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Syrius mutualise la décarbonation des industries

La loi impulse, mais ne suffit pas pour réaliser la transition énergétique du territoire. C’est par l’industrie qu’elle s’opèrera. Présenté ce 3 avril, le programme Syrius va étudier comment décarboner les usines de Fos à Gardanne pour agir ensuite.
Pour Corinne Ramombordes, présidente de Piicto, et Yves Le Trionnaire, directeur de l’Ademe Paca, l’industrie est à la fois la source historique des émissions de CO2 et la solution de leur réduction demain.
J.-C. Barla - Pour Corinne Ramombordes, présidente de Piicto, et Yves Le Trionnaire, directeur de l’Ademe Paca, l’industrie est à la fois la source historique des émissions de CO2 et la solution de leur réduction demain.

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Ce 3 avril, dans la villa Khariessa à Martigues, l’association Piicto et ses partenaires (Ademe, Capenergies, Novachim, Port, Métropole Aix-Marseille Provence, Région Paca…) et plusieurs industriels ont dévoilé la teneur et les objectifs du programme Syrius de décarbonation de l’industrie provençale. Peut-être, parlera-t-on en 2050, quand la neutralité carbone se sera généralisée partout (autant que possible), que ce jour a été fondateur pour la transition énergétique de la zone industrialo-portuaire de Fos, la plateforme de Lavera, le site pétrochimique de Berre ou encore l’ex-bassin minier de Gardanne/Meyreuil…

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Plus de 150 participants (industriels, énergéticiens, institutionnels…) étaient présents pour découvrir les axes de la trentaine d’études qui vont être conduites en 2023-2024 pour tenter de débarrasser l’atmosphère de la Provence des émissions de CO2. « Nous devons réussir à faire mieux avec moins, en travaillant en réseau, en collectif, localement. Ce n’est pas incompatible avec nos enjeux de compétitivité » a expliqué Corinne Ramombordes, présidente de Piicto qui coordonne le projet.

Syrius a été retenu dans le cadre d’un appel à projets de l’Ademe sur les zones industrielles bas carbone (Zibac). Estimé à plus de 8 millions d’euros, le financement des études sera assuré pour moitié par les industriels eux-mêmes et par l’Etat, via l’Ademe. Quels que soient les investissements de chaque industriel pour réduire ses impacts, la décarbonation exige une prise de hauteur, comme l’a résumé le directeur de l’Ademe en Provence-Alpes-Côte d’Azur, Yves Le Trionnaire. « Il faut une approche systémique et agir vite. Syrius crée des process de travail collectif qui doivent devenir la norme ».

L’idée est d’instaurer des mutualisations d’énergies, d’infrastructures, de réseaux, de matières, de pratiques, voire de choix d’investissements, avec l’aide des pouvoirs publics, pour atténuer durablement les effets d’une situation qui conduit les usines (acier, raffineries, vapocraqueur, ciment…) du périmètre de Syrius à générer 85 % des 17 millions de tonnes de CO2 de l’industrie manufacturière régionale chaque année (contre 23 millions de tonnes en 2003).

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Des technologies, des énergies et des réseaux

Les études menées (huit sont déjà lancées) doivent aboutir à définir des scénarii et une "trajectoire" de décarbonation et d’écologie industrielle, ainsi que des projets d’investissements les plus pertinents, pour la mettre en œuvre et la réussir.

Quatre "blocs" de travaux ont été déterminés. Le premier concerne les potentiels leviers de décarbonation des équipements industriels, à travers, par exemple, le remplacement d’énergies fossiles par de l’électricité de sources renouvelables, du biogaz, de la biomasse, l’utilisation d’hydrogène, la revalorisation de certains déchets et coproduits… C’est dans ce bloc que seront analysés également les réseaux de transport et de stockage nécessaires à l’approvisionnement de tous (chaleur, électricité, hydrogène…), de Fos jusqu’aux cavités de Manosque.

Le deuxième bloc concerne le captage, la valorisation et le stockage de CO2. Grâce à ces technologies, les industriels les plus émetteurs de dioxyde de carbone pourraient voir leurs émissions polluantes transformées en ressources énergétiques exploitables pour le fonctionnement de leurs usines. D’où l’intérêt de l’approche collective de Syrius pour cartographier et quantifier les sources d’émissions à capter, d’examiner les technologies les plus appropriées (coût, réglementation, disponibilité…) et d’identifier producteurs et utilisateurs.

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Aboutir à du concret, une obligation

Le 3e bloc s’intéresse à la décarbonation des flux logistiques liés à l’exploitation des unités. Les études évalueront, par exemple, les retombées potentielles des changements de moteurs thermiques vers l’électrique et des carburants du futur, les stratégies de report de modes de transport de la route vers le fer ou le fleuve...

Enfin, le bloc 4 "Développement local et attractivité" évaluera les besoins de compétences, de foncier, de ressources en eau, mais aussi de concertation avec les populations pour que les usines existantes décarbonées et les futurs sites qui accélèreront l’évolution soient plus "désirables" que contestés ou rejetés. « Il n’y aura pas une solution magique, mais un bouquet de solutions », avertit déjà Guillaume Thomé, directeur de Naphtachimie, à Lavera. « La réduction du CO2 entraînera celle d’autres polluants » assure Damien Chambolle, directeur décarbonation Net Zéro d’ArcelorMittal Méditerranée. « Avec Syrius, il y a un effet d’entraînement sur le territoire, mais il va falloir donner des éléments de preuve et concrétiser », confie Romain Wino, chef de département RSE de l’aéroport Marseille Provence.

Avec le dispositif de dialogue Réponses sur la qualité de l’air et le Laboratoire territorial Industrie Fos-Berre, Syrius est un 3e pilier d’une « planification écologique collaborative », selon les mots du préfet de région, Christophe Mirmand. Une démarche unique en France

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