectateurs, et sûrement des curieux, pourront dire au revoir à Mirta, Luna, Thomas, Léo Castelli ou encore Barbara... mais aussi à la place du Mistral, pièce maitresse de la série, qui s'est largement inspirée du quartier du Panier, à Marseille.

« Après l'apparition des Replay, des séries concurrentes, une crise du Covid à gérer, d'un public moins au rendez-vous, la série a perdu en audience », confie Claire de La Rochefoucauld, réalisatrice et productrice pour Newen, qui a débuté sur la série en 2008. « En 2010, il y avait 5 millions de téléspectateurs chaque soir devant son petit écran. Aujourd'hui, c'est la moitié. Tout cela a amené la production à prendre une décision au début 2022 : Plus Belle la Vie devait s'arrêter. » Le 29 septembre marqua le dernier jour de tournage de cette série qui employait une quinzaine de personnes en CDI et environ 600 intermittents.
En cadeau d’adieu, la visite des studios de Plus Belle la Vie
Pour finir en beauté, Newen Production, qui produit aussi d'autres séries françaises à succès comme Ici tout commence ou Demain nous appartient, a fait un cadeau aux fans de Plus Belle la Vie. D'habitude interdits au public, la société ouvre les portes des deux derniers studios encore montés, au Pôle Média de la Belle de Mai, à Marseille. Au total, Newen loue à la Ville de Marseille (propriétaire du Pôle) six plateaux, soit 4 000 m2. Les fans, de la région, Cht'is, Bretons ou encore Belges, se sont "arrachés" les (trop peu nombreux) créneaux de visite organisés depuis le 9 novembre jusqu'au 3 décembre. Les plus chanceux peuvent visiter durant 30 minutes et par petit groupe, les studios 250 et 1 000, qui correspondent à la surface des studios.

Le plus petit abrite le commissariat, par lequel démarre la visite. « Depuis le dernier tournage, tout est resté en l'état », explique Marine Humbert, chargée de communication pour Plus Belle la Vie. « Pour le commissariat, on a voulu plus de réalisme. Un vrai plafond a été créé dans lequel ont été intégrés les éclairages. » Il y a également eu un gros travail de la part des graphistes et des accessoiristes pour rendre les lieux comme si c’était le commissariat du quartier. « Ils ont fabriqué de faux dossiers, de fausses affiches publicitaires, et lorsqu'il y avait des actions de prévention nationale, il nous est arrivé de placarder de vraies affiches sur les murs », ajoute la chargée de communication.
Les fans se mettent dans la peau des personnages, s'installant derrière les bureaux, fouillant dans les dossiers, ou s’enferment dans la "cage", la cellule de garde à vue. Les techniciens présents se prêtent au jeu des « questions-réponses » des fans, curieux d'en apprendre un peu plus sur leur personnage favori.
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Repartir avec un bout de souvenir de Plus Belle la Vie
Puis la visite se poursuit avec la place du Mistral. Lorsque les fans pénètrent dans le studio 1 000 (1 000 m2), l'émotion se dessine sur les visages. Ils découvrent cette place qui a été au centre de la série depuis le début : le bar de Roland et sa cuisine attenante, l'hôtel le Zéphyr (l'ancien Céleste), le restaurant de Thomas et de Barbara : le Marci, le cabinet du Docteur Vidal, l'appartement de Baptiste et Emma... Cet univers entré chaque soir dans les foyers des téléspectateurs, provoque émerveillement et certains retombent en enfance, les yeux, parfois humides, se posent sur les moindre détails. D'autres se placent derrière le bar, endossent le rôle de Roland qui essuie les verres... Ils déambulent librement dans cet univers qui leur est si familier.

