Les Nouvelles Publications : Vous avez pris la tête de l'Union des jeunes avocats de Marseille (UJA Marseille) dans un moment particulier, au lendemain de la grève des avocats contre la réforme des retraites et du confinement à la suite de la crise de la Covid-19. Beaucoup d'avocats sont en difficulté. Comment vous inscrivez-vous dans ce contexte ?
Thomas Tribot : Nous pourrions dire qu'il s'agit du mandat de la relance. Aujourd'hui, nous souhaitons inscrire les actions de notre syndicat dans cet axe-là, avec une volonté d'aider les confrères à se relancer, notamment en les formant et en se tenant à leurs côtés face aux difficultés qu'ils pourraient rencontrer, que ce soit dans le cadre de leur collaboration ou de leur installation. En matière de formation, nous avons l'ambition de mettre en œuvre un planning dense en organisant au moins un événement de type formation ou conférence par mois. Même si nous nous savons tenus aux aléas de la situation sanitaire, c'est notre objectif. En novembre, nous allons ainsi organiser une formation en partenariat avec l'UJA d'Aix-en-Provence et l'association Innocence en danger sur le thème du droit pénal des mineurs. Et en partenariat avec la FNUJA, la Fédération nationale des unions des jeunes avocats, nous avons prévu d'organiser dès la rentrée des formations sur les grandes réformes qui ont été envisagées par le gouvernement, notamment celles touchant à la procédure de divorce et à la réforme du tribunal judiciaire. Nous allons également essayer d'organiser des rencontres plus intimes qui seront orientées sur la médiation, afin d'aider les confrères à diversifier leurs activités, et sur l'installation avec nos partenaires (expert-comptable, agent d'assurances, prestataire informatique, logiciel de gestion…).
Avez-vous des retours de jeunes avocats en difficulté ? Comment les soutenez-vous ?
Le contexte général est d'autant plus compliqué pour les jeunes avocats qui s'installent ou vont s'installer dans les prochains mois. Nous avons ainsi eu de nombreux retours d'élèves avocats très inquiets, notamment ceux qui réalisaient leur stage durant la période du confinement. Nous avons essayé d'établir un dialogue constructif avec l'Ecole des avocats du Sud-Est afin d'assurer une circulation optimale de l'information et d'éviter qu'il y ait des élèves avocats qui restent sur le bord de la route.
S'agissant des avocats collaborateurs, l'UJA a intégré une commission de travail mise en œuvre par le barreau de Marseille et placée sous la responsabilité de deux membres du Conseil de l'ordre dont Brice Combe, un ancien président de l'UJA Marseille, avec qui nous avons des affinités particulières puisque nous sommes issus du même syndicat. Cette commission, qui a plusieurs objectifs, doit notamment travailler sur la réforme du contrat de collaboration et la création d'une cellule d'écoute, un « numéro vert » de la collaboration. Ce sont deux projets qui nous tiennent vraiment à cœur et qui auront besoin de plusieurs mandats pour se mettre en place mais nous avons envie de les pérenniser, sous l'impulsion aussi de la FNUJA.
En parlant d'affinités particulières, l'UJA a soutenu durant sa campagne le bâtonnier élu, Jean-Raphaël Fernandez. Cela préfigure-t-il une relation plus étroite entre le bâtonnier (qui prendra ses fonctions le 1er janvier 2021) et le président de l'UJA dans l'année à venir ?
Tout d'abord, il faut souligner la très bonne entente que l'UJA a toujours eue avec les bâtonniers en exercice. Si nous avons soutenu Jean-Raphaël Fernandez, c'est parce que nous savons qu'il demeurera le bâtonnier de tous les avocats. Et je ne m'attends pas à ce que l'UJA bénéficie de passe-droit.
Je sais que nous pourrons travailler en étroite collaboration avec l'Ordre, peut-être faire avancer plus vite des sujets qui nous tiennent à cœur, comme la réforme du contrat de collaboration, et organiser plus d'évènements en partenariat avec le barreau. Enfin, il me semble important de rappeler que même si nous avons pour Jean-Raphaël Fernandez beaucoup de respect et d'affection, même si nous croyons en ses idées, nous resterons indépendants.
Allez-vous prendre d'autres engagements « politiques » cette année ?
L'UJA va soutenir la candidature de Charles Trolliet-Malinconi, ancien président de l'UJA Marseille, en binôme avec Nathalie Lauricella, aux élections du Conseil de l'ordre de Marseille qui se tiendront en octobre. Nous soutiendrons également la candidature de Jean-Baptiste Blanc, ancien président de l'UJA Marseille et de la FNUJA, au Conseil national des barreaux (CNB), un scrutin qui se déroulera en novembre. C'est un engagement qui fait sens pour nous car si nous pensons que les combats se mènent à l'échelle locale, nous avons conscience que les grandes décisions, elles, sont prises à l'échelle nationale.