Théâtre : Vie de voyou, la pièce inspirée du braqueur Rédoine Faïd, se joue à Marseille

Braqueur multirécidiviste, le surnom de Rédoine Faïd dans le monde du grand banditisme est "l’écrivain" : raconter ses exploits est tout aussi important pour lui que de les commettre. Dans les années 2010, alors qu'il sort de prison, il écrit plusieurs livres sur sa vie, veut devenir scénariste pour le cinéma. Etre une star. Il écume les plateaux de télévision pour se raconter et promet « qu’il ne recommencera pas ». Lors de ses procès, sa défense est très volubile et puissante. Le "roi de la belle" a d’excellents avocats. Les journalistes racontent sa cavale et ses évasions comme un film d’action.

Tel est le personnage dont s'est inspirée Jeanne Lazar pour sa pièce Vie de voyou, qui se joue du 7 au 11 février au théâtre Joliette, à Marseille. « Il s’agira ici de mettre au centre la parole médiatique, qui est celle par laquelle je suis entrée dans cette histoire », explique l’auteure et metteuse en scène.

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Une actrice dans la peau du braqueur

Les acteurs interprètent aussi des journalistes. Le décor est tour à tour une salle de rédaction ou un plateau de télévision.

« Cette pièce n’est pas un biopic. J’ai choisi une actrice, Morgane Vallée, pour interpréter Rédoine Faïd. Je cherche à sortir de ce qu’on attendrait de ce personnage. J’aimerais que le trouble ressenti par de nombreux témoins de l’affaire ait lieu sur scène, à travers une présence inattendue. Peu de crimes en col blanc, peu de braquages sont commis par des femmes. Les spécialistes du grand banditisme et les grands avocats sont des hommes. Récupérer cette parole de pouvoir et d’action et la donner à des actrices me réjouit. Il s’agit de sortir des clichés et des préjugés autour d’une oeuvre sur le gangstérisme. Cela passe aussi par le choix de la musique, puisqu’un orgue jouera du Bach et accompagnera l’action. On floute le sujet d’origine, on le regarde de biais. »

Qui est Rédoine Faïd ?

Rédoine Faïd est né à Creil en 1972. Il commet ses premiers braquages, surtout des banques et de société informatiques, dans les années 1990. En 1997, il attaque pour la première fois un fourgon blindé à Villepinte. Cela deviendra sa "spécialité". Il est blessé à l’épaule et part en cavale. Arrêté en 1998, il passe dix ans en prison.

À sa libération, il raconte son histoire dans des livres et devient alors un modèle de repenti. Pourtant, on l’accuse peu de temps après d’avoir participé à un braquage qui a coûté la vie à une policière. Il est arrêté en 2011 mais s’évade le 13 avril 2013 de la maison d’arrêt de Lille-Sequedin, à l’aide d’explosifs et en prenant quatre otages. Il est retrouvé trois mois plus tard dans un hôtel de Pontault-Combault. Il retourne en prison, dont il s’évade de nouveau le 1^er juillet 2018 en hélicoptère, grâce à des complices qui ont pris le pilote en otage. Durant sa cavale qui dure trois mois, il se déplace sous une burqa pour ne pas être repéré. Il est finalement retrouvé dans un appartement à Creil, sa ville natale.

Actuellement incarcéré et à l’isolement à Fleury-Merogis, il reste dans l’attente du procès de sa dernière évasion. Il devrait avoir lieu à la fin de cette année. Mais compte tenu de ses précédentes condamnations, il ne devrait pas sortir avant 2046.