C’est l’histoire d’une femme chic et talentueuse, pratiquant la couture, qui rencontre un fourreur. Les deux s’unissent à la ville comme au travail et ouvrent un atelier-boutique, dans le centre-ville de Marseille, en 1945. Soixante-dix-huit ans plus tard la boutique est toujours là, au même endroit, et elle est tenue par Michelet Gilbert Simi, leurs deux fils.
Les temps ont bien changé. « A l’époque, la fourrure était à son apogée. Quand une personne grimpait dans les échelons, elle s’achetait un vêtement en astrakan (agneau) ou mieux encore, en vison, le mot magique », se souvient Michel Simi. Et puis un jour le métier a été décrié, avec notamment une porte-parole de poids : Brigitte Bardot. La conséquence est sans appel : 90 % des magasins de fourrure ferment leur porte.
« Un métier fabuleux »
De quoi désoler l’artisan. « C’est un métier fabuleux. Pour ma part, j’ai toujours eu des animaux, je visite les élevages et je me suis investi pendant des années dans la filière fourrure. Je voulais notamment réglementer certaines pratiques. » Pour lui, pas de doute, « qu’il y ait ou pas de la ferveur pour la fourrure, il y aura toujours des prélèvements dans le monde, ne serait-ce que pour réguler la prolifération des animaux ».
Ce fourreur est un passionné du sujet et un fin connaisseur :
« Nous voulons une matière de travail permanente, régulière et belle. Et notre objectif est de sublimer la peau de l’animal. »
Dans sa boutique, place de Rome à Marseille (6e), Michel et son frère proposent du prêt-à-porter en cuir et agneau retourné. Et de la fourrure fabriquée au sein de son atelier. Il y a du lapin rex, de l’astrakan, du karakul, du vison et du renard. Il y a de la couleur, des vêtements modernes et plus légers que dans le temps.
Une maison récompensée d’un SIF d’or
Si les fourreurs ont su s’adapter, lestemps restent difficiles. « Pour nous, c’est une passion avant d’être un salaire. On devrait fermer mais je ne me sens pas de mettre un terme à cette aventure. »
Fort heureusement pour lui, depuis quelques années, l’engouement pour la fourrure revient peu à peu. Et notamment chez les jeunes qui entrent dans la vie active. « Mais nous avons perdu une génération de clientes », peste Gilbert Simi, qui prend plaisir à nous montrer dans sa boutique les principales récompenses reçues par cette petite maison marseillaise dont le SIF d’or (Salon international de la fourrure), mention créativité en 1982. Une autre époque.
Retrouvez chaque semaine nos portraits d'artisans de la région, réalisés en partenariat avec la Chambre de métiers et de l'artisanat Provence-Alpes-Côte d'Azur.