Les 30 minutes ont filé à une allure folle, il faut quitter les lieux, laissant un goût amer, se dire que voilà, c’est fini, que tout cela fait partie du passé... mais restera à jamais dans le cœur. Et pour emporter avec soi un petit bout de la série, la visite se termine par un passage par la "boutique souvenirs". La production, écoresponsable, a mis en vente les costumes, chaussures et les bijoux des personnages. Le produit des ventes sera reversé à différentes associations du 3e arrondissement de Marseille. Quant aux accessoires et mobilier, ils ont été donnés à des écoles de la ville et de cinéma.
Quid des studios ?
Mais si Plus Belle la Vie s'arrête, qu'en est-il des studios du Pôle Média, occupés depuis 18 ans ? Jusqu'en 2025, Newen Production en reste locataire auprès de la Ville de Marseille. Pour Laurent Lhardit, adjoint au maire de Marseille en charge du dynamisme économique, de l'emploi et du tourisme durable, « nous avons eu un retour des experts qui se sont interrogés sur le devenir des lieux, et ce qui est sûr c’est que ces studios de la Belle de Mai doivent rester des studios de cinéma et d'audiovisuel ». Juste à côté, 10 000 m2 accueillent bureaux et start-up. Ils vont prochainement pouvoir accueillir du public après une mise aux normes.
Marseille semble être bien partie pour continuer d’être la deuxième ville de tournages en France, appuyée par le plan Marseille en grand, lancé par le président de la République Emmanuel Macron, et qui place le cinéma et l'audiovisuel pour la Ville comme axe de travail majeur. Et d’y ajouter la création d’une cité régionale et méditerranéenne du cinéma, l’implantation de l’école Cinéfabrique au Dock des Suds, Kourtrajmé qui s’est dernièrement installée au Pôle Média, la transformation de l’usine Saint-Louis-Sucre qui consacrera 4,5 hectares du site à l’industrie du cinéma, et pour finir la récente création d'une section cinéma audiovisuel au lycée Marseilleveyre. « Il y a également des nouvelles associations qui s'installent aussi comme Sud'anim qui promeut et développe la filière Animation dans la région », ou encore Meta qui va installer au Cloître, à Marseille, la première école gratuite et inclusive dédiée au métavers. Finalement, elle est pas belle la vie ?

Plus Belle la Vie a rendu hommage à une figure Marseillaise, Philippe Carrese, décédé en 2019, et qui a réalisé plus de 400 épisodes pour la série. L'une des rues de la place du Mistral porte son nom et un des ses derniers croquis a été accroché sur une des façades , pour les derniers tournages. (Crédit : M. Colin)
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Plus Belle la Vie, to be continued ?
Face à la forte demande des fans de la série, d’autres créneaux de visite pourraient être mis en ligne. Et lorsque Claire de La Rochefoucauld, réalisatrice et productrice sur Plus Belle la Vie depuis 2008, répond à notre question d’une possible suite de la série sous un format web, elle répond que les moyens financiers ne seraient plus les mêmes, que les fans pourraient être déçus et que pour elle, l’aventure s’arrête ici. Mais d’après un article daté du 14 novembre de nos confrères de La Marseillaise, « un collectif comprenant comédiens, techniciens, auteurs, réunissant 300 personnes, aurait été créé pour continuer la série ».
Du côté des fans de Plus Belle la Vie
- Pour Donia, 41 ans, venue d' Aubagne avec sa famille et des collègues : « C'est une chance d'avoir pu obtenir des places pour visiter les studios. Nous avons été impressionnées par le réalisme des décors. On regardait Plus Belle la Vie en famille; nos proches du Nord auraient aimé nous accompagner ! ». Sa soeur Hinda, 35 ans, ajoute : « Cette série, elle donnait une bonne image de Marseille, alors que dans certains films ou d'autres séries, c' est carrément une ville qui est salie ».
- D'Aubagne également, Eric et Véronique, respectivement 56 et 49 ans, sont déjà venus mercredi, « mais on eu la chance d'avoir des places pour accompagner notre fils, sa femme et les beaux-parents. C'est impressionnant de passer de la fiction à la réalité, recréér le Panier dans un studio fermé, c'est dingue ! ». Ils confient que lors de leur dernière visite, ils ont acheté une des tee-shirt de Boher et les gants de Betty. Eric ajoute : « C'est comme si on perdait un membre de notre famille. Ca va être dur maintenant à 20 h 20...»
- Christian, 54 ans et Nathalie, 53 ans, ont profité d'un séjour dans leur famille toulonnaise pour visiter les studios : « Nous sommes du Mont-Saint-Michel et nous n'avions jamais mis les pieds à Marseille. On est venu au culot, sur place, voir si on pouvait rentrer et nous avons eu de la chance, il y avait des désistements !Voir ces décors, cela m'a fait bizarre, ajoute Christian. C' est beaucoup d'émotions pour moi qui regarde depuis le début ! »
- Sandrine, 45 ans, et Phénicia, sa fille de 16 ans, sont venues de Chateauneuf-les-Martigues : « Plus Belle la Vie? C'etait notre petit rituel à toutes les deux... Comme la série s'arrête, nous voulions voir les décors avant que tout cela ne disparaisse...Cela clôture l'histoire...»